Commentaire de document - Extraits de la fatwa d'Ibn Taymiyya justifiant le djihâd contre les Mongols
Commentaire de texte : Commentaire de document - Extraits de la fatwa d'Ibn Taymiyya justifiant le djihâd contre les Mongols. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar LorelC • 17 Octobre 2023 • Commentaire de texte • 3 263 Mots (14 Pages) • 271 Vues
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Extraits de la fatwa d'Ibn Taymiyya justifiant le djihâd contre les Mongols
Ce texte se compose de trois extraits de fatwa d'Ibn Taymiyya. Ce sont des opinions juridiques, décision juridique de droit religieux, destinées aux Mamelouks, Syriens et Égyptiens, et plus particulièrement, sans doute aux habitants de Damas et des environs. Il rédige ce texte pour résister aux Mongols et persuader Damas de ne pas se soumettre à eux. Il justifie le djihad contre les Mongols.
Taqî Al-Dîn Ibn Taymiyya est un théologien, jurisconsulte de l'école ḥanbalite, qui quitte Harran, sa ville natale pour aller à Damas, au moment de l’arrivé des Mongols, il y enseigne l'exégèse coranique. Il attaque les innovations, et sera un grand détracteur du ṣūfïsme d'Ibn ‘Arabī, il condamne ce qu’il juge être des déviations mais prône une doctrine de conciliation pour le reste. Il est accusé d’anthropomorphisme et est emprisonné plusieurs fois en Égypte. Il écrit pendant ses incarcérations. Il finit sa vie à Damas, où il retourne en 1313, comme chef d’école, mais est plusieurs fois remis en captivité et meurt dans la citadelle de Damas.
Ce texte est écrit au début du XIVème siècle, entre 1300 et 1313, pendant les assauts mongols contre les Mamelouks. En effet la fin du XIIIème siècle et le début du XIVème voient des conquêtes mongoles vers la Syrie. En 1260, Hülegü ouvre la route vers l’Égypte mamelouke en envahissant le Moyen-Orient. Il est alors rappelé en Mongolie par la mort de Möngke, pour une assemblée des Khans. L’armée qu’il laisse là-bas est battue à la bataille d'Aïn Djalout puis à Homs, les mongols se retirent. En 1281, Mangou Temur, frère de l’il-khan Abaqa, se heurte aux Mamelouks dirigés par le sultan Qala'ûn, il perd et prend la fuite. En 1295, l’Ilkhan Ghazan Khan se converti à l’islam, et décide de reprendre les conquêtes vers l’orient.
Dans la première partie l’auteur replace sa fatwa dans le contexte, en rappelant l’arrivé des Mongols en Syrie en 699 de l’hégire, puis il décrit les actent qu’ils y ont commis. Il condamne leurs actes et interroge sur l’obligation de faire le djihad contre les Mongols.
Ensuite, l’auteur répond à cette question, si des personnes ne respectent pas les lois de l’islam il faut les combattre. Il décrit des actes commis par les Mongols à l'encontre des musulmans Mamelouks (tuer des musulmans, les capturer, enlever des enfants, violer des femmes, incendier des Mosquées par exemple). Les troupes Mongols sont définies comme des infidèles, des associationnistes. Les Mongols qui se rattachent à l’islam sont décrits comme insuffisamment pieux, ils ne prient pas et ne respectent pas toutes les lois de l’islam, ils respectent également d’autres lois qui les pousse à les abandonner. Ces Mongols convertis à l’islam respectent plus des impies braves que des musulmans pieux et ne mène pas le djihad contre les infidèles et contre les gens du livre, les chrétiens alors que c’est obligatoire selon les musulmans, ils pratiquent donc un islam différent. Ibn Taymiyya rappel que lorsque certains se séparent de la communion des musulmans il est nécessaire de les combattre comme Ali l’a fait, il est donc normal de l’appliquer aux Mongols également.
Sur quoi repose la nécessité du djihad contre les Mongols aux yeux d’Ibn Taymiyya ?
Nous répondrons à cette question à travers trois parties. Dans un premier temps nous reviendrons sur les évènements qui sont au centre de cette fatwa, en détaillant les oppositions entre Mongols et Mamelouks de 699 de l’hégire puis à travers les méfaits dont sont accusés les Mongols. Nous verrons ensuite, que ces oppositions sont liées à une différence de point de vue, à une vision de l’Islam différente, tant à travers des systèmes de valeurs des Hommes, qu’à travers la pratique de la religion, ou des lois et des coutumes des deux peuples. Et nous terminerons, avec la nécessité de mener le djihad contre les Mongols aux yeux de Taqî Al-Dîn Ibn Taymiyya, puisque le djihad serait la solution logique aux vues des pratiques Mongoles, ce que l’auteur nous montre à travers un texte engagé.
La fatwa d’Ibn Taymiyya se base sur des faits produits lors de confrontations entre mamelouks et mongols. Ces derniers « se sont avancés en 699 de l'hégire » (l. 1-2 texte 1). Ce passage fait référence à la bataille de Wadi al-Khazandar ou troisième bataille de Homs, à la prise de Homs, de Damas et des environs par Ghazan Khan et ses alliés, datant de fin décembre 1299 début janvier 1300. Ghazan Khan justifie son invasion de la Syrie par des motifs religieux, « ils prétendaient interdire de combattre à qui les combattait, soutenant suivre les fondements de l'islam » (l.7-8 t. 1), il viendrait envahir en réponse à la présence et aux actes des Mamelouks en territoire Ilkhan. Même si le titre de Pādišāh al-islām(roi de l’islam) qu’il a pris au moment de sa conversion à l’islam pourrait plus nous faire pencher en faveur d’une ambition de conquérir le monde islamique. Les Mongols remportent cette bataille, et se dirige vers Damas, « ce peuple a marché contre la Syrie pour la première fois en l'année 699 de l'hégire. Ils ont accordé la vie sauve aux habitants de Damas et en ont lu le texte sur le minba » (l.31-32 texte 2) Le texte lu dont il est question est le texte que Ghazan Khan a fait lire à la grande mosquée de Damas, texte où il exprime sa volonté de gouverner en accord avec la sharia, en respectant l’islam, contrairement, selon lui, aux Mamelouks, qui délaisseraient leur peuple.
Ghazan Khan prétend venir en Syrie en représailles d’actes commis à Mardīn, lors d’une incursion Mamelouke, il est question de beuveries dans les mosquées et d’orgies avec des filles de musulman pendant le mois de ramadan. Or Ibn Taymiyya l’accuse de fait similaire durant les événements de 699 de l’hégire : « ont fait prisonniers les enfants de musulmans dont on rapporte qu'ils étaient au nombre de cent mille ou plus […] ils ont capturé et tué d'une manière que nul ne sait sinon Dieu, au point que l'on raconte qu'ils ont capturé près de cent mille musulmans. Ils se sont livrés à la fornication avec les meilleures femmes des musulmans au milieu des mosquées et ailleurs […]. Ils ont rasé la grande mosquée qui se trouve à al-‘Uqayba» (l. 33 à 38 t.2). Chaque élément rapporté par Ibn Taymiyya est considéré comme un acte répréhensible. Mais ces pillages ont probablement été effectués par les troupes arméniennes, qui ont pillés les environs
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