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Disours D'André Malraux Lors Des Obsèques De Jean Moulin Au Panthéon

Analyse sectorielle : Disours D'André Malraux Lors Des Obsèques De Jean Moulin Au Panthéon. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Mai 2015  •  Analyse sectorielle  •  639 Mots (3 Pages)  •  884 Vues

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Après vingt ans, la Résistance est devenue un monde de limbes où la légende se mêle à l'organisation. Le sentiment profond, organique, millénaire, qui a pris depuis son accent légendaire, voici comment je l'ai rencontré. Dans un village de Corrèze, les Allemands avaient tué des combattants du maquis, et donné ordre au Maire de les faire enterrer en secret, à l'aube. Il est d'usage, dans cette région, que chaque femme assiste aux obsèques de tout mort de son village en se tenant sur la tombe de sa propre famille. Nul ne connaissait ces morts, qui étaient des Alsaciens. Quand ils atteignirent le cimetière, portés par nos paysans sous la garde menaçante des mitraillettes allemandes, la nuit qui se retirait comme la mer laissa paraître les femmes noires de Corrèze, immobiles de haut en bas de la montagne, et attendant en silence, chacune sur la tombe des siens, l'ensevelissement des morts français. Ce sentiment qui appelle la légende, sans lequel la Résistance n'eût jamais existé - et qui nous réunit aujourd'hui - c'est peut-être simplement l'accent invincible de la fraternité.

Comment organiser cette fraternité pour en faire un combat ? On sait ce que Jean Moulin pensait de la Résistance, au moment où il partit pour Londres : "Il serait fou et criminel de ne pas utiliser, en cas d'action alliée sur le continent, ces troupes prêtes aux sacrifices les plus grands, éparses et anarchiques aujourd'hui, mais pouvant constituer demain une armée cohérente de parachutistes déjà en place, connaissant les lieux, ayant choisi leur adversaire et déterminé leur objectif." C'était bien l'opinion du Général de Gaulle. Néanmoins, lorsque, le 1er janvier 1942, Jean Moulin fut parachuté en France, la Résistance n'était encore qu'un désordre de courage : une presse clandestine, une source d'informations, une conspiration pour rassembler ces troupes qui n'existaient pas encore. Or, ces informations étaient destinées à tel ou tel allié, ces troupes se lèveraient lorsque les alliés débarqueraient. Certes, les résistants étaient les combattants fidèles aux Alliés. Mais ils voulaient cesser d'être des Français résistants, et devenir la Résistance française.

C'est pourquoi Jean Moulin est allé à Londres. Pas seulement parce que s'y trouvaient des combattants français (qui eussent pu n'être qu'une légion), pas seulement parce qu'une partie de l'empire avait rallié la France Libre. S'il venait demander au Général de Gaulle de l'argent et des armes, il venait aussi lui demander "une approbation morale, des liaisons fréquentes, rapides et sûres avec lui". Le Général assumait alors le Non du premier jour; le maintien du combat, quel qu'en fut le lieu, quelle qu'en fut la forme; enfin, le destin de la France. La force des appels de juin 40 tenait moins aux "forces immenses qui n'avaient pas encore donné", qu'à : "Il faut que la France soit présente à la victoire. ALors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur". La France, et non telle légion de combattants français. C'était par la France Libre, que les résistants de Bir-Hakeim se conjuguaient, formaient une France combattante restée au combat. Chaque groupe de résistants pouvait se légitimer par l'allié qui l'armait

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