Corneille, Horace, V,5 (dialogue Camille-Horace)

Commentaire littéraire d’un texte théâtral : Corneille, Horace, V,5 (dialogue Camille-Horace)

En quoi ce dialogue souligne -t-il la violente opposition entre les deux frère et sœur ?

1/Un duel fratricide

1. Les invectives d’Horace : récurrence de la 2è personne=> Camille est prise à partie, mise en accusation. Beaucoup de verbes à l’impératif dans les paroles d’Horace + « doivent » l.8 et subjonctif de souhait « Qu’ils soient » l.10=> Il la somme d’obéir, lui impose sa loi, qui est aussi celle de Rome et se comporte en chef tout puissant, et non en frère envers sa sœur. Il porte un jugement sévère sur Camille en employant les adjectifs  « insupportable » et « indigne » l.1. La ponctuation expressive ( ?/ !) révèle la tonalité véhémente avec laquelle il lui parle.
2. La colère vengeresse de Camille : le projet destructeur de Camille est évoqué par son frère dès la l.4 « Ton ardeur criminelle à la vengeance aspire ! » et est confirmé par elle-même à travers les imprécations l.24. Elle est ivre de « rage » l.28  et rêve de se substituer aux Furies (l.18), les déesses antiques de la vengeance qui poursuivaient les criminels jusqu’à les faire périr ou les rendre fous. Camille souhaite infliger à Horace des souffrances analogues aux siennes : «  Donne-moi, barbare, un cœur comme le tien »l.11, elle veut devenir aussi insensible et cruelle que lui .

2/Horace, héros ou monstre ?

1. Le champion de Rome : Horace est présenté, à travers ses propres paroles et celles de Camille comme celui qui a vaincu l’ennemi et est devenu le sauveur de la cité : « ennemi public dont je reviens vainqueur » l.2, « tes exploits »l.22, « intérêts de Rome » l.33. Mais cet héroïsme est nuancé par son attitude envers sa sœur, comme le montre l’expression paradoxale « gloire si chère à ta brutalité ».
2. La brute inhumaine : le terme « barbare » l.11, dont Camille qualifie Horace, réduit son frère à ce contre quoi il lutte ; lui, le parfait représentant de la grandeur romaine se comporte comme un ennemi de la civilisation. Elle va plus loin en assimilant Horace à un « tigre altéré de sang » l.20, métaphore qui met en évidence la sauvagerie et le goût du meurtre de son frère. La cruauté d’Horace envers sa sœur est à nouveau soulignée par l’association paradoxale des termes « sa mort » et « des charmes » l.21

3/ Camille, amante éplorée ou traîtresse ?

1. Le camp de l’amour contre celui de la famille : « Ne cherche plus ta sœur où tu l’avais laissée » l.16 =>elle rompt avec son ancienne identité qui impliquait des devoirs envers son frère. Elle se définit désormais uniquement comme l’amante de son fiancé, comme l’indique la négation exceptive dans « Tu ne vois plus en moi qu’une amante offensée » l.17. Le lexique de la passion amoureuse revient souvent pour la décrire : « amour » l.3, « passion » et « désirs » mis en valeur par le parallélisme l.6, « soupirs » l.7, « flammes « l.8 et 13. Les antithèses « joie »/ « douleur » l.14 et le parallélisme de la ligne 15 révèlent les manifestations d’une passion démesurée, davantage source de malheurs que de bonheurs.
2. Une traîtresse envers sa patrie : Horace dénonce les manquements de Camille envers Rome en soulignant son « audace » l.1 (dans un schéma tragique, c’est synonyme d’hybris , l’orgueil qui finit toujours par être châtié), ainsi que l’« outrage » et le « déshonneur » (à la rime l 29 et 30) dont elle se rend coupable. Cependant, pour Camille, la seule vraie trahison est celle qu’elle commettrait si elle obéissait à son frère : « jusques au ciel élevant tes exploits,/ Moi-même je le tue une seconde fois »

Parcours « Crise personnelle, crise familiale »,explication linéaire n°4

Corneille,Horace, V,5  de « Ô d’une indigne sœur insupportable audace » à « Cette gloire si chère à ta brutalité »

Même problématique que le commentaire littéraire

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