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Une géographie de la santé ?

Analyse sectorielle : Une géographie de la santé ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Février 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 002 Mots (9 Pages)  •  825 Vues

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Pendant très longtemps, les médecins du Nord allaient soigner les populations du Sud, que ce soit dans le cadre de la médecine coloniale ou, plus récemment, dans celui des organisations non gouvernementales (ONG). Depuis, quelques années, les flux se sont inversés et le personnel médical des pays émergents et en développement est toujours plus nombreux à destination des pays développés. Cette logique migratoire se fait majoritairement des pays du Sud vers les pays du Nord et secondairement entre pays du Sud. Ces flux de praticiens étrangers s'inscrivent dans un contexte de démographie médicale déficitaire : depuis les années 1990, les pays développés doivent faire face au manque de personnel médical et à son inégale répartition sur les territoires. Ce déficit en personnel médical résulte à la fois dans le nombre insuffisant de personnel formé chaque année, mais aussi dans le vieillissement des praticiens et de la population, ce qui génère des besoins en soins grandissants, accentués par le degré croissant de la médicalisation de nos sociétés ainsi que par la recherche d'un accès à l'offre de soins plus équitable

Une géographie de la santé ?

Introduction

La géographie, malgré de nombreux détracteurs qui doutent de son importance, s’affirme de plus en plus et ce dans un cadre nouveau pour la discipline : la santé. Le monde compte depuis 2011, plus de sept milliards d’êtres humains. Les défis concernant les besoins de santé de cette population apparaissent de plus en plus colossaux surtout que l’on prévoit qu’elle atteindra les quinze milliard en 2100 (Fig.1).

Figure 1. Évolution et estimation de la population mondiale de 1950 à 2100.

Les techniques d’évaluation, de prévision et de réponse aux problèmes de santé doivent s’affiner pour être capable de répondre aux challenges de notre siècle. C’est dans cette quête que s’inscrit l’intervention, encore (permettez l’expression !), de la géographie dans ce domaine cher à la médecine. Mais cela passe par plusieurs réadaptations des outils du champ géographique et par l’invention sans cesse continue d’outils d’analyse toujours plus sophistiqués.

Évolution de la science

Selon H. Picheral, (Actualités et dossier en santé publique, 1997) la géographie de la santé est «l’analyse spatiale des disparités de santé des populations, de leurs comportements sanitaires et des facteurs de l’environnement (physique, biologique, social, économique et culturel) qui concourent à expliquer ces inégalités».

En Angleterre, l’intérêt manifeste pour l’application des sciences géographiques, notamment d’analyse spatiale en épidémiologie, a été impulsé par les travaux de John Snow alors médecin. En 1854, une épidémie de choléra secoue l’un des quartiers de Londres. Pour enrayer ce fléau, il eut la brillante idée de superposer sur une carte des rues du quartier, les endroits où avaient lieu les décès dus au choléra et les pompes d’eau publiques. Un constat se faisait alors sur la carte : la presque majorité des décès avait lieu près de cinq à dix pompes d’eau. Dès lors, les sources de l’épidémie étaient clairement identifiées et repérées même si l’on reconnait qu’aujourd’hui la carte n’était pas l’élément décisif dans la détermination de la cause à effets (Mc Leod, Dirk Pfeiffer et al., Spatial Analysis in Epidemiology, 2008)

Par ailleurs, la géographie de la santé dans son développement à l’origine a suivi deux directions : la première concerne la géographie des maladies qui s’intéresse à la répartition, l’incidence et la prévalence des maladies, très liée à l’épidémiologie. La seconde concerne l’étude de la répartition et des inégalités relatives aux équipements sanitaires et aux déploiements des personnels de santé (Actualité et dossier en santé publique, 1997). La dernière s’insérant en grande part dans les politiques sanitaires tandis que la première relève plutôt de la recherche.

L’apport des SIG

L’analyse spatiale est sans nul doute, l’une des raisons de l’utilisation massive des SIG dans la géographie de la santé. En effet, le développement de nouvelles techniques d’analyse a permis une structuration de méthodes d’analyse spatiale. C’est le cas de l’analyse spatiale épidémiologique (Fig. 2).

Figure 2. Cadre conceptuel de l’analyse spatiale des données épidémiologiques.

(GIS = SIG = Systèmes d’Information Géographique ; DBMS = SGBD = Systèmes de Gestion des Bases de Données).

Cette figure montre l’importance des SIG qui, par l’intégration des bases de données, permettent de décrire et d’identifier par la visualisation, les facteurs de risque. Couplés à des analyses statistiques avancées, les SIG offrent de nouvelles possibilités jusque-là difficiles à mettre en oeuvre il y a quelques années : l’analyse du risque mais surtout la prédiction ou l’évaluation des risques futurs. Cette dernière phase passe par l’exploration de données toujours plus nombreuses et par la modélisation des données pour entrevoir ce que l’avenir est susceptible de dissimuler.

État des lieux

L’application de la géographie de la santé reste actuellement le domaine des grands instituts de recherche francophones tels que l’INRS ou le LASER au Canada, le CNRS et l’IRD pour la France. Son insertion ou son acceptation dans le monde académique demeure toutefois difficile. Seule une poignée d’universités francophones offre actuellement des formations en Master de géographie de la santé comme l’Université Paris-Ouest Nanterre. Ces centres de recherche font appel à la compétence des géographes, non pas sur le critère qu’ils possèdent un background en Géographie de la santé, mais pour leurs connaissances de géographe. L’affiliation au terme « géographe de la santé » n’est pas toujours notifiée voire reconnue.

Par ailleurs, un constat récurrent se dessine lorsqu’on examine les travaux de cette science. En effet, une bonne part est liée à l’épidémiologie, peut-être parce que cette dernière comporte une dimension spatiale indéniable. Heureusement, il n’y a pas que l’épidémiologie. On retrouve des travaux de géographes de la santé portant sur la réduction des accidents de la route (Planète INRS,

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