Article Timothy Tackett "La Grande Peur et le complot aristocratique sous la Révolution Française"
Compte rendu : Article Timothy Tackett "La Grande Peur et le complot aristocratique sous la Révolution Française". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lauriane.brg • 11 Mars 2022 • Compte rendu • 885 Mots (4 Pages) • 377 Vues
Timothy Tackett est un historien américain né le 30 août 1845 et professeur d’histoire à l’université de Californie. Il est l’un des plus célèbres historiens de la Révolution Française et s’est notamment vu décerner la Bourse Guggenheim en 1986. L’article étudié, « La Grande Peur et le complot aristocratique sous la Révolution française », est paru en 2004 dans les Annales historiques de la Révolution Française. Cet article s’inscrit dans la lignée d’autres études publiées par l’auteur, dans lesquelles il cherche les origines d’un évènement, les raisons de sa naissance :
- Par la volonté du peuple, comment les députés sont devenus révolutionnaires, en 1997
- Le roi s'enfuit : Varennes et l'origine de la Terreur, en 2004
- Becoming a Revolutionary: The Deputies of the French National Assembly and the Emergence of a Revolutionary Culture (1789-1790), en 2006
- Anatomie de la Terreur : Le processus révolutionnaire, 1787-1793 [« The coming of the terror in the French revolution »] en 2018
En effet, dans l’article étudié, l’auteur cherche à démontrer que contrairement à ce qu’a affirmé Georges Lefebvre, la croyance en un « complot aristocratique » ne serait à l’origine de la Grande Peur. Ce serait plutôt la crainte d’une anarchie imminente qui en serait la source.
Pour montrer la faiblesse des preuves sur lesquelles s’appuient cette thèse, les recherches de Tackett se fondent sur des études antérieures à la publication des principaux écrits de Lefebvre, dont les ouvrages de Clay Ramsay et John Markoff, mais également des études locales et des documents relatant l’expérience de la Grande Peur par des particuliers.
Déconstruction de la thèse de G. Lefebvre
Parvient à démontrer que la Grande Peur « n’était pas un phénomène simultané, mais qu’elle consistait plutôt en une série de paniques en réactions en chaine provenant de cinq ou six sources et qui se déroulaient pendant une période de 3 semaines. »
Crise de subsistance + peur grandissante envers les vagabonds et mendiants + vagues d’émeutes locales + espoir suscité par la convocation des Etats Généraux = facteurs de la transformation des mini-paniques locales (dues à des rumeurs sur des brigands) en Grande Peur, mais pas suffisants. Suppose qu’il doit y avoir un autre « multiplicateur » : un complot aristocratique. Si au départ ce postulat était une hypothèse de travail, il devient ensuite une origine fondamentale de la politisation de la France rurale selon G. Lefebvre. Cette thèse est par la suite acceptée par de nombreux historiens comme Georges Rudé, Albert Soboul, François Furet, ou Simon Schama.
La première critique qu’oppose T. Tackett à la thèse du complot aristocratique de G. Lefebvre est de s’appuyer sur des sources principalement parisiennes. Bien que le terme de complot aristocratique ne soit pas utilisé à l’époque, il est indéniable que le peuple de la capitale soupçonnait les aristocrates de fomenter un complot pour mettre fin à la Révolution. La théorie du « complot de famine » était déjà présente depuis plusieurs siècles à Paris. D’autres facteurs comme une pénurie de grain au printemps 1789, l’oppositions des nobles aux réformes proposées par le Tiers-Etat, le renvoi de Necker ou l’émigration des nobles après la prise de la Bastille vont installer un climat d’anxiété dans la ville. Cela va constituer le terreau idéal au développement de cette rumeur de complot aristocratique.
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