Le grand Schisme d’Occident
Analyse sectorielle : Le grand Schisme d’Occident. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar davehansen • 9 Février 2014 • Analyse sectorielle • 2 370 Mots (10 Pages) • 837 Vues
Le grand Schisme d’Occident
– La papauté d’Avignon contre la papauté de Rome.
Avec Boniface VIII, le dernier des grands assauts de la théocratie était venu buter contre la monarchie capétienne. Après le « bref » pontificat de Benoit XI, du 11 octobre 1303 au 7 juillet 1304, qui, bon gré mal gré, accepte la fiction de l’irresponsabilité du roi de France dans l’affaire d’Anagni, avant de mourir, peut-être empoisonné, c’est le français Clément V qui devient pape en 1305. Ce pape est sous l’influence directe du roi de France. D’ailleurs, il est moins souvent à Rome qu’en France. C’est « un pape français entouré de français », au service de la monarchie capétienne.
Mais, à la suite du procès des Templiers, et de la suppression de cet ordre monastique né des Croisades, en 1312, la Papauté met fin à son exil en France, à cette « captivité de Babylone » et retrouve le siège romain avec le pontificat de Grégoire XI, nommé à Avignon en 1376 et entrant dans Rome en 1377. Le refus des avignonais de céder face à Rome sera la cause du Grand Schisme qui divisera la Papauté durant quelques quarante années.
L'origine du Grand Schisme se situe en 1378, après la mort de Grégoire XI, année funeste pour l’Eglise qui est confrontée à l'élection quasi-simultanée de deux Papes, qui reflète, outre les tensions internes à l’Eglise elle-même, la montée d’un nationalisme italien qui est exaspéré par la mainmise française sur la Papauté. C’est pour la Papauté (en tant qu’institution) une épreuve plus humiliante encore que la « querelle » du siècle précédent. D'autant plus que le monde politique temporel tout entier prend position dans cette rivalité entre Rome et Avignon :
L'empereur et le roi d'Angleterre optent pour Urbain VI à Rome
Le Roi de France Charle V défend Clément VII à Avignon
Se pose dès lors la question du règlement de ce conflit.
L'une des solutions consiste en la déposition de l'un des Papes.
Celui italien de Rome, élu le 8 avril 1378, sous la pression populaire.
Celui français d’Avignon, élu le 20 septembre, avec l’aval de la monarchie.
Le « schisme » ainsi crée n’aurait pas duré s’il n’y avait eu le problème des « obédiences », symptômatique du fait que la politique s’en est emparée, prolongeant le combat des nationalismes au sein de l’Eglise dont « l’universalité » traditionnelle ne correspond plus aux réalités nouvelles. Ainsi, le roi de France donne son obédience (= obéissance spirituelle) au pape français, tandis que l’Angleterre, l’Italie et l’Allemagne ne reconnaissent que l’autorité spirituelle d’Urbain VI, à Rome. Du coup, deux autorités concurrentes sont légitimées. La période qui s’ouvre est marquée par les rivalités et les luttes de pouvoir à tous les degrés de la hierarchie ecclésiastique, des paroisses jusqu’aux Curies (= cours pontificales), romaine ou provençale. Et on entend déjà parler du rôle modérateur des conciles d’évêques, qui interviennent lors des « vacances » de l’un ou l’autre siège. De plus, forte de sa situation prépondérante dans le monde intellectuel, l’université de Paris entreprend de résoudre le conflit en faisant pression sur la cour vacillante de Charles VI, le roi fou, afin qu’il accepte de retirer son obédience au Pape français et qu’ainsi l’Eglise retrouve son unité.
En 1394, à la mort du pape français Clément VII, le nouveau pape, Benoit XIII, promet de tout faire pour régler le problème : « j’aurai aussitôt fait de déposer mon pouvoir que d’enlever ma chape ». Mais, en 1398, lorsque le roi de France prononce solennellement une « soustraction d’obédience », il refuse de céder : « plutôt la mort ». Un concile d'évêques français intervient et décide que l’Eglise de France cessera d'obéir à Benoit XIII tout en restant neutre. Mais, cela ne suffit pas à résoudre la question, d’autant plus la « soustraction » péniblement arrachée au roi de France est annulée en 1404.
Un nouveau concile d'évêques français, réuni en 1406, prend le contrepied du précédent et, loin de réclamer le départ du Pape, affirme l'indépendance de l'Eglise de France quant aux regles disciplinaires : l'Eglise « gallicane » veut être la propre source de son droit (glissement ver un gallicanisme de plus en plus politique). Les pressions politiques s’exercent désormais indifféremment sur les deux Papautés : « que les rivaux s’entendent donc entre eux ! ».
La tentative menée par les docteurs de l’Université de Paris tourne vite à la « comédie dérisoire ». C’est le colloque manqué de Savone auquel se rendent les Papes Benoit XIII et Grégoire XII, dont l’intransigeance n’a d’égale que le rigidité psychologique, chacun rejetant sur l’autre l’entière responsabilité du Schisme. Cela joue en faveur des thèses concilaires, puisque, d’évidence, « le souverain pontificat mène l’Eglise dans l’abîme ».
– La mise en avant des conciles œcuméniques.
En 1409, le Concile de Pise, composé de quinze cardinaux tenant des deux obédiences en lice et déniant toute légitimité aux deux papes rivaux, procède leur déposition et à l’élection d’un troisième Pape, Alexandre V. Le nouveau Pape, hélas, ne parvient pas à s'imposer, malgré le Décret de Gratien (jurisconsulte romain) dont l'argument juridique autorise le concile oécuménique à déposer le pape qui, par ses agissements contraires aux intérets et à l'unité spirituelle de l'Eglise, se serait rendu coupable de déviation et d'hérésie (ce qui parait être le cas des deux premiers papes, campant chacun sur leur position et divisant de fait l' Eglise). L’obstination de Rome et d’Avignon aggrave la situation, rendant le schisme « tricéphale ».
La solution viendra d’un homme et d’un Concile dont il permet la réunion. Sigismond d’Autriche, roi de Hongrie, donne asile au Pape Jean XXIII, qui est le successeur d’Alexandre V, mort en 1410. Il obtient le ralliement de la France et, grâce à sa protection, le Pape à la double légitimité, romaine et avignonaise, parvient à prendre l’initiative d’un nouveau concile dans la ville de Constance où vont se tenir « les grandes assises de la chrétienté ».
En 1415, le
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