Pensez-vous qu’entre les luttes féministes du XIXe siècle et notre époque, la société française soit parvenue à établir l’égalité entre les hommes et les femmes ?

Pensez-vous qu’entre les luttes féministes du XIXE siècle et notre époque, la société française soit parvenue à établir l’égalité entre les hommes et les femmes ?

« La femme nait libre et demeure égale à l’homme en droits ». Ainsi débutait la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne écrite à la fin du XVIIIE siècle par Olympe de Gouges. Cette citation, considérée comme l’une des précurseurs du féminisme, a donc donné suite à de nombreuses luttes prônant l’égalité femme/homme, notamment au XIXE siècle, au sein de la société française. Mais on peut se demander si depuis, entre les luttes féministes du XIXE siècle et notre époque, la société française est parvenue à établir l’égalité entre les femmes et les hommes. Après avoir vu que la société française semble être parvenue à instaurer une certaine égalité entre les femmes et les hommes, nous verrons qu’il subsiste encore des inégalités. Enfin, nous nous demanderons s’il ne convient pas de donner à cette lutte nationale une dimension internationale visant à mettre en place l’égalité femme/homme dans le monde entier.

A priori, grâce aux luttes féministe du XIXE siècle, on pourrait penser que la société française est bien parvenue à établir l’égalité entre les femmes et les hommes.
Tout d’abord, on sait que l’égalité juridique entre les femmes et les hommes est théoriquement acquise. En effet, celle-ci a été admise par la Constitution de 1946, qui abolit quasiment toutes les mesures législatives distinguant les femmes des hommes que ce soit dans le domaine du travail ou celui de la famille. Par ailleurs, depuis le 21 avril 1944, « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Elles peuvent donc voter et se présenter à des élections, ce qui constitue une grande avancée sociétale quand on prend en compte le fait qu’avant ça, les femmes demeuraient mineures toute leur vie du fait, comme rapporté par George Sand au XIXE siècle, d’une « législation qui place en effet la femme dans la dépendance cupide de l’homme, et qui fait du mariage une condition d’éternelle minorité ». 

Ensuite, on peut affirmer que les femmes ont à présent accès à l’éducation quand, au XIXE siècle, Louise Michel devait encore s’étonner dans ses Mémoires qu’« il y eût   un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l’intelligence comme s’il y en avait trop dans la race ». Ce droit à l’éducation des filles ne fut réellement acquis qu’en 1975 avec la loi Haby, qui instaure la mixité obligatoire dans tous les établissements scolaires : il ne peut donc plus y avoir de différences dans les programmes enseignés aux deux sexes. On peut donc aujourd’hui clamer haut et fort que les filles ont tout à fait leur place à l’école : elles ont d’ailleurs de meilleurs résultats que les garçons puisqu’on peut voir qu’en 2022, 70% des filles ayant passé le bac l’ont obtenu contre 61% des garçons alors que, dans le passé, les hommes refusaient aux jeunes filles l’accès à l’éducation car ils jugeaient que celles-ci n’étaient pas assez intelligents pour aller à l’école. N’était-ce pas plutôt par « crainte de l’égalité » comme le supposait Hubertine Auclert ?

Enfin, on remarque une évolution dans les mentalités françaises pour ce qui est d’admettre l’égalité entre les femmes et les hommes. En 2018, 58% des Français se déclarent ouvertement féministes. L’égalité entre les compétences des femmes et des hommes est à présent acceptée par une grande partie de la population française.
87% des Français considèrent que les femmes ont autant de chances de réussir dans les sciences que les hommes. 78% pensent qu’elles ont autant l’esprit mathématique que leurs congénères masculins. C’est une grande avancée quand on sait qu’encore au milieu du XXE siècle, les femmes étaient limitées à leur rôle de ménagères, cantonnées au foyer, comme le dépeint Simone de Beauvoir à de nombreuse reprises dans son ouvrage Le Deuxième Sexe. Elle nous raconte par exemple comment certains prétendent déduire que « la place de la femme est au foyer » en faisant mine
de s’appuyer sur le processus de fécondation de l’ovule par le spermatozoïde. Le regard de la société française sur l’égalité femme/homme a donc bel et bien évolué entre les luttes féministes du XIXE siècle et notre époque. 

Pourtant, malgré les luttes féministes, des inégalités entre les femmes et les hommes persistent au sein de la société française.

Dans un premier temps, on peut encore constater de nombreuses inégalités entre les femmes et les hommes dans le domaine du travail. En 2019, on relève toujours une importante différence de salaire entre les hommes et les femmes, ces-dernières gagnant en moyenne 22% de moins que les premiers. Elles parviennent également plus difficilement aux postes haut placés que les hommes. Par exemple, seulement 20% des maires sont des femmes en France.

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