Littérature Comparée - Harlem Renaissance Et Négritude De Aimée Césaire à Hughes Langston
Rapports de Stage : Littérature Comparée - Harlem Renaissance Et Négritude De Aimée Césaire à Hughes Langston. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bapades56 • 30 Juin 2014 • 3 438 Mots (14 Pages) • 4 757 Vues
Le la Harlem Renaissance à la Négritude
Présentation
L'homme de couleur noire s'est vu au fur et à mesure des colonisations assujetti à la « domination blanche », réduit à l'esclavage, dépossédé de ses biens, de sa dignité et de son identité et n'a cessé de s’efforcer à se libérer du joug des colons. Cette lutte pour la reconnaissance de son existence a fait naître plusieurs mouvements littéraires et artistiques qui appartiennent au mouvement New negro, dont la Harlem Renaissance et la Négritude faisait partie.
La Harlem Rennaissance vit le jour aux États-Unis en 1920 et avait alors pour but de fédérer l'ensemble de la population Noire Américaine autour de la création d'une nouvelle identité. Après la période colonialiste marquée par la guerre de Sécession, une population Afro-Américaine investit le quartier de Harlem au Nord de Manhattan. Peuplé d'artistes, ce quartier va progressivement devenir le lieu de rencontres culturo-intellectuelles propices à l'épanouissement des valeurs défendues par les Noirs Américains qui sont : la fierté des origines, le succès et la réalisation de soi. Langston Hughes, poète prolifique du mouvement de la Harlem Renaissance écrira en 1926 l'article-manifeste L'Artiste Nègre et la Montagne Raciale dans lequel il dira « Nous, créateurs de la nouvelle génération nègre, nous voulons aujourd'hui exprimer qui nous sommes […] sans peur, ni honte. […] Nous construisons nos temples pour demain, des temples solides comme nous savons en construire et nous nous tenons au sommet de la montagne, libres en nous mêmes. » La Renaissance de Harlem passe par une réflexion sur la condition et la place des afro-américains dans la société américaine.
Par la suite, dans les années 30, la France voit poindre la quête identitaire des étudiants immigrés des Antilles qui se réunissent pour fonder le mouvement de la Négritude. Et dans la même optique que Langston Hughes, Aimé Césaire dira « Les jeunes nègres d'aujourd'hui ne veulent ni asservissement, ni assimilation, il veulent l'émantipation ». Comme l'avoue l'auteur lors du festival culturel de Fort-de-France, « ce n'est pas nous [les étudiants antillais à l'origine de la Négritude] qui avons inventé la Négritude, elle a été inventée par tous les écrivains de la Négro Renaissance que nous lisions en France dans les années 30 » Ces propos laisse donc penser que les fondateurs de la culture Noire en France sont en réalité les auteurs afro-américains. Ces derniers ont posé la première pierre d'un édifice en devenir ; la construction, où plutôt la reconstruction de leur identité. Ainsi, les courants sont étroitement liés et sont tous deux nés de l'aliénation identitaire intervenue durant le colonialisme.
La rencontre entre les artistes de la Harlem Renaissance et ceux de la Négritude, notamment Langston Hughes et Aimé Césaire est un fait avéré : les intellectuels noirs de France ont pu à maintes reprises faire connaissance avec leurs homologues américains. Les deux courants ont en commun la même histoire et les mêmes origines. Les intellectuels noirs et notamment Césaire, qui était très lié aux poètes surréalistes, refusait l'approche raisonnée de l'écriture. Et c'est en ce sens que la littérature afro-américaine à révolutionné l'écriture française. Césaire dit d'ailleurs « ce qui m'a frappé dans ce livre [Banjo de Claude McKay] c'est que, pour la première fois, on y voyait des nègres décrits avec vérité, sans complexités ni préjugés. »1 Les artistes affiliés au courant américain de la Harlem Renaissance revendiquent la spontanéité des sentiments là où la culture occidentale ne sait s'affranchir de la raison. Césaire ajoute « Là est la saveur : d'être ouverte sur l'homme tout entier. » Les noirs américains ont été les premiers à affirmer leur identité alors que la tendance française était à l'assimilationnisme.
Ces deux courants artistiques s'inscrivent donc dans une même lignée, à savoir la recherche d'une identité aliénée et la résilience du passé à travers un processus mémoriel et contestation. Ce dossier a vocation à mettre en exergue les caractéristiques fondamentales de ces deux courants artistiques postcolonialistes, d'en comprendre les mécanismes de création et les enjeux.
I – Une quête identitaire commune
Les deux auteurs sont dans un processus d'affirmation identitaire. Langston Hughes cherche à affirmer sa condition d'homme noir ayant grandit entre deux cultures : celle américaine qu'il possède de part son lieu de naissance, sa langue et sa religion et celle africaine qu'il possède de par ses ancêtres. Le but de la Harlem Renaissance c'est avant tout la renaissance de l'Homme Noir, trop longtemps privé de ses droits, à travers l'acceptation de son essence. Ainsi, il ne renie pas ses origines africaines, au contraire :
- « Tout les tambours des jungles roulent dans mon sang
Et toute les lunes sauvages et brûlantes des jungles
Brillent dans mon âme.[…] »
- « Je suis un Nègre :
Noir comme la nuit est noire
Noir comme les profondeurs de mon Afrique. »
Que cela soit à travers le premier extrait issu de son autobiographie Les grandes Profondeurs ou du poème Nègre, Langston Hughes montre qu'il est fier de ses origines. Mais, pour pouvoir être en adéquation avec son histoire, il doit affirmer son identité d'homme noir américain. Et contrairement à nombre de ces contemporains, l'écriture noire, pour Langston Hughes c'est une écriture noire-américaine. Il revendique à la fois son appartenance à la culture africaine mais aussi son affiliation à la culture américaine. Comme il nous le montre dans son poème Moi aussi paru en 1926, il souhaite voir son lien à l'Amérique reconnu et s'écrie : « Moi aussi je suis l'Amérique. »
Cependant, même si Langston Hughes souhaiterait s'intégrer à la population blanche et être accepté comme un américain à part entière, il refuse de le faire au prix de ses origines noires. D'ailleurs cette problématique de l'ambivalence identitaire est largement présente dans le poème Passing qui est
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