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L'histoire est-elle une affaire des historiens?

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Par   •  14 Novembre 2018  •  Dissertation  •  2 663 Mots (11 Pages)  •  802 Vues

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                                                            L’histoire est-elle l’affaire des historiens ?

    Selon l’étymologie du mot, « histoire » viendrait du grec historia, signifiant « enquête », « connaissance acquise par l'enquête ». D’un point de vue étymologique, l’historien serait donc une personne qui travaille sur l’étude approfondie de l’histoire. Ce dernier réaliserait une multitude de recherches afin vérifier la véracité des faits passés, pour ensuite, les ancrer dans le temps au creux de nos livres d’histoire. Malgré cela, pouvons-nous dire que l’histoire est elle l’affaire des historiens ?

    L’expression « être l’affaire de » ouvre la voie à une polysémie : s’orientant à la fois vers le devoir et la charge, l’historien doit se tenir aux faits en s’abstenant de s’écarter de la réalité. Une autre signification de l’expression porterait sur les compétences de l’historien. Parce qu’il possèderait les qualités du chercheur (non seulement sur le détail des faits, mais aussi, sur la véracité de ces derniers), et resterait dans une objectivité, l’historien aurait le monopole de l’histoire.  

    Dans le cadre présent nous nous interrogeons sur le rôle de l’histoire et des hommes qui la font. En effet, l’histoire est relatée par des regards et des personnes différentes. Ceci pourrait révéler une certaine subjectivité de l’histoire, ce qui serait problématique. Car, l’homme a besoin de l’histoire pour se construire ; l’histoire est sur quoi et à partir de quoi il va construire son identité. Il y aurait donc à travers la subjectivité une menace pour les hommes. D’ou la nécessité d’un corps de métier spécialisé, qui œuvrerait dans une stricte neutralité, et qui relaterait les faits tels qu’ils se sont réellement passés.  

     En quoi l’historien serait le plus approprié pour être le porteur de l’histoire ; n’est il pas seulement son scripteur ? N’existe t-il pas d’autres hommes qui soient, eux aussi, en mesure de relater l’histoire ? Enfin, l’histoire n’est elle pas l’affaire de chacun d’entre nous, l’affaire de tous les hommes ?

                 

I)

    A première vue, l’historien, qui fait de l’histoire son métier serait le plus à même de l’étudier et de travailler dessus. Ceci trouve son explication dans plusieurs éléments : tout d’abord, la neutralité. En effet, l’historien pose, sur l’histoire, un regard neutre. Il se met à distance des faits qu’il étudie. Son jugement est purement objectif. Ici, l’histoire serait l’affaire des historiens au sens ou ceux-ci possèderaient les compétences nécessaires pour la comprendre et l’analyser. Par cette capacité, l’historien se différencie de l’homme en général, qui ne saurait analyser l’histoire que dans le prisme de sa culture et, par conséquent, de sa personnalité, et donc de façon purement subjective.

    Dans Race et histoire, Levis Strauss explique que la culture est un ensemble de comportement dans lesquels chacun des éléments éclaire et permet la structuration d’autres éléments. Or, l’histoire est un élément essentiel de la culture. L’histoire est à l’origine de toute culture puisque c’est à travers l’histoire que cette dernière prend forme. Pour Levis Strauss, le travail d’ethnologue est très complexe. Il suppose tout d’abord la mise à distance avec son propre monde et consiste en l’acceptation première de l’incompréhension. Puis, peu à peu, ce dernier peut s’adapter, s’initier à la nouvelle culture qu’il tente d’approcher. Or, pour Levis Strauss, l’ethnocentrisme de l’homme le conduit au refus de l’acceptation de l’autre. Face à l’incompréhension, le premier reflexe de l’homme est de déduire que le comportement de l’autre est celui d’un barbare. Il y a chez l’homme un sentiment de dégout face à un comportement que l’on estime absurde. Pour Levis Strauss, «  le barbare c’est d’abord celui qui croit à la barbarie ». Nous pouvons ici faire un parallèle entre le métier d’historien et d’ethnologue. Si l’homme se détourne de ce qu’il lui est inconnu -ici l’histoire- et la rejette, l’historien lui, de même que l’ethnologue ne pose pas de jugement sur le passé. Son récit est neutre. Il  se contente de narrer les faits tels qu’ils se sont déroulés en cherchant le plus grand nombre d’informations pour enrichir l’histoire et la placer dans le temps.

     Si l’histoire est l’affaire des historiens parce que ceux-ci sont objectifs, elle l’est aussi dans l’exhaustivité et la richesse de ses connaissances. En effet, à la différence de l’homme qui ne connait le passé que de son point de vu personnel, l’historien à une vue d’ensemble sur l’histoire. Ce point de vue lui permet donc de tout relater, ne rien occulter des événements qui ont précédés les hommes. L’étymologie du mots appui cette idée. En effet, l’historien est « celui qui cherche », donc celui qui a et qui se forge au fil du temps et des années une connaissance. Cette connaissance permet à l’historien de pouvoir apporter des explications, sans ajouter de jugement.

    Ainsi, ce corps de métier semble être un idéal pour aborder l’histoire. Il permet, comme nous l’avons vu à la fois de la raconter dans sa globalité, mais aussi et surtout de façon neutre, sans le moindre jugement. Pourtant, si l’histoire est l’affaire des historiens au sens ou ceux-ci posséderaient les compétences pour l’exploiter, n’est t elle pas l’affaire d’autres hommes quand il s’agit de la vivre, d’y participer, de créer les conditions mêmes de son existence ? En effet, les historiens ne participent pas à l’histoire, ils ne la construisent que par leurs écrits, et non pas par leurs actes comme le font les grands hommes.  

II)

          Si nous nous penchons davantage sur l’’expression « être l’affaire de »  nous pouvons être amené à considérer le sujet d’une autre manière. Associons cette expression au verbe « concerner ». Se demander si l’histoire est l’affaire des historiens semblerait, de ce point de vue là, assez « simpliste ». En effet, les historiens n’apparaissent, dans ce cadre là, que comme les scripteurs de l’histoire, et nous pouvons alors nous demander si l’histoire, n’est l’affaire que des historiens ?

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