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Céline, Voyage au bout de la nuit

Analyse sectorielle : Céline, Voyage au bout de la nuit. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Mai 2023  •  Analyse sectorielle  •  932 Mots (4 Pages)  •  207 Vues

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Suite à la Der des Ders, la littérature française a été profondément marquée par les traumatismes de la guerre. Les écrivains de l'entre-deux-guerres ont cherché à refléter ces changements dans leurs œuvres. Louis-Ferdinand Céline, un écrivain français né en 1894 et décédé en 1961, a été l'un des premiers à s'y aventurer. En 1932, il publie son premier roman intitulé Voyage au bout de la nuit. Cette œuvre suit le protagoniste Ferdinand Bardamu, un personnage qui décide de s'engager dans la Première Guerre mondiale en tant que soldat, mais qui le regrette immédiatement. Cette dernière a marqué le début de la fin de l'héroïsme, qui était jusqu'alors considéré comme l'une des plus grandes vertus humaines. Bardamu, dans les 139 premières pages de l'œuvre, est le reflet de cette nouvelle réalité, car il ne possède aucun des traits traditionnellement associés à l'héroïsme, ni dans ses actions ni dans son discours.

D’ores et déjà, les actions de Bardamu ne sont pas celles d’un héros. Premièrement, il agit sans suivre ses convictions. Pendant son séjour à l’hôpital, Bardamu observe que le sergent Branledore parvient à attirer toute la sympathie des infirmières en exprimant des déclarations patriotiques. Bardamu, qui est fondamentalement opposé à cette cause, décide quand même de l’imiter afin de se faire mieux accepter : «Comme le Théâtre était partout, il fallait jouer [...] il faut prendre le ton, s’animer, jouer, se décider ou bien disparaître. Les femmes surtout demandaient du spectacle et elles étaient impitoyables, les garces, pour les amateurs déconcertés. [...] elles en exigeaient des héros [...] » (Céline, 2012, p. 115) L’héroïsme est souvent associé à des qualités telles que le courage, la force morale et la détermination. Par contre, dans cette situation, Bardamu n’a pas fait appel à son courage ni à sa force morale pour suivre ses convictions. Au lieu de cela, il décide de se conformer aux attentes de son environnement. Il ne semble pas motivé par un désir sincère de défendre une cause, mais plutôt par le désir de survivre. En décidant d’agir comme un partisan pour répondre aux attentes des infirmières et ainsi devenir le héros qu’elles exigeaient, Bardamu en est devenu l’exact opposé. Il a sacrifié ses propres valeurs et convictions, perdant ainsi son intégrité. Deuxièmement, Bardamu agit de manière égoïste. Pendant qu’il est en route pour se rendre au campement après avoir été attaqué par des Allemands, il se met à réfléchir à ce qui se produirait s'il découvrait à son arrivée que tous les Français ont été assassinés : «c’est ça qui serait avantageux et pratique qu’ils soient tous tués très vite… Comme ça on en finirait tout de suite… On rentrerait chez soi… [...] On entrerait au restaurant, on vous servirait sans payer, on ne paierait plus rien, jamais plus de la vie ! On est les héros ! » (Céline, 2012, p.27) Le simple fait de vouloir quitter la guerre ne peut pas être interprété comme un comportement égoïste. Par contre, souhaiter la mort de tous les Français pour pouvoir la quitter est égoïste. Il laisse paraître qu’il valorise sa vie plus que celle de tous ses compagnons d’armes. De plus, le protagoniste considère la guerre comme une situation à exploiter pour son propre bénéfice, plutôt que comme une cause à défendre. Il semble y participer seulement pour lui-même. Pour être vu comme un héros, être célébré, admiré, ne plus jamais rien payer… Bref, les actions de Bardamu ne sont pas héroïques puisqu'il agit sans suivre ses convictions et de manière égoïste.

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