L'abbé Prévost, Manon Lescaut
Commentaire de texte : L'abbé Prévost, Manon Lescaut. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nali95 • 21 Mars 2023 • Commentaire de texte • 344 Mots (2 Pages) • 233 Vues
À l'origine, c'est-à-dire au XVIjème siècle, le libertinage se présente comme un courant de pensée qui s'oppose à la morale chrétienne traditionnelle, remet en question ses dogmes, alors que les sciences physiques se développent et contribuent, souvent malgré elles, à interroger le bien-fondé des explications religieuses du monde. D'abord « libres-penseurs » les libertins ont pu, sous le climat sociopolitique plus souple de la Régence, après la mort de Louis XIV, proclamer une autre forme d'émancipation, relative aux mœurs, aux relations sociales, aux conceptions de l'amour et de la sexualité. Cherchant à reconquérir cette liberté naturelle dont l'Eglise le priverait, le libertin s'évertue à élaborer sa propre morale, à satisfaire son plaisir, à toucher du doigt ce bonheur terrestre dont la tradition chrétienne lui avait appris à se méfier. (Amorce : éléments de contexte + définition d'un mot-clé du sujet)
Dès sa première parution en 1731, Manon Lescaut, roman de l'abbé Prévost racontant
les aventures rocambolesques d'un « fripon » et d'une « catin », pour reprendre les mots employés par Montesquieu dans ses Mémoires, fait scandale. Certains critiques réagissent de manière particulièrement violente, condamnent au feu cette histoire « immorale », peuplée de « libertins », de « débauchés », auxquels on pousserait « honteusement » les lecteurs à s'identifier. Ces réactions radicales posent problème, dans la mesure où elles catégorisent rapidement un récit pour le moins ambigu, dont la portée morale n'est pas nette. Ses personnages semblent en effet tentés par des modes de vie ou bien inaccessibles, ou bien incompatibles, mais toujours marginaux, si bien que c'est l'impossibilité de leur épanouissement qui finit par s'imposer. Certes, il est bien question du libertinage et de ses tentations dans l'ouvrage de l'abbé Prévost, mais prétendre qu'il en fait la promotion paraît hasardeux, étant donné que l'expression authentique des valeurs chrétiennes occupe par ailleurs une place centrale du récit. Quelle morale peut alors promouvoir un roman qui ne serait ni tout à fait libertin, ni tout à fait chrétien, mais ballotté, comme ses personnages, entre plusieurs représentations du monde, plusieurs conceptions de l'amour et du bonheur?
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