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Une Europe Napoléonienne ? Le Grand Empire (1805-1812)

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Par   •  30 Novembre 2013  •  3 456 Mots (14 Pages)  •  1 491 Vues

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Une Europe napoléonienne ? Le Grand Empire (1805-1812)

En 2006, l'écrivain Max Gallo publiait le troisième ouvrage de sa série de livres consacrés au règne de Napoléon Ier, intitulé L'Empereur des Rois, 1806-1812. Ce titre est évocateur : durant ces six ou sept années, l'Empereur des Français a en effet régné sur une grande partie de l'Europe, tant sur ses territoires que ses dirigeants, et réalisé la plupart des actions politiques et militaires qui l'ont rendu célèbre à la postérité.

De fait, cette domination de Napoléon sur le continent européen s'amorce dès 1805 et plus particulièrement le 21 Décembre avec la victoire d'Austerlitz sur les armées Austro-Russes, dont le retentissement traverse toute l'Europe : cette victoire en inaugure de nombreuses autres qui permettent alors à Napoléon d'imposer son autorité sur les territoires conquis, les ennemis vaincus, mais aussi les Etats neutres ou indécis. Pendant les six années qui suivent, Napoléon règne en grande partie sur l'Europe, jusqu'au mois de Septembre 1812 où il s'enlise dans la campagne de Russie qui sonne le glas de sa supériorité militaire sur les autres puissances du continent.

L’Europe napoléonienne regroupe la totalité du territoire européen, des côtes atlantiques à l'Oural et de la Scandinavie à la Sicile. Elle inclut donc la Russie, acteur majeur dans l'histoire de « l'ordre napoléonien » en Europe, mais exclut l'Empire Ottoman, malgré son plain-pied sur le continent grâce à ses possessions européennes s'étendant des frontières méridionales de l'Empire d'Autriche au Sud de la péninsule grecque ; les Ottomans sont restés des acteurs extérieurs de l'Europe napoléonienne. L'Angleterre fait également figure d'exception notable, car elle reste continuellement en guerre contre la France de 1805 à 1814.

En effet, par « Europe napoléonienne », on entend l'ensemble des territoires européens soumis au Grand Empire, c'est-à-dire à l'Empire français de Napoléon Ier alors qu'il était à son apogée (à partir de 1807 et notamment du traité de Tilsit le 7 Juillet), comptabilisant 130 départements et plus de 44 millions d'habitants à travers une Europe presque totalement soumise à l'Empire français. Cette soumission se traduisait notamment par la promotion d'un système népotique : en 1810, la moitié de l'Europe était dirigée soit par Napoléon lui-même, soit par un membre de sa famille directe (son frère Jérôme à la tête du Royaume de Westphalie, par exemple) ou indirecte (le Royaume de Naples étant dirigé par Joachim Murat, époux de l'une des sœurs de Napoléon). La plupart des autres territoires étaient soit soumis diplomatiquement à la suite d'une guerre (la Prusse, par exemple), soit étaient unis par une alliance vassalique à l'Empire français (exemple du Duché de Varsovie, où Napoléon avait le titre de « protecteur » et était représenté par un « résident »). Cette Europe napoléonienne n'induit donc pas seulement la domination du Grand Empire napoléonien en Europe, mais surtout l'ingérence constante de Napoléon dans les affaires des États de l'Europe, qu'ils soient sous son contrôle direct ou non.

Cette ingérence de Napoléon, qui se traduisait souvent par des réformes changeant profondément les lois ou la culture de certaines nations ou de certains peuples (suppression des droits féodaux par exemple), a naturellement suscité de nombreuses résistances, qui interrogent la légitimité de l'expression « Europe napoléonienne » ; ceci d'autant plus qu'à partir de 1808, l'Empire français se trouve embourbé dans une guerre insurrectionnelle en Espagne de laquelle elle ne semble pas réussir à sortir, et qui met en évidence, pour la première fois, les limites militaires de Napoléon.

Aussi, en parlant du Grand Empire français de 1805 à1812, peut-on parler également d'une Europe napoléonienne ? S'il apparaît que l'Europe est napoléonienne par de grands succès militaires et diplomatiques (I), elle ne semble pourtant pas adhérer politiquement et idéologiquement à l'ordre établi par Napoléon (II).

I – Une Europe napoléonienne par les armes et la diplomatie...

L'affirmation de la domination napoléonienne sur l'Europe peut être divisée en deux grandes périodes : de Décembre 1805 à Juillet 1807, Napoléon neutralise l'autorité des grandes puissances européennes que sont l'Archiduché d'Autriche, le royaume de Prusse, et l'Empire russe, par de grandes victoires militaires se soldant par des traités très favorables à la France (A) ; puis, de Juillet 1807 à Septembre 1812, Napoléon consolide son autorité par un aménagement essentiellement diplomatique de la carte de l'Europe (B).

A) 1805-1807 : la neutralisation des Empires centraux

Sur le continent européen, en 1805, quatre grandes puissances étaient présentes, en excluant l'Empire Ottoman : l'Empire russe, dirigé alors par Alexandre 1er, le royaume de Prusse, régi par Frédéric-Guillaume III, l'Archiduché d'Autriche, gouverné par François 1er, l'Angleterre, gouvernée par William Pitt, et enfin la France, dont Napoléon était devenu l'Empereur le 2 Décembre 1804. Durant deux ans, Napoléon mène la guerre contre ces quatre puissances et parvient à les vaincre (ou les isoler, dans le cas de l'Angleterre) et à leur imposer sa volonté : ces victoires donnent à Napoléon un prestige et une autorité considérable en Europe.

Ces guerres commencent avec la constitution, durant l'été 1805, de la Troisième Coalition : l'Angleterre parvient à rassembler l'Autriche, la Russie, et la Suède au sein d'une alliance visant à mettre hors d'état de nuire l'Empire français, qui envisage à ce moment d'envahir l'Angleterre et rassemble des troupes et du matériel à Boulogne. Les principaux combats ont lieu en Allemagne entre les Français et les Austro-Russes, qui sont sévèrement battus à la bataille d'Austerlitz (2 Décembre 1805). L'Autriche demande un cessez-le-feu et le 26 Décembre, Napoléon signe avec les Autrichiens le traité de Presbourg : celui-ci stipule le retrait autrichien de la Coalition et la confirmation des traités de Campo Formio et Lunéville ; par ailleurs, les territoires autrichiens en Italie et en Bavière sont désormais sous contrôle français. Enfin, l'Autriche doit également

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