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Corneille, l'Illusion Comique

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Par   •  8 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  1 991 Mots (8 Pages)  •  190 Vues

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L’Illusion comique = pièce en 5 actes de Pierre Corneille en 1635. L’Acte II scène II met en scène pour la première fois dans l’œuvre Matamore dit « capitan », il est à la fois homonyme et personnification du personnage de la comedia dell’arte, et donc Clindor le fils tant recherché par son père Primadant. Ils se révéleront par la suite dans l’acte V être acteurs.

[lecture du texte]

Ici = dialogue entre les 2 jeunes hommes, Matamore prononce un discours à la suite d’une question de Clindor, et ainsi le « capitan » s’engage dans une série de mensonges sans fin dont lui seul à la secret.

- tirage épidictique où Matamore ne cesse de se tarir d’éloges.

La scène, à l’image de la pièce toute entière, est une immense mise en abyme (= mise en abyme filée) → la pièce de théâtre met en scène une pièce de théâtre…

3 parties :

I – Parodie du héros tragique (v.1 – v.6)

II – Tirade d’un personnage excentrique (v.7 – v.21)

III – La bipolarité et l’ironie au service de l’expression des sentiments (v.22 – v.30)

        → En quoi cette scène représente-t-elle la comédie ?

        I – Parodie de la tragédie et la mise en abyme du théâtre (v.1 – v.6)

        1 – Matamore dans le rôle du héros tragique (v.1 – v.3)

- faux discours délibératif (car en réalité un dialogue)

→« rêve » (v.1) juste avant l’hémistiche => sens de l’objectif

→le « ne saurai résoudre » appuie bien le dilemme, il ne sait pas + la négative renforce cet aspect de réflexion, Matamore réfléchit aux enjeux du dilemme, ainsi l’horizon d’attente du spectateur est inscrit dans cette logique.

→« lequel des deux le premier » (v.2) => avant même d’avoir les choix, on se rend compte du faux dilemme, puisqu’en réalité il n’y en a pas.

→« mettre en poudre » (v.2) => intéressant car symbolise bien les paroles hyperboliques qu’aura Matamore tout au long de la scène.

Puis enfin les choix sont révélés, assez tardivement pour capter au maximum l’attention du spectateur.

→adjectifs antéposés « grand » (v.3) devant chaque titre de souverain renforce leur grandeur => donc parallèlement celle de Matamore.

- on peut aussi remarquer l’égo démesuré de Matamore, qui le trahit dans son rôle d’héros tragique, premièrement parce qu’il ment, mais ça on ne le sait pas encore, mais surtout par le pronom personnel sujet « je » revenant par 2 fois vers 1 et 2.

- viennent ensuite les premières paroles de Clindor.

        2 – Clindor joue le rôle du confident

→l’exclamative « Eh ! » (v.4) le pousse immédiatement sur les devants de la scène, il joue son rôle à la perfection.

→ « de grâce » (v.4) => on implore la pitié du Seigneur/capitan que représente Matamore (dans son rôle évidemment)

→ et le « monsieur » qui suit ne fait que parfaire le rôle que joue Clindor => il se fait passer pour le confident ou ami du Seigneur à l’égo surdimensionné. Il incarne le confident qui fait avancer la réflexion du personnage principal, ou tragique.

→ lui pose 2 questions

Aux premiers abords, on trouve un Clindor qui marche réellement dans le jeu de Matamore. Avec ce court échange entre les 2 personnages l’horizon d’attente du spectateur reste néanmoins proche d’une dialectique, ou à la limite d’une maïeutique où Clindor, par le truchement de ses questions, ferait avancer la réflexion du capitan. Mais la réalité en est tout autre.

        II – Tirade d’un personnage excentrique (v.7 – v.21)

- discours épidictique servant d’introduction aux personnages + leur éthos

- Ici, le héros tragique est d’abord parfaitement joué par Matamore :

Matamore est, dans la comedia dell’arte, une des formes du Miles Gloriosius (= soldat fanfaron), qui se vante d’exploits non réalisés et qui s’avère être en réalité un véritable poltron.

=> Matamore est donc vantard dans la parole mais n’assume pas dans les faits → perso qui se met en avant

→ le vers 7 très exclamatif permet de distinguer l’actio de Matamore tout au long de la scène

+ de parodier les héros tragiques et leur éloquence avec le « Ah ! » anaphorique (v.8), même si on ne se rend pas encore compte de la parodie à ce stade

Le + important reste l’horizon d’attente du spectateur constitué dans la première partie par les deux jeunes hommes, c’est avec ça que Corneille joue.

→ l’allitération en « r » au v.7 : « poltron », « traîtres », « leur mort » apporte une sonorité grave.

→ utilisation du mot « poltron » qui vaudrait + pour lui qu’autre chose => ironie

→ « ce bras » (v.8) est une métonymie, Matamore est dans la peau, incarne le héros tragique

L’adjectif antéposé « seul » renforce le bruit (symbolisant la rumeur) de son nom (ce dernier est placé avant l’hémistiche => renforce son sens)

→ la litote « ne soit pas assez fort » est révélatrice (sans le vouloir) du personnage, il en dit trop peu, il cache sa vraie nature de poltron derrière sa mise en scène constante de héros

+ isotopie guerre : « mort » (v.7), « murailles » (v.9), « escadrons » et « batailles » (v.10)

→ on garde aussi cette utilisation des pronoms possessifs « mon » (v.7, 9 et 11) puis le « je » qui marque une différence entre le héros tragique noble de cœur et de raison et l’égocentrisme et la vantardise de Matamore.

=> Matamore se pose en véritable héros tragique

… puis est tourné en ridicule par l’invraisemblable (à partir du v. 11 – v.21)

=> c’est un des leviers traditionnelles du comique : déconstruire le vraisemblable (= ce qui nous paraît réaliste) en invraisemblable.

→ à partir du vers 11, tout est hyperbolique :

→ passe directement dans l’excessif « commandement que je fais aux 3 Parques » (v.13) → alors que ce sont les divinités symbolisant les destinées humaines, la naissance et la mort

...

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