Le conte

LE CONTE

Rappel :

Les œuvres de la littérature sont réparties en quatre grands genres littéraires : le théâtre ou genre dramatique, le récit ou genre romanesque, la poésie (genre poétique) et la littérature d'idées ou genre argumentatif.

L’histoire des contes

Les contes se retrouvent dans toutes les cultures du monde et appartiennent à une tradition populaire. Ils sont d'abord rapportés à l'oral.

C'est au XVIIème siècle que le fils de Charles Perrault a l'idée de mettre à l'écrit l'ensemble des contes populaires français racontés durant son enfance. Réjoui de cette initiative, son père va les styliser, c'est-à-dire leur donner un style propre à l'esthétique classique (l’adjectif classique renvoie au courant littéraire du classicisme). Il s'agit notamment d'amoindrir la cruauté des contes médiévaux dans lesquels la grossièreté et les allusions choquantes étaient monnaie courante. Perrault est l'inventeur des célèbres formules qui font le succès de ces histoires : Il était une fois, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ... Les Contes de ma mère l’Oye paraissent ainsi en 1697 sous le titre Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités.

        Au XIXème siècle, en Allemagne, les frères Jacob et Wilhelm Grimm reprennent une partie des Contes de Perrault et y adjoignent les contes populaires germaniques racontés par leur nourrice (Blanche-Neige, Hansel et Gretel…). Dans la réécriture qu'ils font des Contes de Perrault, ils se montrent plus cruels que leur prédécesseur en proposant notamment des châtiments plus durs. Ils publient en plusieurs tomes leurs Contes de l'enfance et du foyer.  

Au Danemark, toujours au XIXème siècle, Hans Christian Andersen s'illustre également dans des contes de fées demeurés célèbres comme La petite sirène ou La reine des neiges.

Une fiction marquée par la présence du merveilleux

Le conte est un sous-genre du récit (genre romanesque) qui désigne un récit fictif (œuvre qui rapporte des faits imaginaires), relativement court et écrit au passé (temps dominants : passé simple et imparfait).

Il met en relief le registre du merveilleux. Ce registre littéraire donne à voir un univers éloigné du nôtre, imaginaire, féerique (contes, fables) ou mythologique (divinités, héros mythologiques, notamment dans la tragédie et le roman de chevalerie), dans lequel le lecteur accepte le surnaturel sans le mettre en doute. Lire un conte, c'est donc accepter la présence de la magie. Le recours au merveilleux n'empêche cependant pas la présence d'éléments réalistes.

Une histoire et des personnages simplifiés

L'histoire racontée est plutôt simple : le héros ou l’héroïne poursuit une quête dans laquelle se présentent de nombreux obstacles. Elle oppose le bien contre le mal, les lumières contre les ténèbres, de manière à éduquer les enfants sur des principes moraux. Elle se focalise sur l'action et comporte peu de descriptions. Les lieux sont souvent les mêmes : un village, une forêt, un château ... De même, l'époque reste imprécise même si elle renvoie souvent à une atmosphère médiévale.

Les personnages sont stéréotypés, schématisés, c'est-à-dire très simplifiés dans leurs portraits. Ils sont désignés par leurs fonctions (un titre : le roi, un métier : le bûcheron) par une périphrase (figure de style qui consiste à dire en plusieurs mots ce que l'on pourrait dire en un seul), comme le petit chaperon rouge, ou appartiennent à l'univers merveilleux comme l'ogre et les sorcières. La plupart du temps, leur portrait se focalise sur une qualité ou un défaut principal.

Une triple fonction

Le premier rôle des contes est de divertir, de faire rêver, de favoriser l'imaginaire des enfants.

La deuxième et principale fonction est d'éduquer, d'instruire les enfants à des préceptes moraux (rappel : la morale est la discipline qui théorise le Bien et le Mal). Il s'agit toujours d'opposer les gentils aux méchants, les bonnes actions aux mauvaises. L'enfant peut ainsi se projeter et adopter l'attitude morale requise.

Enfin, on peut également assigner au conte la possibilité d'inciter l'enfant à la lecture. En effet, les contes sont d'abord des histoires racontées aux tout jeunes enfants afin qu'ils s'endorment. Peu à peu, en apprenant eux-mêmes à lire, ils auront l'envie de se les raconter eux-mêmes.

Le schéma narratif pour établir la progression

Sa structure obéit au schéma narratif. Il se compose de cinq étapes.

• La situation initiale, à l'imparfait, met en place le cadre spatio-temporel et présente les personnages et leur situation. La formule inaugurale, inventée par Charles Perrault, au XVIIème siècle est : « il était une fois » ou sa variante « il y avait ».
• L'élément perturbateur ou modificateur est exprimé au passé simple et souvent associé à des expressions temporelles comme « soudain », « un jour ». Il met en relief l'événement qui fait réagir les personnages, notamment le héros ou l'héroïne, et entraîne de nombreuses péripéties.  
• Les péripéties désignent l'ensemble des événements déclenchés par l'élément perturbateur. Il s'agit de la quête qu’entreprennent les personnages afin de faire disparaître le problème initial. Les temps dominants sont l'imparfait et le passé simple.
• L'élément résolvant ou rééquilibrant est écrit au passé simple. Il s'agit de l'événement qui permet de résoudre le problème et marque la fin des péripéties.
• La situation finale est la situation dans laquelle se retrouvent les héros et les personnages à la fin de l'histoire. Elle est heureuse pour les personnages qui agissent au nom du bien et souvent malheureuse pour les personnages qui font le mal. Dans un conte, elle se résume souvent à la formule « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».

Le schéma actanciel pour établir les relations

Le schéma actanciel permet d'identifier six fonctions pour mettre en relief la progression du récit. Ces fonctions peuvent être remplies par un ou plusieurs personnages voire par des institutions ou des éléments divers (objets, animaux…). De même, un même personnage peut remplir plusieurs fonctions. Établir le schéma actanciel, c'est donc comprendre les relations des forces en présence.  

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