L'année terrible 1870 - 1871
Cours : L'année terrible 1870 - 1871. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Elias DRV • 3 Novembre 2022 • Cours • 6 400 Mots (26 Pages) • 209 Vues
« L’ANNÉE TERRIBLE »
Introduction : le temps des sphinx.
«Année terrible », expression de Hugo désignant une année, de l’été 1870 au printemps 1871 : Guerre contre la Prusse, chute de l’Empire, proclamation de la République, siège de Paris, défaite de La France, Commune, Semaine Sanglante (voir manuels).
Paris au centre de cette séquence intense, culminant avec la Commune de Paris, singulière révolution, si singulière que Marx, dès Juin 1871, qualifie la Commune de « Sphinx qui met l’entendement bourgeois à rude épreuve ». La métaphore du sphinx est aussi mobilisée par Gustave Doré en 1870 pour illustrer la guerre Franco prussienne, dont la défaite lui semble une « énigme ».
Or, Le « sphinx » est une métaphore courante, au premier XIXe siècle, utilisée pour sonder la modernité fascinante qui se déploie en ce temps-là. Le peuple, le suffrage universel, les chemins de fer, Napoléon III, ont été comparés à ce monstre mythologique, qui nous barre la route et nous pose une énigme qu’il faut impérativement résoudre – ou mourir. Le sphinx c’est la conscience des énigmes impératives de la modernité.
De fait, « l’année Terrible » parisienne pose plusieurs énigmes :
- le Paris ouvert de la « fête impériale » devient une forteresse inexpugnable, une « Sparte moderne » et résiste à l’envahisseur.
- la Commune, révolution impromptue dans un Paris Haussmannien qui semblait avoir éradiqué la révolution. République Sociale à l’égale de 1792, mais où, pour la première fois Paris fait sécession.
- ce qui rend encore plus étonnant le dernier acte. L’incendie d’un Paris approprié par les communards eux-mêmes.
Plusieurs fils à tirer pour se confronter au Sphinx
- Paris champ de bataille : celui-là n’est pas métaphorique comme les chantiers Haussmanniens….Les Parisiens en armes, organisés en Garde nationale (cf V. Robert), réactivent la « culture des armes » du Citoyen-Combattant.
- La prodigieuse mémoire révolutionnaire des Parisiens, le « rejeu » de 1792, 1830, 1848. Comment la mémoire vive des révolutions du siècle entre en résonance, une dernière fois, avec la poésie de Paris ? le Paris des écrivains s’accorde-t-il à celui des insurgés ?
- La géographie sensible, la carte mentale, le Paris vécu des communards. La Commune est-elle une reconquête de la ville par elle-même ? Comment les fédérés subvertissent-ils l’ordre Haussmannien ?
I – Le siège prussien
- La première forteresse du monde
Les détails de la guerre ne seront pas décrits ici. 2 septembre, N III capitule à Sedan.
Révolution du 4 septembre : la république est proclamée à Paris, sans combats de rue. L’Empire s’effondre. Personne ne le défend.
=> Le Paris Haussmannien, le Paris impérial est soudainement devenu une ville fantôme.
Pour la première fois, la province n’attend pas et proclame simultanément la république, parfois même quelques heures avant la capitale.
Le 19 septembre, Paris est encerclé par les Allemands
Le gouvernement de « défense nationale », à Tours, réactive « la patrie en danger », Valmy, 1792, l’appel aux volontaires.
Appel entendu à Paris : le peuple en armes devient une réalité par la Garde nationale.
Fin septembre : 340 000 parisiens sont sous les armes, organisés à l’échelle du quartier, pour les compagnies, et légions d’arrondissement. La Garde nationale est une milice citoyenne, une armée irrégulière, qui élit ses officiers !!
=> Mobilisation populaire et patriotique : défendre sa ville et les siens. Rejeu du citoyen- combattant, celui de 1789, 1792, 1830, 1848, qui exerce sa part de souveraineté un fusil à la main.
Noter cependant que certains ont fui la capitale, notamment dans les quartiers de l’Ouest, à l’approche des allemands : « les francs-fileurs ». 50 000 à 100 000 personnes.
A la Garde nationale, s’ajoute l’armée régulière, encore flétrie des défaites impériales : Plus de 150 000 soldats commandés par le général Trochu : en tout, 500 000 hommes dotés de l’équipement le plus moderne, et avec des vivres
Paris, protégé par l’enceinte d’Adolphe Thiers édifiée en 1841. Titanesque : 40 km de long (à l’emplacement de l’actuel périphérique), précédé d’un fossé de 5 m de large, 10 m de haut, 3 m de large ; jalonné de 93 bastions et protégé par 14 forts avancés. 2600 canons.
=> Paris est peut-être alors la plus impressionnante ville forteresse de l’histoire de l’humanité ( sans équivalents non plus après). Ville mythique et forteresse titanesque ! Pour la première fois, dans une guerre industrielle, un tel tissu urbain sera le champ de bataille (Crimée, Sécession, Italie : pas vraiment)
B –Paris assiégé, Paris bombardé
* stratégies divergentes
Les Allemands n’envisagent jamais d’investir Paris, et de se risquer à une guerre des rues, en admettant qu’ils franchissent les remparts. Briser la résistance parisienne en affament et bombardant la ville.
A paris les autorités militaires se distinguent par leur attentisme, sous les ordres du général Trochu. Attendre qu’une armée de secours brise le blocus. La GN, constatant la supériorité numérique, et animée par la mémoire vive de la « Patrie en danger » réactivée par le gouvernement de la défense nationale exige une sortie « torrentielle », balayant l’ennemi.
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