Analyse linéaire début du chapitre 19 de Candide
Commentaire de texte : Analyse linéaire début du chapitre 19 de Candide. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Nathalie Revol • 16 Février 2025 • Commentaire de texte • 2 589 Mots (11 Pages) • 21 Vues
Introduction :
Présentation de l’auteur : Ecrivain, dramaturge et poète, Voltaire est un des philosophes les plus influents du XVIIème siècle. Ses idées novatrices et critiques envers le pouvoir en place lui vaudront l’exil en Angleterre en 1726 puis à la frontière franco-suisse à La Ferney en 1759 afin d’échapper à l’emprisonnement. En effet, bien que biographe du roi depuis 1745, l’écriture des contes satiriques Micromegas et L’Ingénu comme son attitude peu courtisane lui valent quelques inimités. Surnommé « l’hôte de l’Europe », il reçoit depuis 1734 et son installation chez Mme du Châtelet, de nombreux philosophes et scientifiques du monde entier.
Présentation de l’œuvre : En 1759, il publie de manière anonyme Candide, un conte philosophique qui suit le personnage éponyme dans sa quête de l’amour de sa vie, la fille d’un baron, Mademoiselle Cunégonde. Cette quête l’amène à visiter de multiples pays, en Europe et en Amérique du Sud, à rencontrer divers individus, des rois, des religieux, des citoyens, des esclaves. Candide et Cacambo quittent le pays d’Eldorado avec le projet de retrouver Cunégonde et d’acheter un royaume grâce aux cents moutons chargés d’or et de pierreries qu’ils amènent. Ils font route vers Surinam (colonie hollandaise d’Amérique du Sud comprise entre la Guyane et la Guyane française
Problématique : Comment Voltaire dénonce-t-il l’optimisme ?
Plan par mouvements : Partie 1 : Un récit ironique pour illustrer l’optimisme leibnizien. Lignes 1 à 12
Partie 2 : Une rencontre qui met à mal l’optimisme de Candide Lignes 13 à 22
1er mouvement : Un récit ironique pour illustrer l’optimisme leibnizien.
Le début du chapitre 19 s’ouvre sur un sommaire qui vient précipiter la narration sous prétexte de montrer que la philosophie de Leibniz prête à rire.
Dans le titre, on relève le nom d’un nouveau pays dans la quête de Candide, le « Surinam ». Cela indique au lecteur que l’histoire se déroule dans un pays étranger. Il est donc dépaysé et ne s’étonnera pas d’être confronté à des situations très éloignées de ses standards. Le récit s’annonce exotique.
Par ailleurs, le chapitre commence comme un récit de voyage, comme en atteste le complément circonstanciel de temps « la première journée » (l.1). Candide et Cacambo ont quitté l’Eldorado et partent pour un périple. Voltaire invite le lecteur à poursuivre avec lui cette aventure aux côtés des deux personnages, nous rapproche d’eux avec l’emploi de « nos deux voyageurs » (l.1). Dès cette première phrase, on devine que leur quête risque d’être semée d’embûches. En effet, l’adverbe « assez » (l.1) indique que l’auteur doute de la saveur de cette « première journée » (l.1).
De plus, on note l’utilisation des temps du récit : le passé simple avec « fut » (l.1), « s’enfoncèrent » (l.4) et « moururent » (l.5) et l’imparfait avec « étaient encouragés» (l.1) et « pouvaient » (l.2). Le lecteur a donc l’impression de suivre un conte initiatique classique.
Toutefois, l’ironie de Voltaire transparait rapidement avec le comparatif de supériorité « plus de trésors que l'Asie, l'Europe et l'Afrique n'en pouvaient rassembler » (l. 2/3). En effet on note que l’accumulation des trois continents donne une image exagérée de l’étendue des richesses qu’ils transportent. L’auteur se fait sarcastique avec l’incise « transporté » (l.3). Ce qualificatif vient définir l’état d’esprit de Candide qui malgré les nombreuses mésaventures déjà vécues, continue de rêver à la réunion avec son amour de jeunesse. On peut constater que le narrateur se moque gentiment du côté fleur bleue de Candide qui grave le nom de sa dulcinée sur les arbres.
La phrase suivante est longue. Elle est constituée de plusieurs propositions indépendantes, ce qui témoigne d’une accélération du récit par rapport au temps de l’histoire. Ici, le sommaire est un procédé utilisé pour passer sous silence des moments banals, la longue route de Candide et Cacambo. L’attention du lecteur est attirée non pas sur leurs aventures mais plutôt sur les déboires des moutons, ceux qui transportent la fortune dont Candide a besoin pour vivre heureux avec Cunégonde. Ainsi, l’accumulation de verbes au passé simple vient corroborer cette impression de succession de mésaventures. Peu à peu, les moutons meurent et la richesse de Candide s’évapore. On note également qu’en plus du sommaire qui dissimule une partie de l’histoire, le décompte des pertes reste incomplet. En effet, le narrateur ne donne des informations précises que sur douze d’entre eux. Ensuite, l’auteur emploie un pronom indéfini « d’autres » (l.6) suivi du déterminant indéfini « quelque » (l.6). Ainsi le lecteur est amené à prendre acte de leur disparition tout en restant ignorant des détails. Ce sommaire se termine par une phrase courte, ce qui contraste avec la précédente, et qui débute par « enfin » (l.7). Le complément circonstanciel de temps « après cent jours » (l.7), précise la durée de ces péripéties racontées de manière sibylline. Le résultat est énoncé par la négation restrictive « ne resta plus que deux moutons » (l. 7). Le lecteur est amené à se réaliser l’importance des pertes subies par les deux aventuriers.
Ensuite, un dialogue s’engage entre Candide et son valet. Ils vont commenter les pertes subies. Ce dialogue débute par « Candide dit à Cacambo » (l.8). On note ici que la sobriété du verbe introducteur de parole correspond à la tradition du discours philosophique. Le narrateur indique donc clairement au lecteur la nature des propos qui vont suivre.
On remarque que Candide s’adresse à son valet comme à son égal. Il l’appelle « mon ami » (l.8) et le vouvoie. Le respect du héro éponyme est manifeste même s’il se place en position de mentor. En effet, Candide demande à Cacambo de constater que la situation est telle qu’il l’envisage. Il utilise donc le verbe « voyez » (l.8) dans une phrase affirmative. Par ailleurs, le caractère assertif du discours de Candide est renforcé par le présent de vérité générale « sont » (l.8). L’hyperbole « rien de solide » (l.9) intensifie la radicalité de l’affirmation du maître. Le parallélisme de construction « la vertu et le bonheur » (l.9) informe à la fois l’interlocuteur et le lecteur de la thèse de Candide : seul compte aux yeux du jeune homme l’amour de sa Cunégonde.
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