Les Travaux et les Jours
Commentaire de texte : Les Travaux et les Jours. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jojolhistorien • 3 Avril 2016 • Commentaire de texte • 1 614 Mots (7 Pages) • 3 537 Vues
Commentaire de texte
La vie des Grecs au début de de l’époque archaïque : Hésiode, Les Travaux et les Jours, v. 225-269
Hésiode est un aède grec du VIIIème siècle avant notre ère et donc contemporain d’Homère. Il est né, dit-on, à Ascra en Béotie. Ce poète a composé de nombreuses œuvres dont les plus connues sont la Théogonie, dans laquelle il développe la théorie des cinq époques et races de l’histoire humaine. Il déplore à cette occasion son appartenance à la cinquième, celle des hommes de fer, continuellement en guerre et entièrement corrompue. Il est le fondateur de la poésie didactique dans son chant Les Travaux et les Jours, adressé à son frère avec lequel il eut quelques bisbilles et de nombreux procès au cours de sa vie. Hésiode Y donne de nombreux conseils aux paysans, classe sociale majoritaire à l’époque, ainsi que sur la justice. Dans cet extrait, Hésiode décrit des lignes 1 à 10 les conséquences d’une justice équitable et bonne. Ensuite, il brosse le portrait des suites d’une justice partiale aux lignes 10 à 16. Finalement, il interpelle les rois, en leur enjoignant de se montrer justes et sages, même dans leurs conseils les plus secrets pour ne pas s’attirer la foudre de Zeus (lignes 17 à 21).
Comment ce texte nous permet-il d’être renseignés sur la vie quotidienne des Grecs au temps d’Hésiode, les structures de la cité naissante et leur vision des dieux ?
Nous expliciterons d’abord la vie au début de l’époque archaïque avant de nous pencher sur les structures civiques à leurs débuts et enfin, nous verrons le rôle majeur de Zeus dans la vie des Grecs.
Tout d’abord, le poète nous livre ici une description de la vie menée par les Grecs à l’époque archaïque. Nous pouvons voir que s’ils rêvent d’une vie sans remous, celle-ci leur réserve un grand lot de péripéties.
La vie en Grèce, comme dans beaucoup de civilisations antiques, est fondé majoritairement sur la pratique de l’agriculture. Ainsi le héros achéen Ulysse se vante-t-il de savoir labourer des sillons droits, tout roi qu’il est. Aux lignes 6 à 9, Hésiode rappelle tous les bienfaits que peut procurer un territoire bien cultivé. En effet, la terre est primordiale et les habitants en tirent d’importants bénéfices. Ces cultures permettent d’abord de se nourrir : le miel « des abeilles » (ligne 7) permet de remplacer le sucre encore inconnu. Elles permettent également de consacrer des offrandes afin de se concilier les dieux : « le chêne porte, à son sommet des glands », glands qui sont parmi les premiers sacrifices offerts aux dieux par la race d’or des hommes (selon la Théogonie d’Hésiode). Les « brebis laineuses » permettent de se vêtir, relevant ainsi l’individu d’un état d’animal à un statut d’homme.
. De plus, cette richesse, ou tout au moins cette non-pauvreté, permet aux habitants de n’être point obligés de se lancer sur les flots : la mer est redoutée et longtemps l’homme de mer d’extraction paysanne sera perçu comme un exilé loin de sa cité, le pire des châtiments pour un Grec. Enfin, les « fils semblables à leurs pères » qui en sont les conséquences permettent la transmission du patrimoine et la continuité de la lignée.
On voit également dans cet extrait que les Grecs ont un fort souci de se prémunir contre l’iniquité et notamment celle des rois, qui par leur situation juridique de dernier recours avant une imprécation divine. C’est à eux, ainsi qu’aux juges sous leurs ordres que s’adresse Hésiode. Ils ont la responsabilité de rendre des « sentences droites », c’est-à-dire équitables. La formulation « pour l’étranger et pour le citoyen » nous indique que ceux-ci ne sont pas forcément les destinataires de cette justice, qu’il faut rappeler au roi qu’il doit rendre la justice pour lui-même et non pour les autres.
Hésiode nous présente ici ses vœux pieux. Dans la pratique, la vie est au contraire rude.
Mais malheureusement, les guerres sont très courantes. D’après le texte, elles sont un châtiment divin punissant tous les habitants de la cité : « le Cronide fait tomber une immense calamité », sans se soucier de qui est bon et de qui ne l’est pas. Elle apparaît comme un malheur, enlevant de leurs familles les jeunes gens et provoquant leurs peines morales (« la guerre douloureuse », ligne 4).
Ainsi, nous pouvons voir le fort contraste entre un pays où règne la justice et celui où les inégalités sont de mise. Hésiode, dans les passages « méditez sur cette justice » et « renoncez aux sentences torses», respectivement aux lignes 16 et 17, met en avant l’iniquité des rois, magistrats suprêmes de la collectivité. Il insiste également sur la vengeance que Zeus tire de ces mauvaises actions : « la pensée mauvaise est surtout mauvaise pour celui qui l’a conçue », essayant ainsi d’infléchir les pensées retorses et funestes des dirigeants.
Ce texte laisse aussi entr’apercevoir l’organisation grecque aux débuts des temps archaïques : un peuple de paysans menés par un roi tout-puissant.
Les rois des temps archaïques apparaissent ici entièrement vénaux et se préoccupant plus du luxe de leurs demeures que de la droiture de leur conduite. Il est fait allusion à leur train de vie à la ligne 16 (« mangeurs de présents ») : ils sont explicitement accusés de se gaver des richesses que leurs sujets produisent pour eux.
Cette expression peut aussi être interprétée d’une autre façon. Elle peut indiquer que les rois utilisent les dons que font les fidèles aux dieux lors de sacrifices et d’autres cérémonies pour leur propre profit, attirant ainsi le courroux divin non seulement sur eux-mêmes mais également sur le peuple. On voit également à l’emploi de cette phrase que les rois font partie de la classe des prêtres, qu’ils sont les intermédiaires privilégiés des dieux.
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