L’Europe du congrès de Vienne : victoire de la réaction ? (1815-1830)
Dissertation : L’Europe du congrès de Vienne : victoire de la réaction ? (1815-1830). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 194842 • 8 Novembre 2022 • Dissertation • 2 343 Mots (10 Pages) • 515 Vues
L’Europe du congrès de Vienne : victoire de la réaction ? (1815-1830)
Selon les mots du traité de la Quadruple Alliance daté de novembre 1815, les puissances vainqueurs de Napoléon Bonaparte prendront « les mesures qu’elles jugeront nécessaires pour la sûreté de leurs États respectifs, et pour la tranquillité générale de l’Europe ». En d’autres termes, en 1815, nous trouvons une Europe bouleversée et transformée par plus de 25 ans de guerre et de révolutions (1789). Ainsi, ce sont exclusivement les grandes puissances victorieuses (Angleterre, Russie, Autriche et Prusse) qui tentent de mettre en place un ordre européen.
En 1999, le général Napoléon Bonaparte prend le pouvoir en France par le coup d’état du 18
brumaire et proclame le Ier Empire en 1804. Dès lors, la France établit son contrôle sur une
grande partie de l’Europe, en apportant par le biais des conquêtes, une modernisation de
cette dernière. En avril 1814, l’empereur Napoléon Bonaparte abdique, ainsi les puissances
victorieuses de la guerre se réunissent au congrès de Vienne de septembre 1814 à juin 1815 en ayant deux objectifs principaux : reconstruire l’Europe et instaurer un équilibre entre les puissances. En revanche, en France dès 1830, c’est la fin de la Restauration : en août 1830 la monarchie de Juillet est instaurée suite à la Révolution des « Trois Glorieuses » du 27, 28 et 29 juillet 1830. En effet, l’année 1830 voit éclater de nombreuses révolutions : la révolution belge et la révolution de juillet en France mais aussi des révolutions au Congrès en Pologne, dans les États italiens, au Portugal et en Suisse.
Au sens politique du terme, « la réaction » se définit comme une volonté de retour en arrière, elle qualifie donc les puissances monarchiques traditionnelles qui s’opposent à l’impact idéologique de la révolution de 1789 tels que : le libéralisme, la souveraineté nationale, les aspirations politiques des bourgeoisies montantes en Europe. Alors de 1815 à 1830, peut-on qualifier le congrès de Vienne de « victoire des puissances » ? A-t-il réellement contribué à la paix et à la « tranquillité » de l’Europe ? En quoi le congrès de Vienne va-t-il transformer l’Europe ? Et quelles furent les conséquences sur l’avenir des peuples européens ?
Comme nous venons de le voir, l’objectif principal du congrès de Vienne était de redessiner la
carte de l’Europe pour préserver un équilibre entre les puissances. Cependant, cet équilibre
recherché devient très vite fragile.
I- Le congrès de Vienne : une Europe appartenant aux puissances monarchiques de l‘Ancien Régime
A/ Des ambitions contradictoires
- L’Angleterre veut contrôler les points économiques et commerciaux donc prend le
contrôle des routes maritimes (exemple Malte en Méditerranée) dans l’objectif de
posséder des dépôts de charbon pour ses bateaux à vapeur et ainsi avoir plus d’autonomie. Sa principale revendication : pas de puissance dominante, équilibre réel entre les puissances. Cela peut s’expliquer par le fait que l’Angleterre est le pays du libéralisme politique (textes des As Corpus), le pouvoir monarchique est limité par 2 chambres (des Communes, des Lords) et la révolution industrielle est avancée (malgré les campagnes qui restent majoritaires). Par conséquent, dès le début de ce congrès, les puissances ont des visions de l’Europe et des objectifs bien différents.
- La Russie aimerait créer une fédération européenne qu’elle dominerait.
- La Prusse et l’Autriche veulent toutes les deux le contrôle de l’espace allemand.
B/ Les puissances vainqueurs : les principaux bénéficiaires de l’œuvre de Vienne
- En Russie la situation est plus calme car elle n’a pas d’héritage français donc pas d’héritage du libéralisme et de la question nationale. Alexandre I reste un souverain autoritaire et autocratique, il garde son pouvoir absolu. Sa politique est marquée par la forte présence de la religion : il croit en la fraternité des peuples. La fédération européenne n’est pas créée cependant la Russie gagne des territoires tels que la Finlande, la Pologne, la Bessarabie.
- La Saxe et l’Allemagne Rhénane (ressources minières importantes) sont données à la Prusse. Ce qui est tout à fait dans l’intérêt des puissances présentent au congrès puisque cela permet un encerclement de la France.
- L’Autriche rationalise le territoire : bloc compact centré sur Vienne. Elle exerce son influence dans 4 états d’Italie : Lombardie et 3 Duchés d’Italie pour contrer l’essor d’une bourgeoisie italienne qui souhaite des réformes libérales (constitution, restriction du pouvoir du souverain, libertés individuelles...). Elle possède également des territoires de l’Allemagne centrale, la Hongrie et préside la confédération germanique. Elle a une place majeure dans la nouvelle Europe lié à la personnalité de son chef : Metternich.
- La France revient à ses frontières de 1789 donc reste potentiellement une grande puissance. Louis XVIII monte sur le trône et pratique une politique assez modérée en acceptant une série de proclamations : il accepte une partie de la Révolution française et déclare une amnistie des votes antérieurs à 1804 (important car amnistie du vote qui a conduit à la mort de son frère : Louis XVI). Il accède au pouvoir en 1814 et refuse la proposition d’une Constitution faite par le Sénat mais rédige lui-même la Charte Constitutionnel c’est un retour à l’ancien régime et à une monarchie de droits divins. Néanmoins dans la Charte, il fait des certains compromis : par exemple la Charte met fin aux privilèges, elle garantit l’égalité devant la loi, la liberté d’expression… Cependant, certaines lois sont gardées ou rétablies : la noblesse ancienne prérévolutionnaire est rétablie dans ses titres, ses membres siègent de façon permanente à la Chambre des pairs et ne sont pas élus.
C / La quadruple alliance permettant de renforcer le pouvoir monarchique
- Le 20 novembre 1815 réunit 4 puissances : la Grande-Bretagne, la Prusse, l’Autriche et la Russie. Ce sont elles qui vont régler le sort de la France : retour à ses frontières de 1789 + indemnités de 700 millions de francs + subir une armée d’occupation de 150000 soldats qui veilleront sur la sécurité du nouveau régime de Louis XVIII afin qu’il n’y ait pas de soulèvements. C’est une « mise sous tutelle de la France » : le nouveau régime français recevra des directives (comportement, modération...) pour éviter une reprise des troubles révolutionnaires. Dans la mesure où dès 1815 les puissances ont conscience que les troubles qui touchent la France, par effet domino, provoque l’embrasement de toute l’Europe. Le traité repose sur une idéologie claire : la légitimité politique des souverains est monarchique et dynastique. Le régime absolutiste et le christianisme sont deux idées défendues. En effet, le traité défend ces régimes car il donne d’une part, une liberté exécutive aux grandes puissances du congrès et d’autre part, il offre une protection pour ces puissances d’instaurer la monarchie dans n’importe quel territoire sous domination puisqu’elles agissent au nom de la « tranquillité générale de l’Europe ». C’est une volonté des puissances de conserver des monarchies stables et autoritaires pour garantir un équilibre européen. Il prévoit également une alliance automatique et une entrée en guerre si un membre de la famille de Napoléon Bonaparte prend le pouvoir en France. Ainsi, qu’une consultation régulière où les souverains vont se réunir pour discuter de la situation en Europe afin « d’assurer le repos et la prospérité des peuples ». Les souverains sont capables d’innover pour maintenir leur pouvoir (embryon des institutions européennes : première alliance européenne pour maintenir la paix).
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