La traite négrière et l’esclavage
Fiche : La traite négrière et l’esclavage. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar guiom59 • 10 Mai 2013 • Fiche • 1 329 Mots (6 Pages) • 878 Vues
Le rapport au passé a toujours été au centre de la construction des identités, aussi bien nationales, communautaires qu’individuelles. Plus que jamais, la question du souvenir, et notamment des tragédies de l’Histoire, est devenue un sujet d’actualité, qui interpelle nos sociétés. Telle la mémoire de l’esclavage et de la traite négrière.
Reconnus crimes contre l’humanité seulement en 2001
La réflexion sur le « devoir de mémoire » face aux crimes de l’Histoire s’est surtout développée en Occident après la Seconde guerre mondiale, à la suite de l’holocauste perpétué par le régime nazi. La tragédie de la traite négrière, elle, n’est apparue dans le débat que très récemment. Négligée par ceux qui ont contribué à cette réflexion, elle est souvent abandonnée à d’autres spécialistes, traitées comme une question à part qui ne répondrait pas des mêmes préoccupations éthiques et politiques...
Si la traite négrière et l’esclavage avaient été pris en compte à leur juste mesure, toute la réflexion sur le devoir de mémoire aurait probablement été différente. De par son ampleur, sa durée, ses conséquences et les discours qui l’ont justifiée, cette tragédie aurait enrichi les discussions et renforcé l’universalité des concepts développés et des réponses apportées. Il a fallu attendre la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance tenue à Durban (Afrique du sud) en 2001 pour que la traite négrière et l’esclavage soient enfin reconnus comme un crime contre l’humanité et que les Etats soient rappelés à leurs obligations. L’irruption tardive de cette question dans l’agenda international n’a pas manqué de soulever des problèmes éthiques et sociopolitiques spécifiques.
Particularités de la mémoire de l’esclavage : dilution des responsabilités et discriminations persistantes
Contrairement à d’autres tragédies plus récentes, dont les responsables directs peuvent être désignés, ou du moins différenciés du reste de la nation, la traite négrière et l’esclavage ont impliqué un éventail très large d’acteurs publics et privés, sur plusieurs générations, en toute légalité. Ils ont également touché des secteurs importants de la vie économique des pays qui en ont tiré profit : le commerce, la construction navale, l’extraction minière, la production manufacturière et agricole, les banques, les assurances etc. Cette dilution de la responsabilité a rendu plus difficile le processus habituel de transfert de la culpabilité collective et a, par conséquent, retardé la reconnaissance du crime. Lé légitimation légale de cette pratique criminelle, à travers notamment les monstrueux Codes noirs, a contribué également à cette déresponsabilisation.
C’est pourquoi la question de la responsabilité dans la traite négrière soulève très vite des polémiques d’une extrême virulence entre les protagonistes du commerce honteux : les nations européennes, américaines et arabo-musulmanes, les sociétés africaines, et les descendants d’esclaves. L’accomplissement du devoir de mémoire de l’esclavage est également rendu plus difficile par la persistance de ses lourdes conséquences, à savoir les inégalités socio-économiques et la discrimination que subissent, comme une double peine, les descendants d’esclaves jusqu’à aujourd’hui. Le combat contre ces effets dépasse largement le simple acte de reconnaissance et de souvenir du crime : il appelle d’autres réponses politiques, économiques et sociales, que tous les pays concernés ne sont pas prêts à envisager.
Le silence organisé comme réponse
Dans la plupart des cas, le silence a été le prix à payer pour la liberté toute relative accordée par l’abolition de l’esclavage, avant que la servitude du travail mal rémunéré ne prenne le relais. Ce voile jeté sur la barbarie du système et sur les souffrances des victimes a perpétué l’injonction à l’oubli de leur identité imposée aux captifs avant qu’ils soient embarqués pour le voyage de non retour... Certains pays ayant pratiqué la traite ont essayé de contourner le problème en mettant l’accent sur les actes d’abolition et le combat courageux des abolitionnistes, en oubliant de rappeler l’horreur du système et les résistances acharnées menées par les esclaves eux-mêmes pour leur dignité et leur liberté. Ailleurs, le sujet reste souvent tabou, vécu comme un secret de famille dont la divulgation serait considérée comme une trahison du groupe.
Mal digérée et mal gérée par les uns et les autres, la mémoire de l’esclavage se rappelle aux nations amnésiques en faisant
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