Charlotte Delco, Aucun de nous ne reviendra (1965)

BRICOUT Elsa KHAL

Fiche de lecture

Aucun de nous ne reviendra (1965), charlotte Delbo

Présentation :

Charlotte Delbo, résistante communiste, est arrêtée en 1942 et déportée à Auschwitz par le convoi du 24 janvier 1943, un convoi de 230 femmes qui viennent de toute la France et sont issues de différentes classes sociales.

Auschwitz et après est un livre de Charlotte Delbo constitué de trois tomes publiés séparément : Aucun de nous ne reviendra (l’œuvre que nous allons étudier), écrit en 1946 et publié en 1965, Une connaissance inutile publié en 1970 et Mesure de nos jours paru en 1971. L'autrice, par de courts chapitres constitués de saynètes, poèmes ou nouvelles y fait le récit de sa déportation à Auschwitz en 1943 et de son retour.

Axes du programme :

L’œuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur et Littérature et morale : 

        Aucun de nous ne reviendra peut être mis en lien avec les axes « l’œuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur » et « littérature et morale ». En effet, le roman de Charlotte Delbo peut être considéré comme une œuvre de valeur car c’est une œuvre engagée qui conserve l’histoire. Ce roman dénonce la cruauté des nazis pendant la seconde guerre mondiale, notamment durant la déportation des juifs dans les camps de concentration. L’œuvre, grâce à son témoignage précis et vivant, offre alors au lecteur la possibilité d’extraire une morale de sa lecture et de dénoncer ces agissements. De plus, cette œuvre sert de garde-mémoire pour le génocide juif de la seconde guerre mondiale, elle permet de garder une trace de ce qui est arrivé à Charlotte Delbo et à des milliers d’autres personnes durant cette période.

        Dans la plupart des chapitres du roman, Delbo décrit aux lecteurs ses interactions avec les SS qui ne considèrent même pas les déportés comme des humains : ils les frappent et les abattent sans aucune raison (une femme est abattue sans raison alors qu’elle voulait simplement aller chercher de l’eau dans un ruisseau), les laissent mourir sur la sol du coup devant les autres détenus et ne leur laissent pas la possibilité d’assouvir des besoins humains tels que se nourrir, boire (dans le chapitre « la soif » le narrateur décrit ses longues journées et nuits sans eau et la difficulté qu’elle rencontre pour trouver une personne qui veuille échanger un morceau de pain contre du « thé »). Ces actions sont immorales et tiennent lieu d’un crime contre l’humanité. Tout ceci est dénoncé par Charlotte Delbo tout au long de l’œuvre, par le biais de la description qui fait office de témoigne ou par les interventions du narrateur (par exemple, « essayez de regarder, essayez pour voir » est à la fois une façon d’interpeller le lecteur et de dénoncer la cruauté des actions en cours).

La prose : 

Aucun de nous ne reviendra peut également être mis en relation avec l’axe « la prose ». Delbo écrit ce roman en prose (en majeure partie car certains passages relèvent de la poésie en vers) avec un style assez simple et plutôt « parlé », mais poignant et porteur de sens. En effet, les phrases sont courtes, simples et ne sont pas ponctuées par des virgules ou autre type de ponctuation. Cette manière d’écrire permet à la description d’être plus frappante et de ne pas perdre l’attention du lecteur à cause de phrases trop longues ou de l’utilisation de procédés stylistiques trop nombreux. Le seul procédé fréquent est l’anaphore car elle permet d’insister sur certains exemples que le narrateur développe comme les différents types de personnes qui entrent dans le camp. Elle permet également d’intensifier la parole du narrateur, de lui donner plus d’émotion et de mettre en valeur la violence des actions racontées comme dans le chapitre « le jour ». D’ailleurs, la disposition typographique permet, de la même manière, de mettre en valeur certains passages en les séparant des autres phrases, parfois en les mettant sur une page vierge.

...