La dispute, Marivaux

1)

         Nous pouvons dire que la pièce de théâtre "La Dispute" de Marivaux réalise un dispositif complexe où les personnages sont spectateurs et participants à un jeu de séduction et de manipulation. C’est pourquoi le dispositif de la pièce est désigné comme une forme de "spectacle dans le spectacle".

          En premier temps, nous remarquons dès le début que les personnages sont en réalité très proches du « rôle » d’un spectateur. En effet, les personnages principaux Hermiane et Mesrin sont les enfants de deux couples qui ont été autrefois en dispute sur la question de la fidélité. On remarque par ailleurs que ceux-ci sont « spectateurs » de leurs propres parents et ont vécus isolés ce qui efface presque leurs présences :

"Mesrin et Hermiane, monsieur, sont mes enfants que j'ai formés dans l'isolement, loin du commerce des hommes et des femmes, et dans l'ignorance entière de la société, dans l'idée qu'ils s'entendraient mieux, qu'ils vivraient en paix et sans passions, ignorants des disputes qui sont le plus grand mal de l'humanité." (Acte I, scène 1)

Cette sorte d’exclusion et cette vie reculée de la société de sorte à n’avoir aucune influence en dehors est fortement exprimé lors de l’évocation de la création du jardin dans la scène 1 de l’acte 1 conçu pour ce « spectacle » puisque ce dernier est créé de façon à pouvoir observer les actions des deux personnages de la pièce. Cet évènement est alors une sorte de pièce de théâtre au sein même de la pièce :  "Il y a des petits bosquets, des petits parterres, des allées tortueuses où on peut se dérober et ne pas être vu ; il y a des sièges à diverses distances... Enfin, tout y est arrangé pour observer sans être vu, et ce qui s'y passe doit servir à instruire ces enfants." (Acte I, scène 1) L’observation est omniprésente voir même commentée ; "Ils se tiennent près d'une table, on les voit, mais on ne les entend pas." (Acte I, scène 1) Les parents ont décidé de ces actions de manière prémédités et depuis toujours : J'avais préparé ces enfants sans qu'ils s'en doutassent." (Acte I, scène 1)

              Dans un second et dernier temps nous constatons un certain dispositif de « spectacle dans le spectacle » dans la pièce dû aux nombreux jeux de séduction et de malice qui peuvent parfois intrigués et interrogés les spectateurs à cause du mélange entre la réalité et le jeu. Leurs parents manipulant leurs émotions de façon fourbe et depuis toujours ("Elle a été élevée dans cette pensée » acte 1 scène 1), rend alors un côté scénique et plus dramatique. La séduction est donc très utilisée : "Je vous tiens, Mesrin, je vous tiens, et il faut que vous me rendiez l'usage de mon cœur." (Acte II, scène 7) quitte à être difficile (: nous sommes vrais frère et sœur." (Acte V, scène 7)) à accepter et cruel (: "Vous ne saviez pas, monsieur, que je vous tendais un piège, et que vous étiez la victime de l'innocence d'une fille. Vous ne saviez pas, mademoiselle, que je vous préparais un rival... J'avais préparé ces enfants sans qu'ils s'en doutassent." (Acte I, scène 1)) lors des révélations.

2)

                 D’une part, dans "La Dispute" Marivaux s’interroge et développe plusieurs questions à caractères philosophes.         

Il met en place une réelle réflexion philosophique sur des thèmes tels que la nature humaine, et la pression sociale exercée par un individu, ou par un groupe sur chacun de ses membres impose des normes de comportement créant alors des stigmatisations voir des discriminations et mises à l’écart ou encore les relations sociales entre individus et à l’importance de l’éducation. Par exemple, la manière dont les personnages qui ont grandis en isolement total nous permet d’émettre des questions sur l'influence de l'environnement sur le l’humain.

La manipulation des sentiments met en avant les notions de fidélité et de confiance accordé et ainsi aux libertés données. Les jeux de séduction et les pièges tendus par les parents évoquent les théories sur le pouvoir et la manipulation dans les relations humaines. Ainsi, à travers ces éléments, Marivaux offre une réflexion profonde sur la condition humaine et les dynamiques sociales, invitant le public à questionner les fondements de la nature humaine et de la société.

                         Tandis que d’autre part, certains aspects de l’œuvre peut ressembler er faire penser à un conte féérique. En effet, c’est notamment le cas pour le jardin qui a en lui un côté quelque peu enchanteur et féérique ou encore imaginaire : "Il y a des petits bosquets, des petits parterres, des allées tortueuses où on peut se dérober et ne pas être vu » acte 1 scène 1. Marivaux exprime ici à l’aide d’adjectifs enjoliveurs comme la répétition du mot petit ou encore du fait que l’ont pu facilement se cacher (« il est disposé de manière qu'on puisse y être caché et y voir sans être vu." (Acte I, scène 1)

3 )

                 Dans "La Dispute" de Marivaux les différentes étapes de l'amour, de sa naissance à son infidélité, sont rendues comiques à l’aide de plusieurs procédés comme des quiproquos et des jeux de séduction ou encore l’utilisation de l’ironie.

                Au tout début de la pièce, nous pouvons apercevoir que les deux personnages principaux sont rendus quelque peu comique en raison de leur grande naïveté et innocence, en lien avec l’isolement de la vie extérieur : « Non, il faut que je leur apprenne à se connaître... Et quand ils se connaîtront, ils s'aimeront." (Acte I, scène 1). Cette citation met en avant l’aspect naïf des deux personnages Hermiane et Mesrin, les rendant alors un peu niai et se rapproche même du caractère d’un enfant avec son premier amour.

...