Un homme juste est-il un homme qui fait son devoir?

Un homme juste est-il un homme qui fait son devoir ?

L’Homme est une espèce qui vit en société et qui doit pour cette raison respecter des règles et être contraint à des obligations afin d’assurer un ordre au sein de la société. C’est l’idéalisation de l’ordre par les hommes qui les oblige à obéir à des devoirs tout au long de leur vie. Mais pouvons-nous affirmer qu’il suffit à un homme d’obéir à ses devoirs pour être juste ?

Penchons-nous premièrement sur la signification de l’expression “Homme juste”, et voyons qu’elle a deux sens. Le premier sens caractérise un homme qui a le souci de la justice et qui respecte le droit. La justice est un bien collectif et non individuel, donc un homme juste agit au nom du bien de la société. Être juste signifie donc obéir à la loi imposée par la justice. Mais l’obéissance aux lois d’un pays ne garantit pas toujours le respect de la justice, dès lors que certains droits essentiels aux êtres humains sont bafoués. Donc, selon le deuxième sens de l’expression, un homme “juste” est capable de s'opposer à la loi lorsque celle- ci est injuste. Selon la première définition, la justice est une recherche de l’ordre idéal et une nécessité d’ordre social qui permet de garantir une harmonie entre les hommes en société. Pourtant, le sentiment d’injustice est l’objet de contestations et de revendications sociales à travers les époques. Donc, dans certaines circonstances, un homme juste est celui qui obéit à la justice légale obligée par l’Etat, mais dans certains cas l’Homme est confronté à des situations où la justice d’ordre moral l’oblige à désobéir au devoir que lui impose la loi.

Cela nous amène à la définition du devoir. Obéir à son devoir est une action qui s’impose aux dépens de toutes les autres car il dépend d’une obligation. Plusieurs éléments peuvent s’interposer entre un homme et le devoir que la justice l’oblige à faire, par exemple ses passions ou bien d’autres devoirs. Cela oblige l’homme à établir un rapport hiérarchique entre ses différents devoirs et à en placer un en priorité par rapport aux autres. Cela montre que malgré ce qui nous pousse à désobéir à notre devoir, notre sens de l’obligation nous pousse quand même à le suivre.

Dans l’ouvrage Règles de la méthode sociologique, Emile Durkheim distingue deux types de devoir. En premier lieu, nous avons le devoir qui relève du droit, qui s’impose aux hommes grâce à la contrainte, par exemple le risque de punition de la part de la société ou de l’Etat.

Il y a en un second lieu le devoir moral selon lequel agir moralement en s’orientant vers le bien représente une obligation qui s’impose aux hommes grâce à la raison universelle et non grâce à une contrainte, comme c’est le cas pour le devoir de l’ordre juridique.

Nous allons nous demander si un homme juste est un homme qui fait son devoir. Mais cette question en soulève d’autres qui prennent en compte la définition variable de l’expression “Homme juste” ainsi que la pluralité des devoirs. Obéir à un devoir est-il juste face à tous les devoirs auxquels un homme doit se plier ? Le devoir d’un homme juste n’est-il pas justement de désobéir à son devoir dans certaines situations ? Nous verrons donc que la réponse à cette problématique varie en fonction des circonstances et des différents devoirs auxquels un homme est confronté.

Premièrement, nous verrons qu’un homme juste fait son devoir, mais nous verrons ensuite que dans certaines situations il est plus juste pour un homme de désobéir à son devoir. Enfin, nous conclurons qu’un homme juste est un homme qui sait quand il doit obéir à son devoir ou non.

Nous allons premièrement défendre la thèse selon laquelle un homme juste est un homme qui fait son devoir, en abordant premièrement son obéissance au devoir juridique puis à son devoir moral.

Selon l'État, un bon citoyen obéit à la loi et respecte la justice. Le fait de mettre en place des règles et des interdictions que les hommes sont contraints de respecter permet d’assurer un ordre et une harmonie au sein de la société. Ces différents devoirs sont inscrits dans la loi. Étant donné que l’homme juste a le souci de la justice, il fait son devoir de citoyen en participant au financement de l'Etat en payant ses impôts ou en participant à la défense de son pays en cas de guerre. Mais l’homme respecte-t-il la loi par simple bonté ? Il faut prendre en compte le fait que l’homme se voit probablement obligé d’y obéir car le non-respect de ces devoirs impliquerait un jugement au tribunal et une sanction par un juge s’il est déclaré coupable. Dans le Livre II de la République, Platon utilise l’exemple du mythe de l’anneau de Gygès pour prouver que “personne n'est juste volontairement, mais par contrainte” et que “ceux qui pratiquent la justice agissent par impuissance de commettre l’injustice”. Cela voudrait dire que les hommes ne suivent la loi uniquement par peur d'être sanctionnés par les forces de l’ordre et la justice. Mais cela est-il le cas pour tous les hommes ? Ne peut-on pas imaginer que certains font leur devoir sans réfléchir aux conséquences qu’ils subiraient s’ils ne le faisaient pas ? Serait-ce là la vraie définition d’un homme juste ? Cela nous amène à prendre en compte les devoirs de l’ordre des mœurs, qui ne sont pas forcément obligés par la loi, mais que les hommes respectent quand même.

Les mœurs relèvent d’une sensibilité morale qui est présente chez chaque individu car les hommes de toutes les sociétés sont éduqués en suivant des conduites relatives à la pratique du bien et du mal. C’est pour cette raison que les devoirs moraux ne sont en principe pas effectués par les hommes à cause d’une contrainte extérieure, comme c’est le cas pour les devoirs juridiques que nous venons de traiter mais grâce à une conscience individuelle. Selon Kant, il suffit à l’homme de faire usage de sa raison pour connaitre son devoir moral. Il considère que le devoir est impératif et dépend de la bonne volonté de l’Homme. Pour lui, toute action de l’homme est morale dès lors qu’il souhaite que tout le monde fasse la même chose. Selon ce principe, tout être humain est confronté au devoir moral qui est universel. Il estime que le devoir moral oblige de manière catégorique. Cela signifie qu'on doit agir bien, quelles que soient les circonstances et les passions contraires à ce devoir moral. Malebranche considère également que les principes moraux sont dictés par la raison, et de cette façon le devoir moral de “préférer son ami à son

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