Montrez que les ondes sont des instruments au service de la politique intérieure dans la première moitié du XXe siècle.
Dissertation : Montrez que les ondes sont des instruments au service de la politique intérieure dans la première moitié du XXe siècle.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Melyna • 14 Novembre 2022 • Dissertation • 2 001 Mots (9 Pages) • 277 Vues
ÉTUDE CRITIQUE DE DOCUMENT
En vous appuyant sur les documents et vos connaissances, montrez que les ondes sont des instruments au service de la politique intérieure dans la première moitié du XXe siècle.
« Ici Londres ! Les Français parlent aux Français. » Voici les premiers mots des bulletins d’information de la BBC, précédés des quatre premières notes de la Ve symphonie de Beethoven formant le V de la Victoire en morse. Le ton est donné il ne faut pas perdre espoir. Ainsi, lors de la seconde guerre mondiale, la radio est utilisée comme un instrument, par les gouvernements et par les résistants afin de promouvoir leur propagande.
Mais alors qu’est-ce qu’un instrument. Un instrument est un objet fabriqué en vue d’une utilisation particulière pour faire ou créer quelque chose, pour exécuter ou favoriser une opération. Ainsi, comme le suggère la consigne, les ondes sont utilisées d’une manière particulière au service de la politique intérieure. La politique intérieure désigne l’ensemble des décisions administratives prises en relation directe avec les problèmes et les activités d’une nation dans ses frontières. Ainsi, on peut explorer ses notions dans le corpus de document qui nous est donné.
Le premier document est un article intitulé « Le rôle de la radio 1940-1944 » et écrit par J-L. Crémieux-Brilhac et publié dans le numéro 66 du journal L’espoir en 1989. Dans cet article, J-L. Crémieux-Brilhac fait part de l’influence la Radio-Londres dans l’opinion publique française, et à quel point elle parvenait à organiser depuis Londres, de grandes manifestations en France libre en seulement quelques heures. Le second document est une affiche publicitaire allemande de Leonid, pour un poste de radio, de 1936. Cette affiche intitulée « Toute l’Allemagne écoute le Führer avec le récepteur du peuple » représente une foule réunie autour d’une immense radio. Ainsi, on peut se demander comment selon la position géographique de l’émetteur, les ondes sont utilisées pour enfermer une population dans une idéologie ou pour soulever un peuple contre l’idéologie qui lui est imposée, faisant dans les deux cas utilisation de la propagande. Nous verrons dans une première partie comment le gouvernement utilise les ondes pour endoctriner et enfermer le peuple dans une idéologie. Puis, nous verrons dans une seconde partie, comment les ondes situées à l’extérieur du pays, à cause de l’occupation, ont pour but de soulever le peuple contre l’idéologie qui lui est imposée par le gouvernement et de le pousser à la résistance et à la rébellion.
La première manière dont les ondes ont été instrumentalisées en temps de guerre a été par le gouvernement en place afin d’endoctriner et d’enfermer le peuple dans son idéologie qu’il impose.
En effet, afin d’endoctriner et d’enfermer le peuple dans son idéologie, le gouvernement utilise la radio comme support de promotion de sa propagande. Tout d’abord, afin de promouvoir sa propagande, le gouvernement fait la promotion de la radio, outil de communication du führer, comme le suggère l’affiche de Leonid. Ainsi, le gouvernement fait une double-propagande dans cette affiche en promouvant l’achat de la radio et donc l’écoute du führer. En promouvant l’utilisation de la radio, cet outil prend par conséquent une place importante dans le quotidien du peuple, comme le suggère l’affiche. En effet, dans l’affiche de Leonid, la radio est représentée de manière surdimensionnée par rapport à la foule qui l’entoure, montrant ainsi l’importance de la radio et de la parole du führer dans la société. De plus, la foule qui entoure cette radio est aussi symbole de l’engouement grandissant pour la radio, d’autant plus que dans les années 1930, le nombre de postes radio est passé de 40 000 à 5 millions. Et comme la radio touche de plus en plus de personnes, la proximité du führer avec son peuple est amplifiée, comme le suggère l’affiche de Leonid, où le führer est écouté de toute l’Allemagne, représentée ici par des hommes et des femmes de dos. De plus, cette proximité avec le peuple est simplifiée par la géographie, puisque l’idéologie diffusée est celle d’un gouvernement vers son peuple, présent à l’intérieur du pays, dans les frontières, facilitant ainsi l’enfermement de la nation dans son idéologie. Aussi, le führer fait sa propagande dans sa propre station radio la Großdeutscher Rundfunk, qu’il crée dès 1933 et la radio est sous l’étroit contrôle de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich. L’information n’est plus libre et les programmes servent à infuser l’idéologie nazie. Les programmes allemands sont émis en cinquante-trois langues afin de toucher tout le continent. Ainsi, grâce à l’expansion de la radio, instrument utilisé par le führer pour répandre son idéologie au peuple, et par la proximité géographique du gouvernement vers son peuple à l’intérieur de ses frontières, le gouvernement parvient à endoctriner et enfermer le peuple dans l’idéologie qu’il impose.
De plus, afin d’endoctriner son peuple dans l’idéologie qu’il impose, le gouvernement se présente comme la seule parole digne d’écoute en muselant et discréditant le camp adverse, les alliés. En effet, dès l’occupation de la France par l’Allemagne, le gouvernement nazi s’empare de toutes les ondes radio et les nazifie. Cette nazification est permise grâce à un appui solide au sein du pays, un appui local ou allemand. En France, Radio-Paris devient un puissant instrument de propagande destiné à l’Europe de l’Ouest. La station est confiée à des Allemands, ceux-là mêmes qui organisaient la propagande à destination de la France sur Radio-Stuttgart. Des collaborationnistes français s’y expriment et appellent à la défaite de l’Angleterre.
De surcroît, le gouvernement censure toute autre source radio et interdit leur écoute, la rendant ainsi clandestine. En plus d’interdire leur écoute, le régime de Vichy brouille les ondes britanniques, s’imposant ainsi comme unique source d’information. En outre, le gouvernement nazi et le gouvernement de Vichy utilisent ce contrôle pour discréditer les résistants, minimiser le nombre de français libres et porter atteinte à la force de persuasion de la radio de Londres. Ainsi, on voit l’apparition sur Radio-Paris de la chronique hebdomadaire d’un docteur Friedrich, « Un journaliste allemand vous parle », qui vise à discréditer la France libre et les Alliés, et à démoraliser leurs partisans. On assiste également à l’indignation de journalistes collaborationnistes comme le journaliste François Robin, du journal Gringoire. Ce journaliste qui pour discréditer le camp adverse n’hésite pas à affirmer que les français résistants invités de la radio de Londres, ne sont qu’une seule et unique personne qui prend chaque soir un état civil de fantaisie. Ainsi, en se présentant comme l’unique source digne d’écoute, en discréditant et en censurant toute radio résistante, le gouvernement impose son idéologie à un peuple dans laquelle il l’enferme d’un point de vue géographique mais également d’un point psychologique.
La seconde manière dont les ondes radios ont été instrumentalisées en temps de guerre a été comme moyen de contre-attaque extérieure des résistants vers le peuple occupé et endoctriné afin de le pousser à la résistance et à la révolte.
Tout d’abord, les ondes radios sont utilisées par les résistants afin de s’offrir et de se présenter comme une alternative à la radio nationale. Ainsi, installées à Londres, à cause de l’occupation de la France par les nazis, les Anglais eurent très tôt l’idée de relayer les émissions nationales françaises par le biais des ondes de la BBC. Au milieu du mois de mai 1940, au moment où le poste émetteur de Lille-P.T.T. fut pris par les Allemands, la BBC pensa tout d’abord à augmenter le nombre de ses émissions en français. Il s’agissait de maintenir le contact entre Londres et la France, et de permettre à des voix françaises indépendantes de se faire entendre dans le monde. Trois objectifs étaient donc définis ; il fallait dénoncer : pour mieux s’assurer l’appui des populations, pour convaincre et pour être considéré comme le seul recours. Par ce procédé, la BBC se présentait comme la radio de la liberté et de la vérité et, à ce titre, ses messages les plus orientés se voyaient conférer une vraie crédibilité. Ainsi, à l’inverse des autorités françaises, et surtout allemandes qui appliquaient les méthodes éprouvées en Allemagne, à savoir la censure, la propagande et la répression, les hommes de Londres estimaient qu’il était plus judicieux d’informer très largement les auditeurs de la situation sur le terrain de la guerre. Le but des résistants installés à Londres était donc de rallier ces individus réceptifs à la cause défendue par Radio-Londres, d’obtenir leur adhésion, la propagande diffusée sur les ondes du poste anglais était donc soigneusement élaborée. Ainsi, tout au long de la Seconde Guerre mondiale, le service français de la BBC offrit aux auditeurs des causeries, des témoignages, des reportages, des chroniques, des chansons et des slogans dénonçant le gouvernement de Vichy ou la politique de l’occupant. Par conséquent, les français résistants installés à Londres, se présentent comme un contre-pouvoir au gouvernement nazi et au gouvernement de Vichy, en s’imposant comme une nouvelle source d’information présentant la vérité et représentant la liberté.
Puis, ayant rallié un grand nombre de français à leur cause, les ondes radio étaient ensuite utilisées afin d’organiser, depuis l’extérieur, des soulèvements et des manifestations à l’intérieur. En effet, dès 1942, des manifestations sont orchestrées et commandées depuis Londres via des relations télégraphiques clandestines. On voit également l’apparition d’une CGT clandestine en France et d’un Mouvement Ouvrier Français, qui sous l’insufflation de la radio de la radio de Londres, appelle à des manifestations en France non occupée, comme décrit dans le premier document, où la CGT appelle notamment à une manifestation lors du 1er mai 1942.Et la radio de Londres, ayant une influence grandissante, appelle notamment à une immense manifestation le 14 juillet 1942, dans plusieurs villes du sud, tel que Lyon, Marseille ou encore Grenoble. Ainsi la radio anglaise jouit d’une immense influence, si bien que la radio parvient même à convier à 13h des résistants à manifester à Marseille à 17h. Par conséquent, la propagande résistante devient plus puissante que la propagande gouvernementale comme on peut le voir dans le premier document où le gouvernement de Pétain affirme « qu’ il ne nous est plus possible par voie d’affiches, par presse et radio, de donner des conseils contraires à radio Londres. »
Ainsi, d’une guerre des mots à une guerre d’action, les hommes de la radio devaient se saisir de ce creuset de résistance, transformer l’outil radio en vecteur d’une mobilisation de la population française et puiser dans ce fond de contestation en France pour entraîner, par le biais de mots d’ordre et d’appels radiodiffusés, des français dans des actions de résistance civile parfois spectaculaires.
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