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L’abbé Prévost, Manon Lescaut, 1ère partie Scène de la première rencontre, « J’avais marqué le temps ... »

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Par   •  18 Janvier 2024  •  Analyse sectorielle  •  1 396 Mots (6 Pages)  •  215 Vues

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L’abbé Prévost, Manon Lescaut, 1ère partie

Scène de la première rencontre, « J’avais marqué le temps … »

Situation :

Les premières pages du roman sont consacrées à la présentation des circonstances dans lesquelles l’auteur des Mémoires et aventures d’un homme de qualité, le marquis de Renoncour, a rencontré le chevalier Des Grieux. Le récit de Des Grieux commence aussitôt après et la scène de rencontre se situe presque au début du récit, ce qui souligne son importance dans l’œuvre.

lecture

introduction :

La Rencontre est présentée sous le signe de la fatalité, puisqu’elle est caractérisée par un véritable choc, un coup de foudre. Celle-ci est rapportée à travers une alternance de récit à la première personne et de discours rapporté (style indirect). Avec le recul du temps, le narrateur est capable d’analyser ce qui, à ce moment-là, l’a atteint, et quelle était sa vulnérabilité. Le texte comporte donc une analyse psychologique, menée avec lucidité et précision (avec parfois une certaine ironie). Il est caractérisé par une vision à distance, qui est une des originalités du roman.

Projet de lecture: Quels sont les enjeux de cette première rencontre, la femme ou la fin de l’innocence ? Et, en quoi l’amour nous est présenté ici comme une fatalité ?

Piste de lecture: choc d’une rencontre, récit décalé dans le temps et distanciation du narrateur, par rapport à son passé, une passion fatale.

Composition: La rencontre (première vision) = présentation subjective l.1-7. Le coup de foudre l.7-19, la décision d’aider Manon et les prémices de la fuite.

 

Analyse linéaire :

Ligne 1 et suivantes : « J’avais marqué… » : On remarque que la narration est à la première personne. Le narrateur est aussi personnage, le récit comporte une part de subjectivité, sans doute. Dès le début la narration des événements, qui se fait à l’imparfait et plus-que-parfait, est accompagnée de commentaires rétrospectifs cf l.1-2 « Hélas ! Que ne le marquais-je un jour plutôt ». Expression du regret avec des exclamations et l’emploi du conditionnel passé : irréel du passé « j’aurais porté chez mon père… ». Le texte utilise le registre tragique cf « hélas ». On présage une fin funeste. « Un jour plutôt » traduit la marque du destin c’est-à-dire qu’à un jour près, sa vie aurait été différente. Cela montre l’importance de l’événement, de la rencontre. « Innocence » met en lumière la perte de cette innocence, alors que Des Grieux s’apprête à rentrer dans les ordres. « Toute… »est une expression assez hyperbolique,

Récit chronologique, qui pose un cadre, un contexte : l’histoire se déroule à Amiens, avec le départ prévu donc l’auteur nous donne des précisions sur le lieu et le temps cf « La veille… » l’Abbé Prévost nous donne aussi des informations sur l’arrivée du coche d’Arras et sur un ami « Tiberge » et à la ligne 4 « nous le suivîmes jusqu’à l’hôtellerie ». L’événement est apparemment banal, mais permet un effet de suspense. Insistance sur l’innocence cf locution restrictive « ne…que la curiosité ». « Mais il en resta une ». Le regard se focalise sur Manon, qui se détache du groupe qui est isolée « Mais » illustre l’opposition. On remarque ensuite une disparition progressive des autres personnages « quelques femmes », « un homme d’un âge avancé ». « Fort jeune » insistance, adverbe d’intensité qui annonce la fraîcheur et la beauté. Récit des circonstances de la première rencontre = vision distanciée, insistance sur l’importance de l’événement et sur le rôle du destin, ingrédient de tout coup de foudre, et donc sur l’absence de culpabilité peut-être de Des Grieux. Vision assez subjective sur lui-même et sur ce qu’il a vécu.

Ligne 7 et suivantes : Le coup de foudre et ses enjeux montrent la toute puissance de l'amour, cf la subordonnée concessive « si charmante que… ». Le charme fait illusion à l’envoûtement et les pouvoirs magiques « tout d’un coup » l.10 = amour immédiat, dès le premier regard. La Beauté est une passion inexorable, un amour irrépressible. La concessive développe la puissance et donc la transformation opérée sur Des Grieux, opposition entre ce qu’il était/passé et ce qu’il devient, cf les relatives « moi, qui n’avais jamais pensé…ni regardé… » et « moi, dont…la sagesse est retenue » montre l’ingénuité + hyperboles « tout le monde » et ligne 10 « excessivement timide… déconcerter ». « Enflammé jusqu’au transport » sont des termes de la passion amoureuse, métaphore du feu et du ravissement qui montre la rapidité de la métamorphose et des événements/de sa conduite = l.11 « je m’avançai ». Voir aussi le complément circonstanciel d’opposition « loin d’être arrêté…faiblesse ». Présentation insistante de son innocence que la passion balaie et qui se transforme en audace. Le lecteur peut se demander si cette timidité était bien réelle. On assiste parallèlement à la présentation de Manon qui semblerait à charge cf l.12 + cf complément circonstanciel d’opposition « Quoique…moins âgée que moi », elle est cependant avertie « sans paraître embarrassée ». Cela peut étonner le lecteur, on voit l’opposition avec l’attitude féminine requise dans de telles circonstances. L.14 « ingénument » est un trait caractéristique de Manon, tout au long du roman = mélange d’immoralité et d’ingénuité, selon Des Grieux. Peut-être aussi une stratégie pour séduire Des Grieux + cf l.19-20 « qui lui fit comprendre mes sentiments ». Manon est en infériorité par rapport à l’âge, mais en supériorité par rapport à l’expérience. Discours indirect libre « c’était malgré elle… » + commentaire l.18-19 rétrospectif assez accablant, « pour arrêter…penchant plaisir » est une explication de Manon « qui a causé par la suite tous ses malheurs et les miens ». Des Grieux semble se décharger de toute responsabilité par rapport à ses actes répréhensibles, tout aussi « ingénument » que Manon. La passion est ici également une souffrance l.14-16 « ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs ». Hyperbole l.19-20 « cruelle intention de ses parents ».

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