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La nuit du 4 août 1789

Commentaire de texte : La nuit du 4 août 1789. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 291 Mots (10 Pages)  •  3 048 Vues

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LA NUIT DU 4 AOUT 1789

Jules Michelet dans l’Histoire de la Révolution Française écrivit : «La nuit était avancée. Il était deux heures. Elle emportait, cette nuit, l'immense et pénible songe des mille ans du Moyen Âge. L'aube qui commença bientôt était celle de la liberté. Depuis cette merveilleuse nuit, plus de classes, des Français plus de provinces, une France. Vive la France !»

Le document étudié est une lettre du Marquis Charles-Elie de Ferrières, député de la noblesse de Saumur aux Etats Généraux adressée à son ami le chevalier de Rabreuil, un gentilhomme poitevin. Dans cette lettre il relate les évènements de la nuit du 4 Aout 1789 sous le règne de Louis XVI (1754-1774-1793). C’est ici le point de vue d’un noble qui est exprimé seulement trois jours après l’évènement du 4 août, la correspondance étant datée du 7 du même mois. Ce document constitue alors un témoignage direct de l’état d’esprit et de l’ambiance qui régnait lors de cette nuit puisque l’auteur était lui-même un des acteurs de la séance.

Lors de cette nuit mémorable la salle des Menus Plaisirs de Versailles fut le théâtre des dernières heures de la société féodale et le système séculaire d’ordre et de privilèges fut aboli.  

Cette nuit faisait suite à des évènements survenus plus tôt dans l’été. En effet la France était en proie à des insurrections paysannes - dues à la crise financière et à la misère dans laquelle l’ensemble du petit peuple était plongé (la guerre du blé)-, à des révoltes populaires dans Paris même et la violence du peuple déclencha ce que l’on appela « la Grande Peur », la réunion des députés ce soir là avait donc pour but de calmer les français.

Les députés du club Breton  (association de cafés des députés bretons qui avait pris de l’ampleur et regroupait alors près de 200 membres) prirent la décision, pour calmer les esprits de faire prendre la parole à leurs membres nobles afin que ces derniers renonçassent à quelques privilèges, objets de la colère populaire. Les ducs de Noailles et d’Aiguillon furent donc invités à prendre la parole.  Cependant dans un enthousiasme général des députés, à la suite des discours des ducs de Noailles et d’Aiguillon,  de nombreuses motions furent proposées pour abolir l’ensemble des privilèges de l’ancien régime et faire apparaître les prémices de ce qui sera la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen promulguée quelques 19 jours plus tard.  

Nous pouvons nous demander dans quelle mesure et par quel processus la nuit du 4 août a renversé la société d’ancien régime. Pour répondre à cette question nous verrons dans un premier temps « l’effet du désir de la liberté » avant d’étudier dans une seconde partie « abolir le féodalisme, un terme à l’esclavage et à la tyrannie » pour finir par nous interroger sur le réel impact patriotique de cet évènement.

  1. « L’effet du désir de la liberté »

  1. Les troubles parisiens

La nuit du 4 Août est une réponse aux troubles politiques qui accablent le royaume dans cette première moitié de l’année 1789. A cause de la disette et des troubles économiques et sociaux le peuple parisien se politise peu à peu. De fortes tensions s’élèvent à l’égard de la monarchie ainsi que des privilégiés et les députés du tiers état bénéficient de l’appui du peuple de tout Paris. La situation empire à la fin du printemps et un phénomène de psychose d’un complot aristocratique apparait, le peuple craint alors une revanche de la noblesse sur le tiers état. La disette, le départ de la famille royale le 4 juin à St Cloud, en deuil pour l’enterrement du Dauphin et le renvoi de Necker le 12 juillet, renforcent ce sentiment de peur dans toute la capitale. De plus, vingt mille hommes issus de troupes d’élites étrangères sont massés autour de la ville et participent à cette psychose de complot aristocratique. Le 14 juillet le peuple de Paris après une harangue de Camille Desmoulins décide de s’armer et se rend aux Invalides puis à l’Arsenal où il ne trouve pas de poudre et il se persuade que cette dernière est entreposée à la Bastille, lieu de fantasme effrayant. Des négociations ont lieu avec le gouverneur de la Bastille mais cette dernière s’éternisant un incident fini de faire basculer le peuple dans la violence. Le gouverneur de la bastille et le l’intendant de Paris sont traînés place de Grève, lynchés puis démembrés. Le 17 juillet le roi se rend à Paris pour celer la réconciliation (naissance du drapeau tricolore). Les troubles parisiens s’apaisent mais la révolution gagne désormais la province.

  1. La Grande Peur

Là encore la rumeur du complot aristocratique se répand, on assiste à la première immigration de la noblesse, interprétée comme les prémices d’une guerre civile. Les paysans entrent dans une véritable paranoïa, ils s’arment et s’organisent pour finir par s’attaquer aux châteaux des seigneurs constituants de véritables attaques contre le régime seigneurial et consacrant la naissance d’une révolution paysanne. Cette révolution effraye les députés à Paris qui voient en ces actes une menace pour leurs propres intérêts. Dans le même temps, une révolution municipale se met en place dans les villes de provinces, des comités permanents de révolutionnaires prennent le pouvoir dans les municipalités autrefois acquises à la monarchie. Les bourgeois s’organisent en milices, ce sont les gardes nationales.

La situation dans les villes et les campagnes échappe au contrôle des députés à Paris, ils cherchent alors à désamorcer la dynamique révolutionnaire. « Les circonstances malheureuses où se trouve la Noblesse, l’insurrection générale élevée de toutes parts contre elle, les provinces de Franche-Comté, de Dauphiné, de Bourgogne, d’Alsace, de Normandie, de Limousin, agitées des plus violentes convulsions et en partie ravagées ; plus de cent cinquante châteaux incendiés ; les titres seigneuriaux recherchés avec une espèce de fureur, et brûlés ; l’impossibilité de s’opposer au torrent de la Révolution, les malheurs qu’entrainerait une résistance même inutile, la ruine du plus beau royaume de l’Europe, en proie à l’anarchie, à l’a dévastation ; et, plus que tout cela, cet amour de la patrie inné dans le cœur du Français, amour qui est un devoir impérieux pour la Noblesse, obligée par état et par honneur, à dévouer ses biens, sa vie, même pour le roi et pour la Nation, tout nous prescrivait la conduite que nous devions tenir,  il n’y eut qu’un mouvement général. »

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