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Lecture linéraire sur les mencipations créatrices

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Par   •  8 Avril 2024  •  Étude de cas  •  1 811 Mots (8 Pages)  •  68 Vues

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Lecture linéaire n°10

Objet d’étude n°3 :

La poésie

Émancipations créatrices

Titre

Le Mal s’incarne ici dans la guerre destructrice des hommes dans l’indifférence totale de la religion. Le Mal a ici deux visages : la guerre, la religion

Strophes 1 et 2

Premier quatrain :

Scène de guerre : champ lexical mitraille / bataillons/croulent

Tableau vivant avec les sons (« crachat sifflent ») et les images (rouge écarlates verts bleu) : hypotypose spectacle total de la monstruosité des combats : présent de narration « sifflent / croulent » en début de vers : on assiste à la mort en direct. Durée renforcée par « tout le jour » (temps) et « infini du ciel bleu » (espace)

L’hyperbole est l’autre figure de style significative : elle sert à amplifier l’image destructrice de la guerre : « en masse / tout le jour / infini… ».

Le dernier vers s’ouvre comme le deuxième sur un verbe d’action « siffle / croulent » pour montrer dans une sorte de parallèle la conséquence du premier verbe, en relief à la fois par l’enjambement et le parallélisme de leur position en début des vers 2 et 4.

Le rythme avec la césure après la 5e syllabe « sifflent tout le jour // par l’infini du ciel bleu » crée une dissonance et donc une disharmonie dans l’alexandrin.

La guerre s’incarne aussi dans la personnification de la mitraille, sujet du verbe d’action et assortie d’une métaphore à la césure qui inspire le dégoût « crachat » et le mépris dans lequel les hommes sont tenus : le « rouge » est à la fois le feu qui sort de la mitraille et les impacts sur les corps.

Les sonorités associées à « rouges » et « mitraille » créent le bruit des combats par harmonie imitative : allitérations en « r » que l’on retrouve dans l’ensemble du quatrain : « écarlates verts roi raille croulent ». Violence mise en images ; tableau d’horreur ; condamnation du poète.

La spiritualité contenue dans la couleur « bleu » inscrit la guerre comme un événement contre-nature.

Rimbaud ne prend parti pour aucun des camps : « qu’écarlates ou verts » se rapporte à la couleur des « bataillons » annoncés en cataphore par le pronom « les raille » : c’étaient les couleurs des Français et des Prussiens qui se mêlent dans une même dénonciation.

« Les bataillons » désigne les deux armées sans distinction et le verbe « crouler » qu’on attribue en général au mouvement d’une chose volumineuse déshumanise les soldats.

Le nombre « en masse » enveloppe les êtres humains dans un nombre important mais vague comme si les hommes n’avaient pas d’importance.

Précision « près du Roi qui les raille » : cruauté révoltante car il assiste à cette « boucherie » sans émotion. Les mots monosyllabiques et les allitérations en « r » peuvent mimer le rire du roi. Pire, comme la mitraille « crache », le roi fait de même symboliquement puisqu’il « raille ». D’ailleurs « mitraille et « raille » sont tous deux à la rime.

Le Roi peut être n’importe qui, roi de Prusse, empereur français ou autre. Il s’agit de dénoncer la guerre en général et non pas la guerre franco-prussienne en particulier.

Le registre épique associé en général à la guerre est ici absent : Rimbaud lui préfère le tragique dans une intention satirique : il n’y a aucune gloire à mourir, les bataillons sont déshumanisés.

Deuxième quatrain :

Ouverture sur la même circonstancielle « tandis que » qui crée une amplification de la dénonciation, un élément supplémentaire à la barbarie des hommes : le sujet « folie » est une allégorie mise en valeur à l’hémistiche et dramatisée par l’adjectif et le verbe « broie » en fin de vers.

Elle permet de prendre des distances avec la seule guerre de 1870 ; le propos est désormais celui d’un moraliste et le présent prend une valeur de vérité générale. Le choix du déterminant « une folie » sous-entend que la guerre n’est pas la seule folie des hommes. L’adjectif « épouvantable » livre l’opinion du poète.

Les soldats deviennent ici des compléments du verbe « faire » : là encore leur situation est tragique ; ils sont soumis à cette force qui les dépasse : la folie.

L’expression « un tas fumant » a été préparée par le « feu » et le « en masse » et illustre l’entreprise de déshumanisation opérée par la guerre. Le nombre hyperbolique « cent milliers d’hommes réduits » à « un tas fumant » montre le peu de considération qu’ont les dirigeants pour les êtres humains.

Vers 7 et 8 :

Les deux derniers vers rompent avec la scène tragique qui précède et font le lien avec les tercets :

  • Ces 2 vers sont entre des tirets et fonctionnent donc comme mis entre parenthèses
  • Le registre est désormais pathétique par l’exclamation du poète « Pauvres morts ! » qui montre son émotion et son indignation
  • L’apostrophe à la Nature, allégorie pour la création va s’opposer à la religion décriée lors des tercets ; proximité avec le tutoiement
  • Le verbe « faire » revient « toi qui fis ces hommes » s’oppose à « faire un tas fumant ». Création et destruction. Opposition entre la guerre qui détruit les hommes et la Nature qui les engendre (verbe faire : « qui fis ces hommes »)
  • L’adverbe « saintement » s’oppose lui aussi à l’indifférence du Dieu des catholiques.
  • L’énumération « dans l’été, dans l’herbe, dans ta joie » évoque la vie créée par la nature et s’oppose à la destruction, la mort, la guerre : la guerre est contre-nature.
  • « broie » et « joie » en rimes antithétiques
  • Éloge de la Nature (« Ô toi… » religion païenne) s’oppose au blâme du « Dieu » un peu plus loin

Situés exactement au centre du poème, Les vers 7 et 8 constituent une transition et présentent

ce qui est pour Rimbaud véritablement sacré, la Nature, invoquée comme une déesse en l’opposant à ce qui est pour lui un faux Dieu, le dieu des chrétiens.

1° tercet

Vers 1 : Coupe forte, irrégulière (4/8) composé uniquement de monosyllabes : « un Dieu » déterminant indéfini = distance du poète qui ne se reconnaît pas dans la religion catholique.

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