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Alciphron

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Par   •  1 Octobre 2023  •  Cours  •  517 Mots (3 Pages)  •  197 Vues

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La leçon que l’on peut tirer de l’analyse de l’Allégorie de la Caverne de Platon est double et paradoxale. D’un côté la lecture de cette allégorie nous invite à nous rendre compte des illusions dont nous pouvons être victimes et nous encourage à développer notre esprit critique, à aiguiser notre appétit de savoir, à nous poser des questions et à nous confronter à la difficulté de donner du sens à la réalité dans laquelle nous vivons. Mais de l’autre, elle nous révèle les risques d’une méfiance mal organisée, qui peut produire un esprit de contradiction, alimenter un appétit de pouvoir, remplacer les questions par des certitudes trop bien établies et générer des causalités approximatives mais confortables.

Cette forme de méfiance peut nous enfermer dans une nouvelle caverne et nous priver de notre capacité à penser.

Il faut donc se méfier de notre méfiance et pour cela, apprendre à douter méthodiquement : il faut « du métier » pour savoir et pour savoir construire un doute moteur de la pensée.

Marie Grand fait la lumière dans cette conférence sur la nécessité d’une activité nommée agnotologie (néologisme créé dans les années 1990 par Robert N. Proctor, professeur d’histoire des sciences à l’Université de Stanford en Californie, pour désigner la science de l’ignorance et l’étude de tous les mécanismes qui la fabriquent et l’entretiennent).  

L’ignorance n’est pas seulement l’absence ou le défaut de savoir dans un domaine, qui pourraient être comblés par un travail d’acquisition de connaissances ou par de nouvelles découvertes, mais elle est également un comportement ou une attitude entretenue volontairement par de savantes manipulations (politiques, commerciales, industrielles ou stratégiques).  Proctor le découvre en travaillant sur l’industrie du tabac aux Etats-Unis et montre que l’on peut jouer « la science contre la science » et l’utiliser pour la combattre sur son propre terrain dans le but de semer le doute et fragiliser les connaissances fiables et démontrées.  Selon lui, « l’industrie a été capable de créer le doute, non pas tant par le déni direct, que par le fait d’en appeler de manière persistante à toujours plus de recherches. Et qui donc pourrait s’opposer à davantage de recherches ? (…). Le coup de génie du négationnisme de l’industrie du tabac a été de détourner le public de la vérité en accaparant à son profit le respect que l’on porte à la science ; mieux, en finançant massivement des recherches sur ce que l’on appelle « la causalité alternative », c’est-à-dire principalement des recherches sur les susceptibilités génétiques et des choses comme les cancérigènes viraux ou ceux qui sont liés aux conditions de vie » (Entretien paru dans la revue Critique, en 2013).  Par le recours à de nouveaux experts, à des pseudos publications scientifiques, en imposant la corrélation contre la causalité, on peut atténuer bon nombre de preuves et laisser le doute s’infiltrer dans l’esprit d’une population.

Ce problème se pose dans toutes les sociétés, au travers des grandes questions comme celles du climat ou de  la santé publique faisant réapparaitre de nouveaux sophistes qui glorifient le faux en le déguisant en savoir.

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