Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine : Comment Jean La Fontaine dénonce-t-il l'hypocrisie du pouvoir ?
Fiche de lecture : Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine : Comment Jean La Fontaine dénonce-t-il l'hypocrisie du pouvoir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Aurelie Perrin • 7 Janvier 2024 • Fiche de lecture • 1 208 Mots (5 Pages) • 197 Vues
Jean de La Fontaine est un fabuliste du XVIIème siècle. Ses fables ont vocation à plaire tout en instruisant. A cette fin, il use de la métaphore pour dépeindre le royaume des hommes.
Dans la fable « Les animaux malades de la peste », La Fontaine dénonce les rapports de pouvoir qui profitent aux forts, la cour du Roi notamment, et dont souffrent les faibles, c'est-à-dire le peuple anonyme.
Alors, Comment Jean La Fontaine dénonce-t-il l'hypocrisie du pouvoir ?
Après avoir analysé la situation initiale (vers 1 à 14), nous verrons comment le Roi présente cette même situation de manière hypocrite (vers 15 à 33). Puis, nous analyserons la nature de la réponse des autres animaux (vers 34 à 48) pour enfin montrer la position de faiblesse de l'âne (vers 49-64).
Développement
- La dramatisation de la situation initiale (vers 1 à 14)
D'emblée, avec ses premiers vers, le fabuliste dramatise la situation. La répétition du mot « mal », au vers 1 et 2, qui constituent deux périphrases (« Un mal », « Mal que... ») annoncent bien une situation catastrophique, d'autant plus qu'au XVIIème siècle, le mal est associé au « malin », c'est-à-dire le Diable.
La référence à Dieu est elle-même explicite, avec l'utilisation de la majuscule pour « Ciel » et l'idée de châtiment divin, contenue dans le vers « Inventa pour punir les crimes de la terre, »
De même, les rimes convoquées par « fureur » et « terreur » renvoient implicitement à la peur. Cette peur est omniprésente, comme invite à le considérer le chiasme du vers 7, avec la répétition du mot « tous » : Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
Conformément à la situation, celle de la peste qui est une maladie qui ravage les sociétés, l'abondance de négation confirment la privation à laquelle la société animale est soumise : « Nul mets n'excitait », « Ni Loups ni Renards », « Plus d'amour, partant plus de joie. ».
En outre, La Fontaine prépare la suite de son récit, en établissant déjà le rapport entre les animaux : les prédateurs d'un côté (Loups et Renards), les proies (« innocente » !) de l'autre (les tourterelles, symbole de l'amour). Ils sont cependant encore dans la même situation, puisque chacun est privé d'amour, de proie, de joie.
- Le Roi et son hypocrisie (vers 15 à 33).
Le Roi commence d'abord son discours par une auto-critique. Il se met, dans la continuité des vers précédents, sur le même plan que les autres animaux, en les appelant ses « amis ». Cela dit, il y a déjà là la trace de son hypocrisie : tout le monde est conscient que les animaux sont soumis à son bon vouloir. Cela est évident lorsqu'il utilise le mode impératif, qui vient signifier un ordre :
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux
Par ces mots, il ordonne la désignation d'un bouc-émissaire, sujet central de la fable.
Il donne l'exemple, en commençant lui-même son auto-critique. Il semble montrer du courage et de l'honnêteté : il avoue ses crimes, s'accuse du péché de gloutonnerie par un hypallage (figure de style qui fait se lier deux termes de manière inattendue et inappropriée) :
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Ici, ce ne sont pas évidemment ses appétits qui sont « gloutons », mais le lion lui-même. Pour convaincre de sa transparence, il fait même l'aveu d'avoir tué le berger.
Son hypocrisie est avérée par la conclusion de ce discours qui pourrait faire croire à son sacrifice. L'utilisation du futur de l'indicatif, avec « Je me dévouerai donc » devrait annoncer avec certitude sa fin, mais celle-ci est tout de suite annulée par l'utilisation redondante de deux formules restrictives : « s'il le faut » et « mais ». Cela invite - ou plutôt : ordonne - aux courtisans de le sauver par l'aveu de leurs propres fautes.
- Des courtisans qui flattent (vers 34 à 48).
Le Renard, flatte le Roi, servi par des formules élogieuses : « Sire », « Roi », « Seigneur ».
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