BBC de Company à Corporation
Étude de cas : BBC de Company à Corporation. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jiejia • 8 Décembre 2022 • Étude de cas • 2 539 Mots (11 Pages) • 234 Vues
De la company à la corporation, les origines de la BBC
La communication sans fil est d’abord vue par le gouvernement anglais comme un outil strictement militaire. A la fin de la première guerre mondiale, le premier ministre anglais interdit toute les demandes de licence pour diffuser des ondes radio qu’elles soient publiques ou privées dans la peur que sa commercialisation interfère avec ce qui devait rester un outil sérieux et rigoureusement contrôler. La Marconi Wireless Telegraph Company, qui détient de nombreux brevets pour la radio, insiste particulièrement dans ses demandes répétées, dans l'espoir que ses émissions contribuent à vendre davantage de récepteurs. Le Comité impérial des communications - un sous-comité du Comité impérial de la défense - se saisit de la question en avril 1922. L'un de ses membres s'était rendu aux États-Unis et en était revenu avec des récits terrifiants sur la quasi-anarchie qui y régnait déjà sur les ondes, dans un marché totalement non réglementé. Ce témoignage convainc la commission de la nécessité de réglementer le système britannique : il ne doit pas y avoir de publicité pour financer les programmes, et (suite à la pression des journaux) pas d'informations diffusées non plus. Seuls les fabricants d'équipements radio doivent être autorisés à diffuser des programmes de musique, d'éducation, de religion et divertissement. Ainsi, Dès les années 1920, là où les Américains semblent louer les mérites des nouvelles techniques de communication enclines à soutenir les intérêts du gouvernement ou de grands groupes financiers, les Britanniques se sont fixé une ambition qui s’écarte de la « propagande américaine ». Dans la mise en œuvre du « service public » audiovisuel, le premier directeur général de la British Broadcasting Corporation, John Reith, prône une ligne de conduite ferme qui fait de la Corporation une institution nationale prestigieuse et appréciée. De fait, une corporation est une réunion d'individus, une organisation sociale, reconnue par l'autorité politique, regroupant tous les membres d'une même profession, ayant son propre règlement, ses privilèges. La radio, puis la télévision BBC, ont su peu à peu s’imposer dans le domaine de la gestion de l’information et donner des modalités nouvelles à la représentation et à la médiatisation de la réalité. Le succès de la BBC au sein des foyers britanniques est quasi immédiat, comptant au bout de quatre années de fonctionnement en 1926, près de deux millions d’utilisateurs. La BBC devient un modèle de service de radiodiffusion puis d’audiovisuel de qualité pour ses voisins européens, une source fiable et reconnue de productions culturelles et d’information. Dans quelle mesure la nationalisation de la British Broadcast Company met en lumière l’implication de l’état anglais dans le contrôle de ses médias. Tout d’abord, nous étudierons les origines de la BBC. Ensuite nous travaillerons sur la nationalisation de la BBC. Enfin nous nous pencherons sur la notion de service publique.
La BBC est la première organisation de radiodiffusion du monde. En effet, La British Broadcasting Company est fondée le 18 octobre 1922 par un consortium de fabricants de radio qui perçoivent une redevance sur les postes. Ce consortium réunit Marconi, GEC, British Thomson Houston, Metropolitan Vickers, Western Electric et la Radio Communication Company. La BBC lance deux radios expérimentales baptisées 2MT et 2LO et diffuse sa Première émission le 14 novembre 1922 depuis le studio londonien de Marconi. En droit anglais, une company est une société de capitaux et l’objectif de ce consortium est d’organiser la radiodiffusion sur les ondes. Ainsi, Une commission du gouvernement examine la relation entre le gouvernement et le contenu des programmes. Il est que le ministre des postes a le pouvoir d’interdire la diffusion de nouvelles qui ne sont pas dans l'intérêt du public, Le comité recommande que la BBC ne concurrence pas la presse écrite en diffusant des bulletins d'information ; son monopole lui donnerait un avantage injuste. La station londonienne de Marconi, 2LO, avait eu une altercation avec le Times (avant la création de la BBC en 1922) en lisant à haute voix des extraits de ce journal dans ses programmes. La BBC conclut un accord avec les agences de presse en novembre 1922, qui lui permet de diffuser chaque soir, bien après la publication de la presse du soir, un résumé de l'actualité fourni par ces dernières, en échange d'une part de ses revenus provenant de la redevance.
Sur la question centrale du financement, le comité a dû faire face à de nombreux désaccords. La publicité a été exclue, notamment en raison de la pression exercée par la presse écrite, qui craignait à nouveau la concurrence de la radio, mais aussi à la suite d'observations négatives faites aux Etats-Unis, où l'on estimait que la publicité avait un effet négatif sur la qualité des programmes. Les différentes catégories de licences de réception sans fil devaient être fusionnées en une seule licence de dix shillings, le GPO conservant initialement 25 %1 du prix, ce pourcentage devant augmenter avec le nombre de licences vendues. Les redevances provenant de la vente de récepteurs devaient être abandonnées. Avant la fin de l'existence de la Société, les ventes de licences ont augmenté si rapidement que le Postmaster-General (ministre des postes) décide de plafonner le revenu de la BBC à 500 000 £ par an. Le GPO conserve toutes les recettes des droits de licence au-delà de ce chiffre. La BBC commence à préparer son dossier pour le renouvellement de sa licence avant même la nomination de la commission. Reith était devenu mal à l'aise avec le statut commercial de la Société, qui est souvent utilisé comme un argument contre son monopole privilégié et ses revenus protégés par la redevance.
Malgré les réserves de certains directeurs de la Société, Reith soutient dans une soumission écrite à la commission que la "constitution quasi commerciale" de la Société devrait être abandonnée en faveur d'une nouvelle constitution en tant que service public. Le ministre des postes est largement d'accord avec le point de vue de Reith sur ce point, tout comme de nombreux témoins entendus par la commission. Les liens avec les fabricants de radios doivent être rompus, et ceux avec les auditeurs et la nation renforcés. La commission ne peut guère ne pas être d'accord : ”Nous pensons qu'une corporation publique est l'organisation la plus appropriée”. Le nouveau statut proposé de société publique permet à la BBC de conserver son monopole sans certaines des connotations négatives qui pourraient être attachées à l'absence de concurrence pour une société commerciale. Reith lui-même ne s'oppose plus au terme, et l'idée faisait l'objet d'un large consensus politique, l'importance de la radiodiffusion dans la vie de la nation ne cessant de croître. La BBC devait avoir une nouvelle constitution, mais assurer la continuité dans ses programmes et pour sa hiérarchie interne et son personnel. Des craintes sont exprimées dans certains milieux quant à l'ombre que le gouvernement et le GPO pourraient continuer à projeter sur une entreprise publique et Reith s'inquiète notamment du pouvoir que le ministre des postes détient sur la redevance.
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