Analyse linéaire de Gargantua chapitre 23
Commentaire de texte : Analyse linéaire de Gargantua chapitre 23. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar helyrie • 16 Janvier 2025 • Commentaire de texte • 633 Mots (3 Pages) • 11 Vues
Analyse linéaire : Gargantua chapitre 23
Gargantua est un roman qui synthétise toute la pensée humaniste de François Rabelais, notamment un modèle éducatif qui diffère de la scolastique et des pratiques éducatives religieuses du Moyen-Âge.
Dans le chapitre 23, Gargantua est encore jeune, et face à l’échec de son éducation, son père, Grandgousier, décide de l’envoyer à Paris pour être pris en charge par un nouveau précepteur : Ponocrates. Ce dernier lui inculquera une éducation très différente, basée sur le modèle humaniste.
Ainsi, nous pourrons nous demander comment le récit d’une matinée de Gargantua met en valeur un modèle éducatif humaniste ?
Nous étudierons cet extrait en suivant les mouvements du texte : tout d’abord le réveil de Gargantua de « Gargantua » à « difficiles », ensuite la préparation de Gargantua de « en revenant » à « habillé », puis la pratique du sport de « ensuite » à « leçon », et enfin l’heure du repas de « Cependant » à la fin du passage.
- Le réveil de Gargantua
Dès le début de l’extrait, le narrateur insiste sur l’intensité de l’éducation humaniste. Gargantua doit se lever « vers quatre heures du matin », ce qui est très tôt, afin d’occuper chaque heure de la journée par le travail, l’exercice physique, ou le jeu. Dès le réveil, son corps doit suivre puisqu’il est « frictionné ». Cela témoigne de l’importance du corps dans l’éducation humaniste.
On note également l’utilisation de l’imparfait qui souligne l’importance de la régularité et de l’habitude dans ce modèle éducatif : « s’éveillait » « frictionnait » « lisait ».
Ensuite, la première chose qu’entend Gargantua est une lecture des « saintes Ecritures ». Cette primauté de la religion est héritée du Moyen-Âge, mais il faut remarquer une différence notable : la lecture est faite à « voix haute et claire, avec la prononciation requise ».
Les adjectifs « haute et claire » suggèrent la clarté et la compréhension : la lecture doit en effet permettre une totale compréhension du contenu. On voit ici la volonté humaniste de revenir au sens original des textes sacrés, notamment en révisant les traductions afin de les rendre intelligibles à tous.
Anagnotes qui lui fait la lecture (et dont le nom grec signifie justement lecteur) cherche à faire apparaître la « majesté » du « bon Dieu » et ses « merveilleux jugements ». Ce lexique mélioratif composé d’adjectifs et de noms positifs rappelle au lecteur l’importance de Dieu pour les humanistes.
Enfin, on remarque l’énumération de verbes à l’infinitif : « révéler, adorer, prier et supplier le bon Dieu » qui placent l’homme dans un état d’adoration face à Dieu. C’est un pilier de l’éducation humaniste : l’homme est au centre et cherche à s’améliorer, mais ne renie pas Son créateur.
Le lecteur peut ensuite être surpris par l’arrivée soudaine d’un passage comique, presque absurde. Gargantua se rend « aux lieux secrets » pour « excréter le produit des digestions naturelles ». Le verbe « excréter » semble très direct comparé à la périphrase qui suit « le produit des digestions naturelles ». L’adverbe complément circonstanciel de lieu « Là » indique pudiquement, mais avec un certain humour, que le précepteur suit son élève aux toilettes pour ne pas perdre un instant du temps dédié à l’éducation de Gargantua. Cependant, on remarque qu’ici, les choses naturelles du corps sont acceptées et non moquées (utilisation de l’adjectif « naturelles). D’ailleurs, elles n’interrompent même pas la leçon qui se poursuit (« son précepteur répétait ») et même s’intensifie (« lui expliquait les passages les plus obscurs et les plus difficiles »). Le parallélisme de construction insiste ici, sur le ton de l’humour, sur le fait que le précepteur profite de la concentration de son élève en train de soulager ses besoins naturels pour revenir sur les aspects les plus complexes de la Bible.
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