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« L’immigration : naissance d’un « problème » (1881 - 1883) » Noiriel Gérard

Fiche de lecture : « L’immigration : naissance d’un « problème » (1881 - 1883) » Noiriel Gérard. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Septembre 2019  •  Fiche de lecture  •  1 935 Mots (8 Pages)  •  848 Vues

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Fiche de lecture

Noiriel Gérard, « L’immigration : naissance d’un « problème » (1881 - 1883) »

in Revue Agone, Histoire, politique et sociologie, n 40, pp. 15-41

Introduction

  • Gérard Noiriel est un historien français, né en 1950 à Nancy. Directeur d’études à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes de Sciences Sociales), il est considéré comme l’un des pionniers de l’histoire de l’immigration en France avec la parution de son livre Le creuset français (1988) qui établit une première histoire générale de l’immigration en France.
  • Gérard Noiriel est aussi un historien engagé politiquement puisqu’il protesta contre la mise en place du ministère de l’immigration et de l’identité nationale par N. Sarkozy en 2007.
  • Il écrit cet article dans le quarantième numéro de la Revue Agone. Il engage une réflexion autour du processus long et conflictuel qu’est l’immigration dans la seconde moitié du XIXème siècle.
  • La Revue Agone est une revue de critique politique, d’histoire sociale engagée créée en 1990.
  • Le dessein de l’historien est de montrer que l’imposition brutale du terme de l’immigration dans le vocabulaire politique français a désigné deux sortes d’inquiétudes : la question des frontières et de l’intégration des populations étrangères.
  • Après avoir présenté de façon concise la biographie du G. Noiriel et des enjeux de l’article, nous pouvons nous demander :

Comment l’immigration s’est peu à peu convertie en un phénomène complexe et problématique et comme enjeu politique à la fin du XIXème siècle ?

  1. L’instauration du terme « immigration » dans le lexique français

  1. Un exode rural limité
  • G. Noiriel utilise les travaux de Marc Bloch qui revient sur l’histoire des campagnes françaises. Les paysans avec la Révolution industrielle ont diversifié leur mode de production en travaillant à l’usine notamment lors de la saison « morte » grâce aux chemins de fer. Les effectifs ouvriers s’accroissent rapidement. Le nombre d’employés de chemin de fer passe par exemple de 31 000 en 1853 à 138 000 en 1869.
  • Une centralisation précoce des activités économiques s’organisa à Paris. Cet élément eu un double effet qui fut de dynamiser l’exode rural, mais aussi de diviser socialement les classes populaires et les notables.
  • Si l’exode rural peut être considéré comme le début des mouvements migratoires en France, les causes telles que l’exploitation agricole paysanne, la centralisation parisienne, le clivage notables-classes populaires ont limité cet exode.

B. L’immigration sous le Second Empire : prémices d’un paradigme politique

  • La révolution industrielle atteint la France tardivement : c'est sous le Second Empire entre 1851 et 1870 que celle-ci démarre réellement. Le ralentissement de la croissance démographique française depuis le XVIIIème siècle, et ce nouveau besoin de main-d’œuvre va encourager l'immigration d'ouvriers venus des pays voisins.
  • La société française est affectée par l’intensification de la mobilité avec près 800 000 personnes sous le Second Empire qui viennent grossir les rangs des prolétaires révolutionnaires à Paris. Se pose la question de l’encadrement de ces migrations.
  • De plus, les classes populaires sont perçues comme une « entité extérieure » à la nation et comme une menace pour les notables.  Ces derniers vont empêcher les migrations en tentant de « moraliser » le peuple. Cette vision négative des migrations populaires vers Paris va s’accompagner de mesures administratives par Napoléon III avec la mise en place d’un passeport intérieur (et les livrets ouvriers).
  • Si les notables ont une approche totalement différente concernant les étrangers. Une vision compatissante la fois chrétienne et charitable des notables qui en raison de leur statut social élevé estiment avoir une responsabilité morale à l’égard des pauvres. Ces propos sont rapportés dans un article du Temps consacré à « la petite Allemagne ». Ce paradoxe de regards des migrations intérieures et extérieures se concrétise lors de la signature du traité de libre-échange en 1860 entre la France et ses voisins européens qui autorisent sans aucun passeport les belges, italiens, anglais à venir en France.  
  • Les premières contestations locales commencent à apparaitre. Dans le Nord, le député P. Legrand s’indigne de la concurrence déloyale dû notamment à l’obligation du service militaire.

C. L’immigration à l’aube du tournant démocratique de 1870

  • L’avènement de la IIIème République s’est accompagné de la mise en place d’une citoyenneté républicaine qui avait pour but premier d’intégrer les classes populaires au sein de l’Etat nation pour mettre fin aux clivages. Confirmé par les évènements révolutionnaires de la Commune, la décision de démocratiser la politique est prise. Louis-Adolphe Bertillon définit l’immigration comme « l’acte par lequel un groupe plus ou moins considérable d’êtres vivants change le lieu géographique de leur séjour. ». Le savant accorde beaucoup de place au problème de l’émigration qu’à celui de l’immigration. Il rappelle les retombées économiques que génèrent le travail des étrangers dans l’économie française. Malgré le cadre national posé par Bertillon, l’irruption du mot « immigration » au début des années 1880 est assimilé dans un premier temps aux espions prussiens et donc à des ennemis à la France.
  • En juin 1881 éclate l’affaire des « Vêpres marseillaises ». Des heurts éclatent entre italiens et la foule acclament le retour du corps expéditionnaire revenant de Tunisie. La ville sera le théâtre d’affrontements violents qui feront 3 morts.
  • La matrice conflictuelle sera définitivement mise en place en mars 1882 suite à un affrontement entre ouvriers français et immigrés qui éclate à Salindres faisant un mort côté italien. Les journaux Le Temps et le Figaro s’emparent du sujet sous un angle différent mais témoignent tous les deux de l’injonction du terme immigration dans le vocabulaire usuel dans les milieux politiques et journalistes d’époque.

II. Un conflit idéologique autour de l’immigration

  1. L’immigration au cœur du clivage Gauche / Droite

  •  Dans les années 1880’, on voit émerger une opposition autour du thème de l’immigration entre « le pôle national sécuritaire » et « le pôle social humaniste » qui se prolongera au XXème siècle.  
  • La France connait une sévère crise économique durant cette décennie. Les positions politiques autour du phénomène migratoire se durcissent et notamment celles des républicains. En 1883, deux projets de loi sont déposés à la Chambre proposant de taxer les étrangers par le député conservateur du Gard A. Pieyre et le député radical C. Pradon. Ce glissement sécuritaire prendra une forme juridique avec la création d’une commission parlementaire en 1883. En 1888, un décret est adopté obligeant les travailleurs étrangers à se faire enregistrer dans la commune où ils habitent.
  • G. Noiriel analyse les raisons d’une telle efficacité des discours politiques de l’immigration. L’offensive menée par les radicaux est de dénoncer la rude concurrence entre les ouvriers français et étrangers. Cela concerne qu’une partie du problème que génère l’immigration qui est le contrôle des frontières. Mais l’assimilation des étrangers constitue la deuxième facette du problème et va donner un contenu concret au principe d’identité.
  • C’est par cette grille de lecture, que l’économiste Paul Leroy-Beaulieu publie un article sur les « troubles à Marseille ». L’élément central de sa démonstration est la suspicion de la culture des étrangers. Il expose un risque qu’ils se soulèvent contre la France en cas de guerre.

B. La nuance libérale à la tendance sécuritaire de l’immigration

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