Dans quelles mesures La Bruyère parvient-il à dépasser la comédie sociale ?

Dissertation

Sujet : « La Bruyère nous invite à une comédie mais nous rions à ce spectacle avec une étrange amertume. »

En tant que Moraliste, La Bruyère se donne comme objectif le plus important de rendre ses lectures meilleures, en leurs dévoilant les travers des hommes de son siècle. C’est ce que cherche à montrer dans un livre consacré aux Caractère un auteur d’une époque contemporaine : « La Bruyère nous invite à une comédie mais nous rions à ce spectacle avec une étrange amertume. »

L’auteur en nous invitant se qualifie de metteur en scène et va donc en recherchant le regard du spectateur remanier à sa façon une pièce de théâtre divertissante et marrante par le comique de mot, le comique de geste et de situation mais qui va à la fois s’opposer au côté agréable de la comédie et du rire à cause des références ridicules et des défauts des personnages. Le spectateur va se reconnaitre à travers certains d’entre eux et va se rendre compte que cette comédie amusante n’est pas si drôle car elle a bel et bien pour but de plaire mais également d’instruire.

C’est ce que confirme l’idéal de littérature : « placere, docere », « plaire et instruire » appartenant au mouvement du classicisme et dont fait partie le grand moraliste du 17e siècle, La bruyère, qui publie Les Caractère qu’on prendra pour exemple du livre V à X afin de répondre à la question suivante :

Dans quelles mesures La Bruyère parvient-il à dépasser la comédie sociale ?

Pour ce, nous verrons que dans un premier temps, la comédie sociale de La Bruyère est avant tout fait pour divertir le lecteur. Puis notre seconde partie portera sur la satire des Hommes dans notre société. Et enfin, nous irons au-delà du rire en montrant que La Bruyère met en place d’autres façon pour dénoncer les travers des Hommes et pourquoi.

L’écriture de La Bruyère dans Les Caractère, surtout dans ses portraits, est une écriture théâtrale mimétique dans son rythme et dans ses tournures. En effet, le moraliste y décrit les personnages en action de la façon la plus vivante possible, il dépeint leurs faits et gestes et rapporte leurs paroles de manière à ce que le lecteur croie les voir devant lui, c’est une écriture de l’hypotypose permanente. Plusieurs portraits peuvent nous servir d’exemple, comme celui d’Arrias le prétentieux dans la 9ème remarque du livre V : « Arrias ne trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur : "Je n’avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d’original" » La Bruyère ici décrit les actions d’arias et rapporte ses paroles. C’est ce qui fait donc Des Caractères une véritable mise en scène théâtrale plaisante et divertissante pour le lecteur.

De plus, nous pouvons reconnaitre toutes ces dimensions de comédie sociale. Le moraliste s’y fait scrutateur et satirique de tous les petits détails qui révèlent le caractère d’un Homme en les définissant par leurs tics et par leurs manières, non seulement parce que ceux-ci permettent de les décrire, mais aussi plus profondément parce qu’ils les constituent. Nous pouvons voir ceci dans le portrait de Giton, le riche imbu de lui-même dans la 83ème remarque du livre VI : « Il déploie un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut. » Ici La Bruyère relève des comportements immoraux de Giton à ne surtout pas avoir dans notre société. L’imitation est en elle-même un procédé essentiel du théâtre comique, le spectateur se réjouit de reconnaitre des caractères stéréotypés, ce qui renforce la notion de divertissement. Néanmoins, cette comédie sociale n’est pas vu simplement vu comme un jeu par La Bruyère et va aller jusqu’à créer une sensation d’amertume chez les lecteurs.

La Bruyère conçoit son œuvre pas seulement avec le but de plaire au lecteur. En effet, l’imitation qui est donc liée à cette dimension comique du théâtre en tant que représentation du fait sociale, est non loin indissociablement liée à la fonction critique et à l’intention réformatrice. Le Moraliste exprime clairement son projet d’écriture dans la préface du livre : « Il peut regarder avec loisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature, et s'il se connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger. » Il souligne ici une dualité des apparences qui se fait entre le lecteur et le personnage qui comme le montre notre citation, provoque une amertume chez lui. Ainsi, nous pouvons donc prouver le second but de La Bruyère a travers la comédie sociale dans ses Caractères : corriger les mœurs des Hommes en dénonçant par exemple, à travers ses personnages, l’hypocrisie pour Théodote ou l’égoïsme pour Théodecte, venant à les amener à un meilleur niveau de lucidité.

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