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Les Misérables, Victor Hugo

Fiche : Les Misérables, Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Décembre 2023  •  Fiche  •  1 660 Mots (7 Pages)  •  150 Vues

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Explication linéaire

Les Misérables est, avec Notre-Dame de Paris, le roman le plus connu de Victor Hugo.

Publié en 1862, le roman est une défense des pauvres et des opprimés et une invitation à prendre

conscience des drames sociaux qui se produisent dans l’ombre. Ce passage se situe dans une

section où est racontée la dure vie de Cosette, laissée en pension chez les odieux Thénardier qui

ont fait d’elle leur servante et leur souffre-douleur. Un soir de Noël, la Thénardier l’envoie

chercher de l’eau à la source, dans la forêt.

L’extrait présente Cosette déjà dans le bois, et ayant rempli son seau. Il montre sa difficile

progression dans la forêt obscure, ses arrêts fréquents tant le seau est lourd, tant elle s’épuise,

mais également tant elle souffre moralement, angoissée et terrifiée par l’image de la Thénardier

qui la hante. La fin de l’extrait opère un renversement de situation, une aide inespérée se

présentant soudainement. Ce passage est très marqué par le pathétique, qui porte sur l’aspect

physique de l’enfant mais aussi sur ses pensées.

Le mouvement du texte propose d’abord (les 12 premières lignes) la description de la

souffrance physique de Cosette, abandonnée de tous – mais placée sous l’œil de Dieu.

Un second temps (l. 13 à 25) ajoute aux souffrances du corps celles de l’âme, ou de l’esprit :

angoisse et épouvante s’emparent de l’enfant ; il s’achève sur une plainte qu’elle émet, un appel

à Dieu.

Le dernier mouvement (de la l. 25 à la fin du passage) renverse la logique douloureuse du

passage, par l’apparition d’un inconnu qui prend la charge de Cosette. Le lecteur des Misérables

aura reconnu Jean Valjean.

Nous nous attacherons à montrer comment ce texte met en scène la passion de Cosette (au

sens étymologique de souffrance : patior, pati latin, souffrir, endurer).

Le premier mouvement montre les difficultés de Cosette à accomplir sa tache et les

souffrances physiques qu’elle endure. Sa marche dans la forêt avec le seau pesant est

minutieusement décrite : elle fit « une douzaine de pas », « fut forcée » de s’arrêter ; l’effort et

l’arrêt se comptent en distance et en temps (« quelques secondes de repos »), et le texte rend

perceptible l’effort que doit déployer l’enfant contre le poids et le volume du seau – « mais le

seau était plein, il était lourd » (l. 1), et plus loin « l’eau froide qui débordait du seau tombait

sur ses jambes nues » (l. 7) ; la résistance de la réalité se marque par la préposition adversative

« mais », l. 1 et 3, et les marqueurs de la répétition, adverbes ou préfixe re- (« de nouveau »,

« encore », « se remit », « repartit ») rendent compte de l’effort sans cesse repris. La suite

présente la souffrance à laquelle est soumis son corps d’enfant : « bras maigres » tendus et roidis

par le poids, « petites mains mouillées » que le froid engourdit et gèle ; Victor Hugo travaille le

pathétique de cette scène, utilisant ainsi l’adjectif « petites », qui fragilise plus encore Cosette,

dont est mise en avant la maigreur, tout comme les jambes « nues » et son très jeune âge (ses

petites mains, ce sont des menottes de fillette). Elle n’est ni assez forte ni assez vêtue pour

accomplir sa tache, qui doit sembler inhumaine au lecteur. Le pathétique est assuré aussi par la

déploration - « hélas ! » - et la référence à la mère morte, qui vient rappeler à ce stade du récit

que Cosette est orpheline, abandonnée et seule dans l’obscurité – le titre du chapitre est

d’ailleurs « La petite toute seule ». Le pathétique est enfin pris en charge par un commentaire

du narrateur, la description de la souffrance se voyant relayée par une référence à Dieu, et à une

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vision qui s’élève : Dieu « voyait cette chose triste », localisée dans un écart radical à toute

humanité, « au fond d’un bois, la nuit, en hiver, loin de tout regard humain ». C’est ici le

summum de la misère (cf. titre du roman Les Misérables), pour cette enfant privée d’amour,

soumise à la rudesse du temps, et étrangère à la douceur d’un soir de Noël - cette nuit

particulière où vient au monde une promesse d’amour et de salut (l’enfant Jésus). Abandonnée

de l’humanité, Cosette est placée sous le double regard de Dieu (qui « voyait cette chose triste »,

chose suggérant la déshumanisation par les Thénardier qui frappe Cosette quotidiennement) et

de sa mère morte, dont la mention ici rappelle la parole trahie des Thénardier (de s’occuper de

l’enfant placée chez eux). Abandon, trahison, souffrances du corps caractérisent ce premier

temps de la passion de Cosette.

Le second mouvement vient ajouter à tout cela les souffrances morales de Cosette,

organisées autour de la présence de la Thénardier à l’esprit de l’enfant. La ligne 13 opère le

glissement

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