La Seconde Guerre Mondiale Et La mémoire
Mémoire : La Seconde Guerre Mondiale Et La mémoire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar turquoise • 29 Avril 2012 • 3 851 Mots (16 Pages) • 1 935 Vues
INTRODUCTION
Depuis ces dernières années, les mémoires de la Seconde Guerre mondiale sont de plus en plus médiatisées. La mémoire tire sa force des sentiments qu'elle mobilise : elle installe le souvenir dans l'affectif, voire le mythe et le sacré. Ouverte à la dialectique de l'amnésie et du souvenir, guère conscient de ses enrichissements et déformations successives, elle est en évolution permanente et susceptible de longues latences et de soudaines revitalisations. Elle recèle aussi d'étonnantes richesses : la force d'une expérience, la restitution des représentations dominantes d'une époque, la capacité à intégrer.
En effet, plusieurs facteurs tels que les procès ont permis à la population de se forger une opinion sur les différents aspects de la seconde guerre mondiale.
Encore aujourd'hui, les avis sont très partagés.
Comment les différentes mémoires de la Seconde Guerre mondiale ont-elles évolué au fil du temps, de 1945 à nos jours?
Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale se divisent en plusieurs catégories telles que la mémoire de la déportation des juifs en France, la mémoire de l'occupation et du régime de Vichy, des résistants de l'intérieur, la mémoire gaulliste de la France libre et la mémoire communiste.
Tout d'abord, nous allons étudier leurs évolutions de 1945 à 1970. Puis nous parlerons des années 1970 à 1980, et enfin nous aborderons les années 1980 à nos jours.
Les mémoires de la Seconde guerre mondiale de 1945 à 1969
Tout d’abord nous allons parler de la glorification de la résistance, puis nous aborderons la mise en place de la mémoire.
Glorification de la résistance
La majorité des Français veut oublier les années sombres de l’Occupation. La cérémonie du transfert des cendres de Jean Moulin (1899-1943) symbolise le rôle qu’il a joué et fait joué à la Résistance. Le Général de Gaulle veut effacer les dissensions entre les Français pour pouvoir reconstruire le pays politiquement et économiquement. Après l’épuration de 1945 et 1946, on choisit de ne voir que l’aspect glorieux de la guerre, c'est-à-dire la Résistance.
De 1945 à 1961, peu de personnes s’intéressent à la mémoire de la Shoah. Cependant, certains ont voulu garder des traces. Le CDJC (centre de documentation juive contemporaine) est creé dans la clandestinité à Grenoble par Isaac Schneerson (1880-1969) en 1943 pour préserver sans attendre toutes les preuves possibles des différents aspects du martyr juif. En 1980, c’est le CDJC qui a transmis à la justice le télex de Barbie annonçant la liquidation de la maison d’Izieu. L’idée d’un mémorial en Israël naît en 1942. Mais c’est l’incompréhension qui domine. Une barrière de sang sépare les rescapés des autres.
En Israël, un tiers des Israéliens sont des rescapés de la Shoah, mais ils gardent le silence, craignant d’offrir l’image du juif courbant l’échine dont les pionniers ne veulent pas. Une inflexion se produit cependant dans les années 1950 avec la publication du livre de Léon Poliakov (1910-1997), Le Bréviaire de la Haine. Yad Vashem est creé en 1953.
Une lecture unanimiste de la Résistance se met en place dès la fin de la guerre. L’histoire est verrouillée par le mythe. Une masse d’ouvrages sont publiés entre 1944 et 1951. C’est le temps de la littérature brûlante, héroïque, célébrant le geste des maquis. La figure centrale de la Résistance alors n’est pas Jean Moulin, mais Pierre Brossolette (1903-1944). La guerre froide ne brise pas le mythe unanimiste de la Résistance, car le PCF (Parti Communiste Français) puise dans la lecture de sa résistance le moyen de sa pérennité. L’apogée se situe en 1964 avec le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon et le discours d’André Malraux (1901-1976).
La mémoire résistante offre un cadre structurant à la mémoire collective et aux valeurs des Français. Jusqu’à la fin des années 1960, domine une lecture de l’Occupation qui se nourrit de la prise en charge efficace du souvenir et de la commémoration par le parti communiste et les gaullistes, de la force avec laquelle le général de Gaulle (1890-1970) affirme l’unanimité nationale et la contribution de la France à la victoire, de la vision héroïque que diffuse majoritairement l’édition et le cinéma, à l’image de l’œuvre de René Clément (1913-1996).
Malgré l’unanimité affichée qui tend à nier la spécificité du combat des résistants, les déchirures de la guerre froide qui se répercutent au sein des associations, l’amnistie de 1957 et 1953 ou les aléas de la célébration du 8 mai qui choquent une partie des résistants, la « tonalité » résistancialiste domine toujours.
La mise en place de la mémoire
Dans l’après-guerre, la singularité du génocide est peu reconnue : il est inclus dans la déportation, voire dans la somme des souffrances de l’Occupation. L’amalgame est fait entre tous les types de camps dont Buchenwald et Dachau constituent les exemples emblématiques. Les associations juives souhaitent d’abord affirmer leur appartenance à la communauté nationale, et leurs urgences vont à l’entraide et à la reconstitution. Les témoignages des rescapés des centres d’extermination, nombreux dans les toutes premières années de l’après-guerre mais difficilement reçus par la société, se tarissent ensuite. Nuit et Brouillard (1956), d’Alain Resnais (1922) et Jean Cayrol (1911-2005), qui concerne le système concentrationnaire dans son ensemble et présente une vision univoque du camp et du déporté, apparaît révélateur de cette période d’une quinzaine d’années.
Le peuple juif est souvent représenté comme un peuple de la mémoire (« se souvenir » apparaît plus de cent soixante fois dans la Bible.). En 1957 ouvre le mémorial du martyr juif inconnu, rituel laïque comparable avec celui du culte républicain du soldat inconnu. En 1961, le procès Eichmann (1906-1962) fut un tournant majeur dans la construction de la mémoire de la Shoah. Il y avait déjà eu Nuremberg, qui était surtout le procès des crimes du nazisme. Le procès Eichmann fut un procès pour l’histoire. Pour la première fois,
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