Guerres invisibles, Nos prochains défis géopolitiques Thomas Gomart
Résumé : Guerres invisibles, Nos prochains défis géopolitiques Thomas Gomart. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Emile2907 • 23 Mai 2022 • Résumé • 6 952 Mots (28 Pages) • 502 Vues
Guerres Invisibles
Nos prochains défis géopolitiques
Thomas GOMART
Sommaire
Introduction
Le visible
Conflit
Environnement
Commerce
Inégalités
L’invisible
Numériser
Innover
Dissimuler
Contrôler
Epilogue
La France en quête d’une grande stratégie
Introduction
La mondialisation est marquée par la mise en concurrences des modèles de gouvernements, de consommation et de comportements et semble prendre une tournure cognitive, avec pour finalité principale le contrôle des cerveaux. Ainsi ces rivalités stratégiques se jouent sur deux théâtres principaux : les activités économiques et les mutations politiques et sociales. L’Europe semble avoir du mal à saisir les affrontements invisibles en cours susceptibles d’affecter son rang international. Le court-circuit durable provoqué par la pandémie de Covid-19 semble avoir catalysé les tensions latentes, potentiellement explosives, notamment en modifiant les équilibres entre Asie et Occident.
La Covid-19 a opéré un renversement des perspectives : la question de l’inoculation des valeurs universelles en Orient semble moins se poser que celles des valeurs asiatiques en Occident, notamment grâce à l’efficacité de ces dernières dans la lutte contre la pandémie, face au dogme absolu des droits individuels, au détriment du fondement de l’organisation sociale : la famille. D’autres part, en créant des opportunités stratégiques, la pandémie renvoie à des dynamiques de civilisation, accélère la désoccidentalisation des relations internationales et met en lumière les différences de conception de la mondialisation. Il n’existe, en raison de la confrontation sino-américaine, plus aucune autorité morale capable d’imposer son un ordre.
Les trois constats qui traversent ce livre sont : le cadre de tout effort d’anticipation que fournissent les contraintes environnementales ; la quête de contrôle des nœuds névralgiques de l’emboitement complexe de souverainetés et de juridictions sur lequel le système international repose ; et le fait que l’enchâssement de la rivalité sino-américaine dans la dégradation environnementale et la propagation technologique ne fige pas ce système international. Cet essai conjugue les approches géopolitique et géoéconomique pour tenter d’éclairer les effets de la « main invisible » sur la compétition des puissances, et rappelle la nécessité de penser une grande stratégie :
« Il n’existe ni fortune, ni virtù sans lucidité. »
Le visible
Conflits
Causes et conséquences de l’affrontement sino-américain
La compétition stratégique actuelles ne se conçoit pas seulement à travers un affrontement militaire central mais se joue davantage sur ses marges. La Chine et les Etats-Unis risquent de tomber dans le piège de Thucydide, c’est-à-dire un casus belli provoqué par la peur qui existe entre une puissance émergente et une puissance dominante, ce qui ouvrirait des espaces à d’éventuels perturbateurs.
La « grande stratégie » peut se définir comme la mise en cohérence, sur le long terme, de politiques économiques, des actions diplomatiques et des efforts militaires pour exister sur la scène internationale. La grande stratégie des Etats-Unis consiste à maintenir une supériorité militaire incontestable, à stimuler le libre-échange et à promouvoir la conception de la démocratie ; là où celle de la Chine consiste à renforcer le PCC, à dominer militairement ses voisins et à modifier l’équilibre avec les Etats-Unis. En simplifiant, les Etats-Unis maintiennent une supériorité de moyens qui doit leur permettre d’emporter la décision à l’issue de tout choc frontal, lorsque la Chine cherche à soumettre l’ennemi sans le combattre directement, en tirant avantage des opportunités offertes par la situation (cf. Antoine de Jomini et Carl Von Clausewitz vs Sun Tzu).
La modification des modalités de la guerre conventionnelle, le flou créé entre la paix et la guerre interroge sur l’aspect contemporain de la grande guerre. L’importance que les Etats-Unis accordent aux alliances militaires est uns des grandes différences stratégiques, à laquelle Xi Jinping tente de répondre en créant un « rêve chinois ». La finalité chinoise serait de parvenir à une parité stratégique sino-américaine et d’éroder leur influence globale, afin d’instaurer un nouvel ordre international. Au « pivot » américain vers l’Asie, la Chine a répondu avec sa B&R, un projet géoéconomique basé sur la connectivité en réponse à des ambition géopolitiques reposant sur une alliance avec l’Inde. La manière dont les Etats-Unis comptent utiliser l’OTAN dans cette confrontation constitue un non-dit lourd de conséquences pour les Européens.
Cycles stratégiques
La confiance dans leur supériorité technique s’est révélée une sorte de superstition pour les puissances occidentales dans leur réponse au terrorisme. L’asymétrie et l’aspect irrégulier de ces conflits illustrent les difficultés occidentales de dominer durablement des groupes insurgés mobiles évitant le combat frontal, et de se faire accepter des populations locales. Ces échecs stratégiques s’expliquent par l’incapacité des gouvernements à s’adapter à des contextes particuliers renforcés par les flux de la mondialisation, qui devraient être mesurée sur leur efficacité politique – la perception des actions menées – leur efficacité stratégique – l’amélioration ou la dégradation de la situation d’ensemble – et l’efficacité militaire – les succès tactiques permettant d’accéder aux objectifs politiques et géopolitiques perpétuellement renouvelés –.
On assite aujourd’hui à l’entremêlement de ce cycle de l’antiterrorisme occidental et de celui de rivalités régionales accrues. Ainsi la Russie, la Turquie, l’Arabie Saoudite, l’Iran ou l’Inde poursuivent des politiques de puissance au-delà de leur environnement régional et cherchent à modifier les équilibres régionaux en leur faveur, exploitant le désengagement et les échecs américains.
Conclusion
Les conflits ont désormais tendances à s’éterniser, et à s’éloigner de leurs raisons initiales, et sont caractérisés par l’incapacité des acteurs à aboutir à une claire victoire ; ce qui interroge sur l’utilité de l’emploi de la force armée.
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