Quels rôles a joué le Fort Royal de l’île Sainte Marguerite durant l’époque Moderne ?

Younes Soltane / Kyllian Christian / Emma Rodriguez

Introduction : 

Les îles Saint-Honorat et Sainte-Marguerite sont deux petites îles côte à côte formant, avec d’autres rochers inhabités, un archipel nommé les îles de Lérins. Saint-Honorat et Sainte-Marguerite sont les deux principales îles et ont chacune d'elles leur petit palmarès, Saint Honorat étant connu pour son monastère et Sainte-Marguerite pour son fort royal. Elles sont situées en France et plus précisément dans le département des Alpes maritimes en Provence comme on peut le voir en bas à droite de l’archive de la carte de France (voir archive n°1). Si l’on se penche plus précisément sur la région en bas à droite, on voit sur cette carte de la Provence que les îles de Lérins sont au large de la ville de Cannes soit à l’extrême Sud-Est de la Provence (voir archives n°2).  Nous choisirons pour ce dossier l’île de Sainte-Marguerite en particulier. Il y a sur l’île en plus du fort, un chantier naval qui date du passage des romains sur l’île, des Fours à faire rougir des boulets avec des canons pour se protéger des envahisseurs. Mais nous, ce qui nous intéresse le plus c’est le fort royal qu’on peut situer sur cette archive de carte de l’île Sainte-Marguerite sur la pointe la plus au nord de l’île (voir archives n°3).

C’est pourquoi nous allons nous demander quels rôles a joué le Fort Royal de l’île Sainte Marguerite durant l’époque Moderne ?

Pour y répondre, nous avons opté pour un plan en 2 parties, avec une première partie nommée “structures et origines du Fort Royal” et une seconde nommée “les rôles du Fort Royal”. La première partie traitera des origines du Fort Royal et des structures et fortifications de celui-ci. Et la deuxième traitera de la prison d’État du Fort Royal ainsi que les rôles militaires du Fort.

1. Structures et origines du Fort Royal

1. Origines du Fort Royal

Vers 410, Honorat d’Arles s’installe sur l’île Lérina et décide d’y construire une abbaye (voir image n°4)

Plus tard, vers 1560, la congrégation réformiste de Sainte-Justine de Padoue et du Mont-Cassin, qui avait entrepris de réformer l'abbaye de Lérins, propose au roi de France de construire un fort sur l'île Sainte-Marguerite. Cette proposition est réitérée vers 1600 par Guillaume du Vair, le président du parlement de Provence. En 1617, le Duc de Guise donne pour mission à Jean de Bellon de réaliser la construction d'un fort destiné à verrouiller l'accès à Cannes après que son frère cadet (Claude de Lorraine) lui ai cédé l’île (voir image n°5).

Mais c’est très certainement entre 1624-1627, peut-être sous les ordres de l'ingénieur du roi en Provence, Jean de Bonnefons que la fortification aurait été construite sur l'emplacement de vestiges datant de l'antiquité romaine comme les citernes romaines du Ier siècle. À partir de 1635, l’édifice est agrandi et renforcé par les Espagnols qui occupent les îles de Lérins. En 1637, les Français reprennent l’occupation des îles après la bataille de Lérins et améliorent encore la forteresse sous les instructions de Sébastien Le Prestre de Vauban et lui donnant sa physionomie moderne telle qu’on la connaît aujourd’hui et le nom de Fort royal (voir image n°6)

1. Structures et fortifications du Fort

Le fort royal a connu une évolution constante au cours des années depuis sa création, une évolution qui est rythmée par le passage d'envahisseurs, de réformateurs et de projets de fortification. Initialement, le fort royal est une simple petite fortification de forme polygonale et peu organisée accueillant le manoir de Jean de Bellon et est situé à la limite de la falaise. (voir archive n°7)

Cependant le fort va évoluer avec notamment l'arrivée des espagnols qui débarquent sur les îles de Lérins en 1635 avec 3000 hommes et vont s’en emparer. Ils débutent alors un projet de fortifications des îles car nous sommes dans un contexte de guerre (guerre de Trente Ans contre l’Espagne) et qu’il faut préserver cette île nouvellement envahie qui constitue un point militaire stratégique. Dans ce projet de fortification, les espagnols créent de nouvelles murailles et fossés dans le but de rendre cette forteresse imprenable. Comme nous le dit les inscriptions de cette archive ci-dessous, les fortifications peintes en noir sont les modification apporté par les espagnol dans leurs projets et donc on peut voir cette grande expansion aller au-delà des limites initiales qui sont représentées sur le document par les pointillés superposés en transparence sur le plan.

Les nouvelles modifications apportent 3 bastions tournés côté terre séparés par des courtines (les bastions correspondant au 3 pics sortant et les courtines correspondant au parcelle de remparts qui les sépare). Côté mer, les 2 courtines se finissent par deux demi-bastions (voir archive n°8).

Avec la représentation en relief ci-dessous, il est plus facile de cerner le principe de fausse et de rempart qui est grandement utilisé pour la fortification de cet édifice. On voit effectivement que derrière les remparts fraîchement construits par les espagnols, se trouve un espace creux assez profond et sans échappatoire ayant pour but d’empêcher les intrusions. La seule entrée est alors celle qui se trouve au bout du chemin tracé ci-contre (voir archive n°9).

Suite à la reprise des îles de Lérins par l’armée française, une nouvelle vague de fortifications vient modifier le fort royal. En effet, c’est grâce à Richelieu en 1650 que des projets de renforcement du fort par les dehors sont présentés. On voit l’apparition alors de demi-lune qui sont des ouvrages extérieurs en forme de « V » destiné à protéger les courtines et les bastions. Ces demi-lunes sont présentées ci-dessous en avant des courtines dirigées vers la terre, elles-mêmes entièrement entourées de vides (voir archive n°10 et 11).

C’est aussi sous ces modifications qu’on voit apparaître la Porte Royale qui est tout simplement l’unique entrée dans le fort comme vue précédemment. Pour y accéder, il est nécessaire de passer par la demi-lune qui joue le rôle de petit îlot de contrôle entouré de vides. Et l’entrée ainsi que le bout de terre non renforcé sont liés à cette demi-lune via des ponts. L’image en perspective ci-contre illustre bien ces dires (voir archive n°12).

 Pour finir cette partie, les dernières fortifications du fort royal sont celles liées au projet Vauban suite à sa visite du fort en 1682. Il demande certaines modifications pour parfaire le fort, mais elles ne sont pas toutes appliquées car comme Antoine Niquet l’écrit dans une lettre «… il y a bien autres choses à faire à cette place pour la mettre en état de défense mais à quoi bon ?… elle ne garde ni port ni rade… elle n'est par conséquent bonne à rien, son entretien, sa garnison sont à charge de l'État». On gardera cependant quelques modifications comme le passage de magasins à poudres dans l’espace vide d’un bastion comme on peut le voir sur l’image ci-dessous, ou la transformation des puits en citerne (voir archive n°13).

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