Quelle est la place de l’école au milieu du XIe siècle ? Quel rôle joue Abélard dans cet enseignement et en quoi est-il témoin et acteur d’un esprit nouveau ?
Commentaire de texte : Quelle est la place de l’école au milieu du XIe siècle ? Quel rôle joue Abélard dans cet enseignement et en quoi est-il témoin et acteur d’un esprit nouveau ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar TaytayPoppins • 19 Mars 2023 • Commentaire de texte • 2 496 Mots (10 Pages) • 263 Vues
Commentaire Abélard
“Dès qu'on eut connaissance de ma retraite, les élèves commencèrent à accourir de toutes parts.” Ces mots, ce sont ceux de Pierre Abélard, philosophe et théologien chrétien français. La renommée de Abélard, né en Bretagne en 1079 et mort à l'abbaye de St Marcel en 1142, est surtout dû à ses écrits épistolaires, sa correspondance avec Héloïse, son épouse, qui restent très populaires, encore à notre époque. Mais il est aussi connu pour une œuvre rare pour son époque, une autobiographie, nommée Histoire de mes malheurs, qui relate de sa jeunesse jusqu'à ses débuts sa relation avec Héloise. Abélard est un homme épris par le savoir et l’enseignement et qui va pour certains historiens comme Jacques Le Goff, permettre de comprendre cette “renaissance du XIIe siècle”. Une renaissance que l’on attribue à une croissance urbaine et un savoir qui se disperse et, qui contribue à un essor culturel en Occident. En effet, il est le porteur d’une nouvelle forme de philosophie : le conceptualisme qui va lui attirer bien des rivalités tout au long de sa vie. Bien que le point de vue du texte insiste sur le succès de l’auteur, il permet de mieux comprendre sa vie et ses nombreuses querelles. Mais alors, quelle est la place de l’école au milieu du XIe siècle ? Quel rôle joue Abélard dans cet enseignement et en quoi est-il témoin et acteur d’un esprit nouveau ? Ainsi, après avoir étudié Abélard et sa philosophie, nous verrons les différents conflits auxquels il a été confronté. Enfin, nous analyserons l'essor des écoles dans une période charnière qu’est le XIIe siècle.
I- Abélard, philosophe d’un esprit nouveau
A- Une enfance et des lettres.
Abélard est donc né dans le Pallet, situé en Bretagne, “la petite Bretagne opposée à la grande” comme il écrira.. Le début de L’Historia Calamitatum permet de renseigner sur sa carrière scolaire. En effet, son père lui éduque l’art de la guerre et les arts des lettres. Mais, différemment de nombreux petits garçons de son époque, il préfère l’enseignement plutôt que les armes. L’on peut remarquer dès le début une certaine instruction lorsqu’il cite Mars et Minerve, divinités romaines. Il est alors instruit aux écrits romains qui vont forger ses connaissances littéraires. Plus tard dans son œuvre, on remarque cette éducation de l’histoire romaine et de la mythologie lorsqu’il en cite des figures emblématiques comme Ajax, Pompée ou Lucain. Il manifeste à l'évidence des qualités intellectuelles tout à fait exceptionnelles pour aborder les disciplines littéraires.
“ Préférant l’armure des raisonnements dialectiques à tous les autres enseignements de la philosophie: j'échangeais donc contre ces armes-là les autres, et préférait aux trophées de guerres les combats des disputes.” C’est donc les occasions de tournois et de victoires que paraît chercher principalement ce bouillant chevalier de la philosophie et de la dialectique. C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'il vient à Paris pour prendre part au cours du plus célèbre maître de logique de son temps, Guillaume de Champeaux, et finalement investir la place et s'installer dans son école. Il reste cependant attaché à sa terre natale, au point d’y retourner plus tard vers 1112 où il doit se rendre pour assister à l'entrée au monastère de ses parents. Son père Bérenger se fait moine - peut-être à Saint-Sauveur de Redon - et sa mère l'imite en rentrant comme moniale - peut-être à Fontevrault.
B- Une théologie à succès.
Bien que relevant des qualités exceptionnelles pour les lettres, son impact sur la philosophie n’est pas moindre. A cette époque, la philosophie est séparée en 2 grands mouvements, le nominalisme et le réalisme, notamment représenté par Guillaume de Champeau. Ces 2 doctrines sont au cœur d’un vif débat appelé “Guerre des Universaux” dont Abélard cite. Ces dernières sont assez complexes mais l’une veut que le concept précède la chose, que les universaux sont vraiment des choses (res), des réalités qui existent hors de l'esprit humain, c’est le réalisme et l’autre réduit les « universaux » au statut de simples noms et en fait donc des entités purement linguistiques, c’est le nominalisme. Or, pour Abélard, la dialectique s'apparente à la logique. En effet, ce dernier crée un nouveau mode de pensée pour l’époque, une nouvelle doctrine, le conceptualisme. Pour faire simple, le conceptualisme est une théorie philosophique selon laquelle un concept est un objet mental, et uniquement cela. Concept qui s’oppose directement au réalisme, d’où la querelle entre Abélard et Guillaume de Champeaux. Il force même son maître à modifier voir détruire ses propres théories. Cette nouvelle doctrine va lui permettre de regrouper plusieurs disciples qui viendront séjourner à sa future école pour l’écouter instruire.
Mais, en plus d’apporter une philosophie novatrice, il révolutionne le monde des Écritures Saintes, de la sacra pagina. En effet, en prouve le commentaire d’Ezéchiel rédigé en une soirée et qui lui fera connaître un grand succès, succès tel que des élèves du maître Anselme de Laon se tournent vers l’étude du commentaire d’Abélard. Il faut aussi noter que Abélard est le premier à utiliser le terme de THÉOLOGIE (theologia) comme on l’emploie encore aujourd’hui.
Mais un tel succès fait forcément naître de la jalousie chez ses adversaires, et notamment ses maîtres.
•II- Une kyrielle de conflit
A- Abélard et Champeaux : quand l’élève dépasse le maître
Tout d’abord présentons le maître d’Abélard. Guillaume de Champeaux ( né en 1070 et mort 1121), est un archidiacre et maître de l’école cathédrale de Paris, qu'il quitte en 1108, sûrement suite à sa controverse avec Abélard. Il enseigne principalement le Trivium (c'est-à-dire de la grammaire, la rhétorique et la dialectique), dont il est le plus célèbre de son époque, comme le dit si bien Abélard. Il se retire à l'ermitage de Saint-Victor avec quelques disciples et fonde le monastère Saint-Victor de Paris de chanoines réguliers, qui devient très célèbre. Enfin, en 1113, il devient évêque de Châlons-sur-Marne est ce, jusqu'à sa mort.
La relation qu'entretiennent les 2 hommes, bien que d’abord tout à fait normale, devient rapidement ennemi/ennemi. Abélard arrive à réfuter certaines théories et comme dit précédemment, à les détruire. Ces derniers se disputent régulièrement à propos des “universaux” au point de se faire interdire d’enseignement au sein de école.
Il décide de fonder une école à Melun, résidence royale. En effet, en 1016, la ville de Melun est rattachée au domaine royal pour les trois siècles suivants, servant de lieu de séjour ordinaire des rois, des princes et des seigneurs. Mais son ancien maître décide de l' en empêcher.
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