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Lettre De Joseph Deschanet à Son Frère, Le 15 février 1915

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Par   •  2 Novembre 2014  •  444 Mots (2 Pages)  •  1 476 Vues

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Document

Lettre de Joseph Deschanet à son frère, 
le 15 février 1915

L’expérience combattante pendant la Première Guerre mondiale

Vous montrez l’intérêt et les limites de ce document pour connaître la condition des combattants pendant la Première

Guerre mondiale.

Mon cher Henri,

J’ai reçu ta lettre du 3 février dans les tranchées et je me hâte de te répondre pendant que nous sommes dans le calme. […]

Depuis des mois et des mois, on est là, face à face, sans bouger, sans pouvoir bouger. Nous partons le soir, à la nuit tombante,

par n’importe quel temps, pour gagner les tranchées de première ligne. Pour y parvenir, il faut suivre des boyaux d’approche qui

garantissent contre les balles qui, en tout temps, à toute heure, sillonnent les plaines. C’est une boue infecte, épouvantable,

inouïe. On enfonce jusqu’aux genoux, et il faut parfois l’aide d’un camarade pour s’en tirer. Après une heure d’efforts, de

glissades, de chutes, de « bains de pieds », nous arrivons dans les fameuses tranchées. On se courbe, on se cache, car les

balles pleuvent et les Boches illuminent de tous côtés la plaine avec leurs fusées éclairantes pour tâcher de découvrir la « relève »

afin de la canonner. Et, couverts de boue, les pieds pleins d’eau, l’on s’installe. On est à 150, 100, 10 mètres de l’ennemi.

Allemands et Français cherchent à se rapprocher le plus possible et pour cela creusent des sapes qui parfois se rencontrent.

Nous passons ainsi la nuit sous la pluie, la neige, la gelée. […] On grelotte, on claque des dents, on « bat la semelle », on fume

cigarette sur cigarette, on boit de l’alcool et encore de l’alcool, pour se réchauffer et… s’abrutir. […] On entend un petit bruit sourd,

bien connu. Alors, chacun de lève ! « Une bombe ! » Les yeux se lèvent, avec frayeur vers le ciel où va apparaître l’engin terrible !

Un cri ! « La voilà ! Gare ! Gare ! La bombe ! » […] Et l’on voit d’horribles choses. Des hommes lancés à 40 mètres de là ! ou

plutôt… des débris d’hommes… des hommes enterrés vivants, d’autres devenus fous, d’autres sourds et hébétés par la

commotion. […]

Que je suis heureux de t’écrire, de pouvoir converser avec toi, te raconter un peu la vérité dans toute sa dureté. Ah ! Les belles

phrases, les belles poésies, les beaux discours des journaux ! […] Et l’on dit, sans doute, tu entends dire, j’en suis sûr, parfois

ceci « Qu’est-ce qu’ils f…ichent ? Qu’attendent-ils pour les mettre dehors ? Ils ne font rien ! Ça ne marche pas ! » Je

...

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