Guillaume APOLLINAIRE, Alcools 1913, « Zone »

El 1 : Guillaume APOLLINAIRE, Alcools 1913, « Zone »

Introduction

     Le monde de la poésie au XXème siècle a été marqué par de nombreux artistes dont Guillaume Apollinaire. Celui-ci né en 1880 à Rome est un poète français d’origine italo-polonaise. Il entre dans le domaine de l’écriture en 1901 en publiant son premier article en tant que critique d’art. Ses œuvres poétiques sont inspirées par de nombreuses déceptions amoureuses, une grande connaissance des différentes mythologies et une enfance itinérante. Ses recueils majeurs sont Alcools (1913), Poèmes à Lou écrits pendant la guerre et Calligrammes publié en 1918 et proposent une réflexion sur la notion d’avant-garde poétique.

        Nous allons étudier un extrait du poème « Zone », écrit en vers libre et sans ponctuation comme l’ensemble du recueil auquel il appartient, Alcools. Il s’agit (premier texte) du texte liminaire de cette œuvre. Le poète évoque la modernité de la ville de Paris lors d’une promenade imaginaire.

        Nous nous demanderons comment GA mêle éléments traditionnels et plus modernes dans ces vers.

        Pour ce faire nous mettrons en évidence le mouvement du texte : dans les 4 premiers vers il semble rejeter le monde ancien, puis des vers 5 à 10 il évoque la religion, il décrit de manière poétique une ville aux vers 11 à 14 et termine par la présentation d’une rue industrielle de Paris.

Analyse linéaire

Le paradoxe entre l’ancien et le nouveau : v.1 à 4

- v.1 : « A la fin tu es las de ce monde ancien »

→ ce vers est une sorte de plainte du monde ancien alors que le poète est lui même traditionnel par sa forme d’écriture puisqu’il utilise un alexandrin. Le choix d’Apollinaire est donc complètement paradoxal avec le sens du vers.

- v.2 : « Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin »

→ métaphore

→ ici la tour Eiffel est assimilé à une bergère et les ponts sont associés aux montons puisqu’ils bêlent. Cela met naturellement en avant un paradoxe entre l’ancienne campagne et la ville moderne qu’est Paris.

- v.3 : « Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine »

→ « tu » renvoie au vers 1, il y a une reprise du même procédé, reprise du même lexique du vers 1 (ex : monde ancien = antiquité)

→ ces 3 premiers vers sont des monostiches car cela permet de traduire la choc des traditions et de la modernité.

- v.4 : « Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes »

→ « automobiles » reprend le lexique de la modernité donc il y a une opposition entre la typographie et le sens.

Présence de la religion : v.5 à 10

- v.5 : « La religion seule est restée toute neuve la religion »

→ enjambement des vers 5 à 6 : « La religion seule est restée toute neuve la religion  est restée simple ». Cela met en évidence la modernité du poète et permet la mise en valeur du mot « religion » puisqu’il est répété 2 fois dans le v.5 et il est placé au début et à la fin du vers

- v.6 : « Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation »

→ présence d’une phrase prosaïque car « hangar » n’est pas un mot poétiques

→ comparaison surprenante puisque la religion est assimilée aux « hangars du Port-Aviation »

- v.7 : « Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme »

→ personnification de « Christianisme »

→ antéposition de l’adjectif « seul »

v.8 : « L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X »

→ ici « le plus moderne » est un terme exagéré, cela est donc un superlatif

→ Apollinaire semble inscrire la religion dans l’ère moderne puisqu’il fait la référence au pape : « Pape Pie X »

v.9 et 10 : « Et toi que les fenêtres observent la honte te retient »

                 « D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin »

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