Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, un drame intime
Dissertation : Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, un drame intime. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Dracarys52 • 12 Juin 2024 • Dissertation • 2 101 Mots (9 Pages) • 102 Vues
Dissertation Juste la fin du monde | Jean-Luc Lagarce
Sujet : Diriez-vous que la pièce Juste la fin du monde de Lagarce est un drame intime
Le théâtre constitue un observatoire privilégié pour examiner les relations humaines dans toute leur subtilité. A travers la scène, les auteurs et metteurs en scène parviennent à révéler les tensions invisibles et les émotions. C’est le cas de Jean luc Lagarce, à la fois un comédien, metteur en scène et dramaturge du théâtre contemporain. Il écrit la pièce Juste la fin du monde en 1990 alors qu’il se sait condamné à une mort prochaine. Dans cette pièce, Lagarce met en scène le personnage de Louis qui décide de retourner parmi les siens qu’il n'a pas vu depuis longtemps pour annoncer sa mort prochaine. Cependant, cette annonce est bien plus difficile qui en à l’aire en raison des conflits et des tensions au sein de la famille. Ceci nous amène à nous demander si cette pièce est un drame intime. Le mot “intime” souligne que c’est un drame personnel, secret, qui concerne seulement une personne. Mais le retour de Louis nous invite à réfléchir sur ce mot, sur sa signification, est-ce réellement un drame intime, est-ce un drame de plus grande ampleur. Ainsi, cela nous invite donc à réfléchir sur la question suivante : Le drame évoqué n'est-il qu'à la hauteur du drame intime dans la pièce Juste la fin du monde. Tout d’abord, nous verrons que cette pièce est bien un drame intime, mais que c’est également un drame familial. Enfin, nous traiterons le drame qui se cache derrière la tragédie intime et familiale : le drame de la communication.
Juste la fin du monde se présente en effet comme un drame familial à huis clos avec cinq personnages qui se retrouvent un “dimanche, évidemment” dans la maison de la Mère et de Suzanne qui va devenir le lieu du conflit; les retrouvailles vont alors dégénérer en règlement de compte familial.
En effet, les membres de cette famille ne se connaissent pas, ils sont comme des étrangers les uns pour les autres après la longue absence de Louis. Par exemple, Catherine et Louis ne se sont jamais rencontrés ni même parlé. Le lecteur comprend cela dès le début de l’histoire, dans la première scène de la première partie, où Louis rejoint sa famille. La mère souligne cette méconnaissance en disant : “Ils ne se connaissent pas. Louis, tu ne connais pas Catherine ?”. Louis exprime alors sa joie de rencontrer Catherine en disant qu’il est “très content” de la voir, et Catherine nous partage également son plaisir : “Oui, moi aussi, bien sûr, moi aussi. Catherine”. L’apostrophe à la fin de la réplique de Catherine souligne le fait qu’ils ne se connaissent pas, illustrant qu’ils sont en train de se rencontrer pour la première fois. Ils procèdent aux présentations. Cette scène démontre clairement que les membres de cette famille sont des étrangers. Ce qui suit dans cette scène nous montre qu'ils ne savent pas comment se saluer. En effet, Suzanne nous dit “Tu lui serres la main ?”. Ce qui confirme l'idée d'inconnu entre ces deux personnages. Cette vision d’étranger dans cette famille ne s’arrête pas qu’à ces deux personnages, Louis n’a jamais vu les enfants d’Antoine et de Chaterine, qui sont tous deux évoqués à la scène 2 de la première partie : “La plus grande à huit ans”, “Il y a un petit garçon [...] il a maintenant six ans”. Ainsi, nous remarquons que les personnages de cette famille sont perçus comme des étrangers par le lecteur et le spectateurs, ils ne se connaissant pas, certains ne se sont même jamais rencontré. Même le couple dans cette pièce de théatre ne semble se connaitre. En effet, Catherine sait que son mari travaille dans une petite usine d’outillage, mais ne sait réellement ce qu’il fait, quelle tâche il effectue. Dans la scène 6 à la partie I, elle nous dit “Il doit construire des outils mais je ne saurais pas non plus expliquer toutes les petites opérations qu'il accumule chaque jour”. La négation suivie du verbe “expliquer”, nous confirme cette idée : les personnages de Juste la fin du monde ne se connaissent pas. Enfin, cette ignorance persiste entre La Mère et Louis, dans la scène 9, la mère demande à Louis : “Tu as quel âge, quel âge est-ce que tu as, aujourd’hui ?”. Cette interrogation de la mère, marquée par une épanorthose accentue l’idée du manque de connaissance entre ces deux personnages. Par lequel Louis répond : “J’ai trente quatre ans”. Ainsi, nous remarquons que même la mère, qui est censée être la personne qui connaît le mieux ses enfants, ignore l’âge de Louis. Cela témoigne clairement que les membres de cette famille ne se connaissent pas. La pièce Juste la fin du monde n’est pas la seule à montrer des membres de famille comme des étrangers; Antigone de Jean Anouilh illustre également cette histoire tragique à travers le conflit entre Antigone, qui veut enterrer son frère selon les lois, et son oncle Créon, qui impose les lois de la cité en interdisant cet acte, apparaissent comme des étrangers l’un pour l’autre, incapables de se comprendre. Ainsi, à travers ces exemples, nous remarquons que les personnages de Juste la fin du monde sont parut comme des étrangers.
Mais le retour de Louis vient également bouleverser l’équilibre familial de fortune qui avait été trouvé en son absence et ravive les tensions, les rancœurs, blessures, rivalités. En effet, dans un long monologue de la part d’Antoine dans la scène 3 de la partie 2, Antoine s’adresse directement à Louis : “Tu dis qu’on ne t’aime pas, je t'entends dire ca, toujours je t’ai entendu, je ne garde pas l’idée, à aucun moment de ma vie [...] qu’on ne t’aimait pas”. Ceci met en lumière comment le retour de Louis ravive les flammes. Également, dans l’épilogue, nous remarquons que le retour de Louis vient bouleverser l'équilibre familial et ravive les tensions : “Après, ce que je fais, je pars. Je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard, une année tout au plus”. Cette déclaration montre l’impact de son retour, le fait que Louis mentionne qu’il ne reviendra jamais et qu'il meurt marque son départ définitif. Cela implique une rupture avec sa famille, ce qui suggère un bouleversement de l’équilibre familial. Enfin, la scène 3 de la première partie, véritable tirade solitaire de Suzanne. La jeune femme y évoque d’abord le sentiment d’abandon qu’elle a ressenti petite face à la fuite de son frère aîné. Elle revient sur les “lettres elliptiques” envoyées par Louis : “Parfois, tu nous envoyais des lettres, / parfois tu nous envoies des lettres, / ce ne sont pas des lettres, qu’est-ce que c’est ? / des petits mots, juste des petits mots, une ou deux phrases, rien, comment est-ce qu’on dit ? / elliptiques”. Suzanne à l'air de s’exprimer avec de la colère, nous pouvons le remarquer avec les répétitions “des lettres” et par la question qu’elle se pose à elle-même. Ceci témoigne que le retour de Louis ravive les tensions des différents personnages.
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