Une paix mondiale -1945 à 1947-
Dissertation : Une paix mondiale -1945 à 1947-. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jules Moreau • 17 Septembre 2019 • Dissertation • 3 081 Mots (13 Pages) • 652 Vues
1945-1947 : Une paix mondiale ?
Par son tableau La Guerre et la Paix -1952-, Pablo Picasso présente le monde, au sortir de la guerre d'anéantissement, comme entrant dans une époque où la paix est nécessaire mais fragile. Un monde de paix, défendu par les deux grands pendant la Seconde Guerre mondiale mais qui sera menacé par les tensions entre ces derniers, par la suite.
Le traité de Versailles de juin 1919 à la suite de la défaite Allemande dans le premier conflit mondial instaure le socle d'« une paix ratée » . Ainsi, le monde dans les années 1920 est en proie aux nationalismes belliqueux, débouchant sur la marche à la guerre. Permise par l’inefficacité de la Société des Nations (SDN) dans la protection de la paix mondiale, la seconde guerre totale éclate le 1er Septembre 1939. Dans ce conflit d'anéantissement s'opposent dans un premier temps, les Alliés formés par la Pologne, la France, la Chine et la Grande Bretagne à l'Axe composé par l'Allemagne, l'Italie et le Japon. Les forces de l'Axe exercent leur domination en Asie et en Europe notamment lors de la campagne de France. Ce n'est qu'en juin 194, avec l'entrée en guerre de l'URSS, puis des États-Unis à la suite de l'attaque de Pearl Harbor, que le camp des Alliés contre les offensives allemandes en Europe et nippones dans le Pacifique. Prise en étau, entre front de l'est et de l'ouest, l'Allemagne recule et capitule sans condition le 8 mai 1945, date de fin du second conflit mondiale en Europe. En Asie, les États-Unis décident de mettre un terme au conflit en envoyant le 6 et le 9 août 1945 deux bombes atomiques sur les villes Hiroshima et Nagasaki. Le 2 septembre 1945 ,est signée la reddition du Japon mettant, de ce fait, fin aux hostilités de la Seconde Guerre mondiale dans le monde entier. Ainsi, la paix mondiale débute en ce jour. Avec l'énonciation de la doctrine Jdanov le 22 octobre 1947, en réponse à la doctrine Truman -12 mars 1947-, bornant les débuts de la guerre froide, se termine la période où l'idéal de paix, fondé sur les droits de l'homme, la démocratie et prônant la coopération entre les États, régissait les relations international. Cette utopie est supplantée par les conflictualités engendrées par le nouveau rapport de force mondiale mettant en parallèle les deux superpuissances américaine et soviétique, qui sont aussi des modèles idéologiques, ainsi que les débuts du phénomène de décolonisation.
Il s'agira donc de voir comment, entre l'émergence de la nouvelle gouvernance mondiale prônant la pacification du monde par une instance supranationale, et les velléités belliqueuses issues de la nouvelle donne géopolitique, les Alliés deviennent les ennemis de la paix.
Le monde, meurtri et traumatisé par la guerre d'anéantissement, se réveille avec une soif de justice et de paix. Ainsi, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale naît l'espoir d'un monde de concorde, assuré par l'émergence d'une nouvelle gouvernance mondiale dominée par les États-Unis. Toutefois, vectrice de tensions, la nouvelle donne géopolitique mondiale, issue de la seconde guerre totale, menace cette paix.
Le monde sort de la Seconde Guerre mondiale exsangue. De la première guerre d'anéantissement résulte une saignée démographique, un reclassement économique et un traumatisme mémoriel. Par la justice, la société mondiale espère sortir de la barbarie et de l'atmosphère belliqueuse, contribuant de ce fait à la pacification du monde.
Le second conflit mondiale est une véritable hécatombe humaine où les populations civiles sont touchées. En effet, par sa nature d'anéantissement, cette guerre résulte de l’affrontement de deux camps ayant pour but l’éradication de l'adversaire. Ainsi, ce heurt a fait entre 55 et 60 millions de morts dont 55% de civils, à travers massacres et génocides comme la Shoah ou bien le Porajmos. La politique d'extermination nazie a causé 10 millions de morts dont 6 millions de juifs. Ce bilan humain est contrasté en fonction des continents et des pays. Ainsi, l'Europe compte entre 35 et 40 millions de morts dont 25 millions de soviétiques et 6 millions d'allemands. Inconnue statistique, l'Asie et plus particulièrement la Chine, est elle aussi fortement touchée. Tandis que les États-Unis sont relativement épargnés avec 340 000 morts, essentiellement militaire. De surcroît, des populations sont déplacées à la suite des aléas de la guerre. En effet, pendant la guerre, les populations non-germanique sont expulsées des territoires du Troisième Reich. Par la suite, 13 millions d'allemands sont déplacés après les reconquêtes soviétiques sur le front de l'est. Enfin, cette saignée démographique a des conséquences sur des foyers culturels tel que celui du Yiddishland, exterminé par les campagnes et la politique antisémite nazie.
De plus la Seconde Guerre mondiale a des conséquences économiques contrastées selon les pays. Les destructions matérielles sont inégales selon les belligérants. Ainsi, 55% du réseau de transport français et 80% du potentiel industriel japonais sont détruits. De même, dans le nord de la Chine, la stratégie de Sanko Sakusen a décimé des villes et des campagnes. De ces destructions, résultent des pertes financière considérables. La France connaît un fort déficit budgétaire, de même pour la Grande Bretagne. Les belligérants se sont endettés avec la mise en place d'économie de guerre. De plus, des pays comme l'Italie connaissent une forte inflation, à hauteur de 250% pour cette dernière. L'inégal affaiblissement des économies permet une recomposition économique de la hiérarchie mondiale. Ainsi, des pays anciennement dominants voient avec la guerre, la fin de leur hégémonie sur l'économie mondiale. En effet, le continent européen ne représente plus que 35% des exportations mondiales après guerre. La livre sterling n'est plus convertible en or. De même, le Japon est mis sous tutelle par MacArthur qui ordonne la décartellisation des Zaibatsu. En revanche, des économies émergent et s'affirment. C'est le cas de l'économie américaine qui devient le moteur de l'économie mondiale. Elle aide les économies européennes fortement touchées notamment celle de la France avec les accords Blum-Byrnes -1946- avec un don de 300 millions de dollars. De ce fait, elle s’affirme tout en rendant dépendantes les économies d'Europe.
Enfin, le monde se réveille traumatisé moralement par les crimes de guerre comme le massacre de Marzabotto, en octobre 1944, perpétré par une division de Wafen-SS. Mais la société a soif de justice pour mettre un terme à la barbarie et l'atmosphère belliqueuse. Ainsi, pour André Malraux, « jamais l'homme, dans son histoire, n'a tant rivalisé avec le diable ni tant donné de leçons à l'enfer ». En effet, la guerre d’anéantissement, a marqué l'Histoire par les génocides et l'enfer nazi mais le monde tente par la suite de tirer des leçons de cet enfer avec l'élaboration d'un nouveau monde reposant sur des valeurs de paix. Celui ci repose premièrement sur la justice punissant les actes barbares des forces de l’Axe et des collaborateurs à travers des procès à différentes échelles. A l'échelle nationale, on compte les épurations légales intervenues en France contre les haut responsables du Régime de Vichy, de même en Allemagne avec les personnels de l'administration nazie. A l'échelle internationale, le Procès de Nuremberg de novembre 1945 à octobre 1946, fait écho aux volontés des gouvernements en exil ayant signé la déclaration de Saint James -1941- mais aussi au projet, lancé par la charte de l'Atlantique -14 août 1941-, de fonder un nouvel ordre mondial où le maintien de la paix serait assurée par une instance supra-national de sécurité collective facilitant coopération et entente des différent États. C'est pourquoi les Nations Unis, mises en place le 26 juin 1945, établissent la création d'une commission des crimes de guerre chargée notamment d’établir juridiquement la notion de génocide.
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