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La vagabonde, Colette

Commentaire d'oeuvre : La vagabonde, Colette. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2024  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 753 Mots (8 Pages)  •  103 Vues

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Colette – La Vagabonde

A travers Renée Néré, l’héroïne du roman, seule et libre, contrainte de gagner sa vie comme artiste de musique-hall, Colette nous parle souvent d’elle-même avec gravité. Elle confie à son roman les souffrances de son cœur meurtri par les trahisons de Willy son premier mari, son premier amour ; elle y conte sa vie de mime, de danseuse et de comédienne, et, dans les coulisses du monde des music-hall et des cafés-concerts qu’elle fait découvrir à son lecteur, on la voit vivre avec courage et dignité, si distante et réservée, si éprise aussi de son jeu et des figures qu’elle exécute avec discipline et passion, si sûre enfin de la beauté de son corps et de son « geste achevé », si prompte à séduire, savante à se parer, consciente de extraordinaire pouvoir de fascination et de sa supériorité de femme.

A travers ce roman, Colette fixe l’émouvant portrait de la femme nouvelle qu’elle devient, libérée du piège de l’amour. Au fil des pages, l’auteur construit son moi, Colette réapprend à vivre en écrivant. C’est dans ces pages que se ferlent les chemins de la soumission et que s’ouvrent ceux de la liberté ; c’est lui qui porte le signe de la première métamorphose de Colette ; c’est lui qui chante sa « première victoire ». C’est une opération de transfiguration, on ne peut pas dire ça comme tel = Colette ne fait pas, c’est Renée qui fait

La Vagabonde paru d’abord sous forme de livraisons hebdomadaires dans La Vie parisienne en 1910. Colette est alors auteur reconnu et admiré.

Critique de Colette par G. de Pawlowski : « Colette a eu le grand tort de ne point fixer hardiment un idéal, quel qu’il fût, humain artistique ».

Ce livre n’a rien d’une œuvre légère, et le parfum qu’on y respire n’est pas celui de la frivolité ou de l’indécence. Témoin vigoureux du courage et de la dignité d’une Colette meurtrie mais héroïque, il trace le chemin d’une vie qui, à force de lutte et de lucidité, sait renaitre aux plaisirs, retrouver le goût d’exister et la plénitude de son rapport au monde.

« J’ai commencé avant-hier ce qui sera, j’espère, une façon de roman » Colette.

A propos de Max, au moment où Colette présente l’ « inconnu, grand, sec, noir », et précise : « Je ne dis rien à cet imbécile », elle écrit en annotation dans l’exemplaire de l’édition originale : « Ici j’entre enfin dans le roman, dans le mensonge. Maxime Dufferein-Chautel ? Connais pas ». 

Comment oublier le pittoresque de ces artistes au langage vigoureux et argotique, dont Colette saisit sur le vif les silhouettes et les attitudes (masques ?), telle celle de la petite Jadin avec sa « personne têtue penchée en gargouille », ou celle du « pauvre petit Bouty, qui balade partout son entérité chronique et sa bouteille de lait cacheté ». Colette dévoile leur vie de misère, leurs loges sordides et glacées, leurs horaires épuisants, avec « les retours à minuit vers l’hôtel, la boîte de maquillage qui pèse lourd au bras las, l’attente sous le brouillard fin », et, souvent, l’incertitude du lendemain.

Nombreux sont les critiques qui saluent avec enthousiasme cette révélation du monde du spectacle, faite de l’intérieur ; ainsi Jean Schlumberger place le « vrai mérite » du livre de Colette « dans ses peintures de cafés-concerts, de coulisses, de troupes en tournées », et juge que « l’accent y est d’une force et d’une émotion que l’on n’oublie plus ». Ces mêmes critiques vont jusqu’à déplorer que l’auteur ne s’en tienne pas à cette observation minutieuse : « le beau livre que nous aurions eu ainsi, sans presque d’artifices et où la recherche de l’imagination n’eût rien gâté », prétend H. Martineau qui ajoute immédiatement : « Mais La Vagabonde est un roman ; ne l’oublions pas. Il y faut, hélas ! une aventure ».

Le livre ne se laisse réduire à cet aspect autobiographique ni à l’aventure romanesque : sa profondeur est ailleurs. Cet ouvrage ne ressemble no à une confession ni à des mémoires. Colette n’est pas femme à se raconter, mais à se battre, et au moment où elle écrit ce roman, elle a précisément besoin de vaincre, de trouver, ou, mieux, de retrouver son moi.

La vengeance ne suffit ni à faire un beau livre ni à triompher des obstacles ; on ne gagne pas en détruisant : Colette le ressent mieux que personne.

Colette est incapable d’aimer une deuxième fois. Son premier amour lui a pris une partie de son âme. Elle ne peut plus aimer l’homme. Lorsqu’elle s’ouvre à Max, Renée se protège contre elle-même, contre l’illusion du bonheur. Elle ne se laisse désormais ni abuser ni entraver, elle est enfin pleinement la vagabonde, c’est-à-dire celle qui échappe à qui veut la fixer, celle qui « s’arrête un instant, contemple et s’en va », celle qui a la force de fuir et qui n’attend pas qu’on la renvoie. Renée la Vagabonde n’est pas le portrait de Colette, mais plutôt son modèle ou, mieux, la création par laquelle elle se reprend et se refait. La scène et le voyage deviennent son destin, c’est-à-dire son refuge.

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