La nature chez l'homme

Y a-t-il un sens à parler de« nature» chez l'homme?

L'homme est indiscutablement un être de culture. Il y a« culture» dès lors que

quelque chose (de matériel ou d'immatériel) qui n'est pas« donné» dans la nature vient au

monde par un acte conscient et volontaire, donc humain. Le mot culture vient du verbe latin

colere qui désigne l'acte de retourner la terre: par ce geste l'homme marque originellement

une modification du« donné"» (n'oublions pas, d' ailleurs, qu'il y a bien le mot culture dans le

mot agriculture). C'est dans la même perspective qu'on appelle« une culture » tout ensemble

de pratiques ( culinaires, vestimentaires, artistiques, ... ) et de représentations (politiques,

religieuses, scientifiques ... ) qui font l'identité d'un groupe, portent sa« marque », et le

distinguent d'autres groupes.

L'observation du monde humain frappe par l'importance, dans l'espace et dans le

temps, de ces différences et par le fait qu'à l'évidence un homme se définit profondément par

cette dimension-là de son être : on ne définit pas un homme par sa taille, par le fait qu'il ait

des poumons et un foie mais par ses goûts, ses croyances, ses idées politiques, etc. Ainsi, dans

le cas de l'homme, la question de la nature revient à se demander s'il reste quelque chose de

naturel (le mot « nature », lui, vient du verbe nascere qui signifie « naître » - le naturel est

« donné » à la naissance, il n' est pas choisi et ne peut être refusé) chez un être à ce point

engagé dans la culture. Pourtant, en même temps, il est très courant que les hommes évoquent

une« nature» (égoïste ou généreuse, patiente ou impulsive) qui expliquerait ce qu'ils sont.

Nous pouvons, d'abord, accord~r de la valeur à l'usage de l'idée de nature dans la

compréhension non seulement de l'homme comme espèce biologique (avec, évidemment, ses

caractéristiques propres : un homme n'est ni un brin d'herbe ni un éléphant !) mais aussi de

l'homme dans ses conduites.

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