Staline

« Do you remember the tsar? Well, I‘m like a tsar. » Joseph Staline

Staline arrive au pouvoir dans les années 20 en prenant le dessus sur les autres factions faisant office d’opposition, et est considéré le digne successeur de Lénine.

Dans les années 80, la vision sur le système totalitaire stalinien a connu des clivages. Il est envisagé une vision stalino-centrée et une vision plus révisionniste. Dans la première, toutes les décisions politiques dépendent des « humeurs » de Staline, et dans la seconde on se concentre plus sur les dysfonctionnements au sein du système en lui-même. C’est là-dessus que Nicolas Werth va appuyer son ouvrage La Terreur et le Désarroi et plus particulièrement son chapitre sur Staline en son système dans les années 1930.

La question que l’on pourrait alors se poser, c’est si Joseph Staline était vraiment le dictateur tyran dépeint par certains historiens ou alors est-ce qu’il n’était que l’arbitre entre plusieurs factions ?

Pour répondre à cette question, il s’agit d’abord de s’appuyer sur les thèses des historiens dont les avis divergent sur le sujet, puis de regarder plus en profondeur et de voir que la détermination de l’adjectif pour Staline ne se résume pas à un schéma manichéen.

1. Staline, tyran ou arbitre des clivages de son propre pays ?

1. Staline, dictateur à la mentalité particulière

• Merle Fainsod : « dans le domaine politique, le stalinisme signifia l’épanouissement d’un régime totalitaire sous lequel toutes les lignes de contrôle convergeaient finalement dans les mains du dictateur suprême. » 🡪 Opposants à sa politique arrêtés et déportés 🡪 Grande Terreur et purges durant des décennies
• « Tout ce qui est arrivé durant ces années dérive en fin de compte de la mentalité particulière de Staline » Robert Conquest 🡪 faire de l'U.R.S.S. une grande puissance industrielle en moins de 10 ans 🡪 surexploitation des ouvriers, N.E.P., regroupés dans des kolkhozes.

1. Staline, et l’interprétation de ses subordonnés

• Conflit entre centre et périphérie 🡪 fonctionnaires qui doivent mettre en place le Grand Tournant interprètent les ordres à leur guise /refusent de rendre des comptes. Getty : collectivisation, purges, Grande Terreur… 🡪 pas un plan préétabli par Staline mais interprétation des exécutants, faisant du zèle ou insubordination. Staline 🡪 dictateur faible, fin des années 30, large marge d’autonomie acteurs politiques.
• Collectivisation 🡪arrestations des opposants mais excès 🡪 dirigeants interviennent pour réguler les violences et rappellent que seuls les représentants mandatés par le pouvoir judiciaire /policier pouvaient arrêter des suspects

1. Un dictateur particulier dans un pays dysfonctionnant

1. Frontières entre État et Parti floues

• Création des kolkhozes /sovkhozes 🡪 administration inefficace et proliférante. Plus de démarcation État / Parti, organisation économisée et transformée 🡪 « bureaucratie tentaculaire chargée de gérer les problèmes quotidiens du « système administratif de commandement » né dans l’urgence du « Grand Tournant » ».
•  Staline tiraillé entre deux factions : modérée / radicale. 1937, choix fait 🡪 radicaux pour une politique policière et une prééminence toujours relative. Les documents à notre disposition permettent d’identifier les frontières entre la marque personnelle et la politique de Staline et la marge d’autonomie, les tâtonnements et les ajustements.

1. Conflits et tensions aux seins de ses administrations

• Élites politiques non formées 🡪 « la voiture ne va pas là où le conducteur veut la faire aller » Lénine. Administration dysfonctionnelle 🡪 impossibilité de contrôler « la base ». État soviétique dans les années 30 🡪 état d’urgence, de crise permanente et de mobilisation.
• Collectivisation forcée des campagnes 🡪 les dysfonctionnements connus dans l’industrie se sont ressentis aussi dans la collectivisation. Administration dans les zones rurales dans les années 20 incapable et réticente au concept 🡪 « méthodes de choc », arrestations et déportations massives de paysans contre la collectivisation.

...