Fiche de lecture : Les Impatientes, Djaïli Amadou Amal

Fiche de lecture : Les impatientes- Djaïli Amadou Amal

Ecrit en pensant à ses filles, comme OG qui a écrit pour les femmes

• Références du livre : 

Titre :« Les impatientes » - « Les Impatientes » est la reprise en Europe du roman « Munyal, les larmes de la patience » publié en 2017 au Cameroun et dans l'ensemble de l’Afrique francophone qui avait reçu en 2019 le premier prix Orange du Livre en Afrique.

Autrice : Djaïli Amadou Amal est écrivaine camerounaise, peule (peuple d’Afrique de l’Ouest présent dans 22 pays) et musulmane, née en 1975 au Cameroun. Mariée à 17ans lors d’un mariage forcé, elle a connu tout ce qui fait la difficulté des femmes au Sahel (bande de territoire africain contenant le Burkina Fasso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Elle parvient, 10 ans plus tard, à quitter son deuxième mari, devenu violent. Son premier livre « Walaande, l’art de partager un mari » parait en 2010 et lui vaut une renommée immédiate. Elle y dénonce les problèmes sociaux de sa région, notamment les discriminations faites aux femmes, et promeut la culture peule par l’histoire de 4 femmes vivant dans la même concession qui attende leur tour auprès de leur mari. Elle publie par la suite plusieurs autres romans comme son deuxième roman intitulé « Mistiriijo, la mangeuse d’âmes ». Son ouvrage « Les Impatientes » reçoit le Prix Goncourt des lycéens en 2020. Militante féministe, elle s’est imposée parmi les valeurs sûres de la littérature africaine en tant que « voix des sans-voix ».  Djaïli est également engagée aux côtés de l’Unicef et a également créé l’association « Femmes du Sahel », dont le but est d’œuvrer pour l’éducation et le développement de la femme dans le Nord Cameroun. Cet organisme mène des œuvres de sensibilisation contre le mariage forcé et toute forme de violence faite aux femmes. Djaïli Amadou Amal vit maintenant au Cameroun.

Editeur : J’ai lu

Année d’édition : janvier 2022

• Résumé rapide : 

Ramla, 17 ans, a le goût des études et rêve de devenir pharmacienne. Elle est amoureuse et pourtant, on la marie contre son gré à l’homme le plus riche de la ville, qui est déjà marié. Elle se retrouve arrachée à ses rêves d’études et doit alors se marier avec un total inconnu bien plus âgé qu’elle, qui ne la considère d’ailleurs pas autrement qu’un attirail de plus à ses yeux. On retrouve également Hindou, la demi-sœur de Ramla, qui a épousé son cousin, un homme dont l’attrait pour la drogue et l’alcool rendent colérique et violent. Elle subit ainsi ses coups et rien ne peut y changer, le mari ayant tout droits sur sa femme, la violence qu’Hindou subie est vue comme normale dans sa concession. Enfin, on retrouve Safira, 35 ans, la première épouse du mari de Ramla. Il est pour elle hors de question de céder au caprice de son époux et de ne pas voir en Ramla une rivale. Elle va donc user de tous les moyens possibles et mis à sa disposition afin de faire fuir Ramla et de récupérer son mari pour elle seule.

• Genre et tonalité :

Les impatientes est en premier lieu un roman polyphonique ; il regroupe plusieurs narrations à la première personne, mais c’est également un roman que l’on pourrait qualifier de réaliste, tant le désir de l’autrice est d’instruire sur le sort des femmes au Cameroun, et de dénoncer les mécanismes sociaux de la culture de ce pays. On y retrouve des tonalités pathétiques lors de scènes tristes et/ou douloureuses, à l’image du sort malheureux d’Hindou et des violences physiques et morales qu’elle subit. Ce roman contient également un registre tragique, corrélé au pathétique, illustré par les situations désespérées que subissent les 3 protagonistes, ou encore l’utilisation du champ lexical du désespoir ou même de la fatalité.

• Thèmes :

L’auteure aborde les thèmes de la polygamie, du mariage forcé et des violences conjugales (viol, coups, violences physiques et morales …).

• Personnages principaux :

On suit dans ce livre 3 personnages. Ramla est une brillance lycéenne, déjà amoureuse d’un garçon, elle doit cependant se marier avec un inconnu bien plus âgé qu’elle. Jeune fille intelligente, elle est également d’une grande beauté, ce qu’on lui rappelle volontiers. Bien que réticente à l’idée de se marier, son union avec Alhadji Issa semble être supportable, ce n’est pas une femme frappée ou violentée et il subsiste à tous ses besoins. On la suit cependant après toutes les mauvaises actions que réalise sa coépouse, Safira afin de la faire fuir. Ramla est prise de terreur face aux colères de son mari, manipulé par sa coépouse. Elle est répudiée dans un excès de colère, et ramenée à la maison lorsque son mari se calme, mais Ramla finit cependant par fuir son mariage à la fin de l’ouvrage.

Hindou, la deuxième protagoniste est une jeune fille sensible, toujours remarquée par son sang-froid et sa grande patiente. Elle est mariée à son cousin, Moubarak, envers lequel elle éprouve une peur immense. Son mari est en effet violent et en proie à l’alcoolisme et à la drogue. Lors de son mariage, elle subit de violentes agressions venant de sa part, coups, blessures, viols, … Dans sa culture, tout cela est normalisé, un mari battant sa femme est une chose banale et toute la famille d’Hindou assiste sans rien dire à ses agressions. Elle tente de fuir une fois mais est rapidement rattrapée par des habitants du village la ramenant chez son père afin d’éviter une honte publique pour celui-ci. Les violences subites par Hindou sont reconnues par son père et ses oncles, et son mari est intimé d’arrêter de tels comportements envers sa femme. Hindou sombre cependant dans la folie, elle perd la tête face à l’atrocité de son mariage au complet, elle devient anorexique et ne dort plus, ne mange plus et ne s’occupe même pas de sa fille, dont elle a accouché quelques temps auparavant.

La dernière protagoniste est Safira, mariée depuis 20ans à Alhadji Issa, ils ont ensemble des enfants. Personnage sans réelle vergogne, elle ne supporte absolument pas la venue de Ramla en tant que coépouse, elle qui fut seule pendant les 20 ans de son mariage. Amoureuse de son mari, elle tente alors tout ce qui est en son pouvoir pour faire fuir sa coépouse. Elle use sournoisement alors de marabouts, manipulations dans toute la concession afin de retourner l’ensemble des personnes y habitant contre Ramla, allant même jusqu’à voler son mari pour payer ses extravagances. Elle finit cependant à la fin du roman à faire partir Ramla, qui part de son plein gré, et elle retrouve ainsi sa place, regrettant en premier lieu ses actions peu morales, elle se réjouit par la suite de la tournure des évènements. Safira partage également le fait de se sentir finalement prête à l’arrivée d’une nouvelle coépouse dans la concession.

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