L'annonce de la mort dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce

Mouvement 2 :

- Il évoque sa décision de revenir dans sa famille par une suite de prop infinitives qui lui permettent de préciser sa pensée l.18. La répétition du préfixe ‘re’ suggère un retour aux sources qui est un combat contre le temps qui passe.

L’auteur utilise la polysémie de l’expression faire le voyage qui peut désigner à la fois le déplacement physique mais aussi le passage symbolique de la vie à la mort.

Ici Louis conjure momentanément la mort par un voyage inversé qui est une remontée dans le temps, un retour dans le giron familial sans doute pour chercher la protection et le réconfort.

- Puis Louis évoque la manière dont il annoncera sa mort à sa famille l.19. On retrouve ici le procédé de l’épanorthose.

Jean Luc Lagarce crée ici un effet de théâtre dans le théâtre car Louis devient le metteur en scène de son annonce qu’il répète plusieurs fois par les adverbes ou locutions adverbiales de manière il prépare la manière dont il va jouer la scène de l’avoeu la répétition de avec soin montre le metteur en scène qui réfléchit à la meilleure manière de jouer cette scène.

Ce prologue joue le rôle de scène d’exposition  présentant le perso principal mais aussi l’intrigue de la pièce. On comprends en effet au champs lexical de la parole. Louis veut être l’unique messager de cette nvelle. Le terme messager rappelle la figure des choeurs chez Sophocle et renvoie donc encore une fois à la tragédie.

- Mais la place de Louis est particulière ici puisqu’il est à la fois victime du destin par sa maladie et la voix du destin dont il essaie de conjurer le caractère irrémédiable. Dans les tragédies grecques, le choeur est constitué d’un ensemble de personnes qui commentent l’action tragique mais les acteurs sur scène ne se mêlaient pas aux choristes.

La position de Louis à la fois victime et commentateur donne l’impression d’une étrange distance du perso avec son destin et lui donne un statut particulier dans la pièce par rapport aux autres persos  . Son combat consiste à rester maître du destin d’où le champs lexical de la volonté. Louis fait preuve de stoicisme et tente de garder la maîtrise de son destin .

Mais ce champs lexical de la volonté est contrecarré par le champs lexical de l’illusion comme si ce combat de la volonté contre le destin était perdu d’avance. Ainsi Louis ne peut que ‘ donner aux autres […] l’illusion d’être responsable’.

Le prologue annonce une autre intrigue cachée : celle de l’exploration de l’inconscient personnel et familial. Cette exploration du monde intérieur apparaît dans les tirets : ‘Peut être ce que j’ai voulu, voulu et décidé, en toute circonstance et depuis le plus loin que j’ose me souvenir’ + l.22. Les tirets ouvrent l’espace du monde intérieur , d’une voix enfouie qui s’apprête à surgir à l’occasion de cette rencontre familiale : la voix de l’inconscient.

L’épanorthose omniprésente dans le texte suggère la recherche du mot juste pour révéler la vérité intérieure. ‘Depuis le plus loin que j’ose me souvenir’ indique une exploration du passé comme dans une psychanalyse. On remarque aussi que cette tirade n’est constituée que d’une seule phrase. Tout est prononcé dans un flot de paroles continu comme si la voix de l’inconscient remontait à la surface.

- La musicalité de cette tirade est également essentielle et rappelle le prologue des tragédies grecques qui étaient chanté ainsi le GN ‘l’année d’après’ qui revient 4 fois fonctionne comme un refrain. De même on relève une allitération en ‘m’ qui crée un effet de rime interne renforçant cette musicalité.

Conclusion :

Le prologue dans ‘Juste la fin du monde’ joue le rôle du prologue tragique dans la tragédie grecque : il présente la force du destin, pose le nœud de l’action qu’est la révélation de la maladie. Son originalité est de suggérer une intrigue cachée : l’intrigue analytique qui reflète le lien de Louis à son histoire familiale. Au delà de l’intention qui est un avoeu c’est tout l’inconscient le non dit familial qui va s’inviter sur scène.

Grammaire :

ACHETER POUR LE 25 MARS : Cahiers de Douai, Arthur Rimbaud

édition Bibliolycée

etonnants classiques 22 poèmes

Lecture linéaire 10: questions

1) mouvement 1 : l.1 à l.7 : Antoine fait référence au 1er départ de Louis et à la douleur muette qui a  été la sienne.

    mouvement 2 : l.8 à l.26 : Antoine évoque sa propre personne et son statut familial au travers de l’ironie.

    mouvement 3 : l.27 à l.35 : En s’adressant à son frère Antoine exprime alors la contradiction des sentiments qui l’unissent à lui.

On peut diviser cet extrait en 3 mouvements selon des espaces entre chaque paragraphe , chacun d’entre eux permettant à Antoine d’exprimer un sentiment associé à des pensées les espaces permettant peut être une pause dans la pensée , une respiration d’Antoine l’amenant à aborder un autre point dans le paragraphe suivant.

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