La prise de Constantinople

Léonard de Chio est un ecclésiastique grec de confession catholique – et ce contrairement à la grande majorité des grecs du XVème siècle qui sont chrétiens orthodoxes – né à Chio, petite île de la mer Egée actuellement à la frontière avec la Turquie qui au XVème siècle faisait partie du territoire de la République de Gênes – sans que l'on connaisse sa date exacte de naissance et mort soit à Chio soit en Italie, en 1482. Selon ses propres mots, il est issu d'une famille modeste et comme indiqué dans notre texte aux lignes 1 et 2 il se tourna rapidement vers l'Ordre dominicain, de son vrai nom l'Ordre des Frères Prêcheurs (Ordo Fratrum Praedicatorum). Pour rappel, l'Ordre dominicain est né en 1215 sous l'impulsion de Saint-Dominique (Domingo Nunez de Guzman), un espagnol né en 1170 et mort en 1221 à Bologne en Italie, afin de combattre l'hérésie d'abord albigeoise puis ensuite car reconnu par l'Eglise comme un ordre luttant contre les hérésies, contre toute forme d'hérésie manichéenne qui souvent doutent de l'Incarnation. Rappelons donc aussi que l'Ordre est un Ordre mendiant tout comme les franciscains par ailleurs, c'est à dire qu'il est proche de la population et qu'il s'en va prêcher auprès de la population, contrairement aux ordres monastiques ou d'autres, comme l'Ordre cistercien, qui ont fait vœu de s'isoler. Il était donc un dominicain, puis il fut fait archevêque latin de Lesbos (comme il est encore une fois indiqué à la ligne 2) et de Mytilène (capitale de l'île de Lesbos), Lesbos étant une autre île de la mer Egée, par le pape Eugène IV. Léonard nous dit aussi toujours à la ligne 2 qu'il est professeur de littérature sacrée : il faut savoir qu'il a suivi en Italie des études de philosophie et de théologie. Leonard de Chio est aujourd'hui célèbre car il fut envoyé à Constantinople en 1452 pour parfaire l'union des Deux-Eglises. C'est ainsi que dans une série de lettres envoyées à Nicolas V, il nous raconte sa vision de la prise de Constantinople par les turcs, prise qui, à cause du siège, dura du 6 avril au 29 mai 1453, recueil de lettres qui nous permet aujourd'hui de mieux comprendre la prise.

L'Empire Byzantin tire son existence de la séparation effective en deux de l'Empire Romain à la mort de Théodose en 395, chacun de ses fils, Honorius et Arcadius recevant soit l'Orient soit l'Occident, bien que l'Empire Romain, excepté sous Constantin, fut depuis Dioclétien et l'instauration de la tétrarchie en 285/286 toujours géré par plusieurs empereurs. C'était une division territoriale à l'époque et non politique, mais l'Empire d'Orient sera le seul qui succèdera à l'Empire Romain en tant que tel à la suite de la déposition de Romulus Augustule en 476. Suite à cela, l'Empire s'héllénisera de plus en plus, le titre d'Imperator devenant Basileus, et ne retrouvera plus jamais ses possessions en Occident. L'Empire Byzantin connut son apogée sous entre les IXème et XIème siècle sous la dynastie des Macédoniens puisque s'étalant de l'actuelle Croatie à l'actuelle Turquie. Toutefois, à partir du Xième siècle, les byzantins doivent faire face à la montée en puissance des turcs, tout d'abord des seljoukides qui commencent à lancer plusieurs raids sur les frontières orientales de l'Empire. C'est à ce moment qu'a lieu un premier scisme avec la papauté, en 1054 donc, mais nous reviendra sur cela plus tard (Iia). Les seljoukides, à cause d'une guere civile dans l'Empire, en profite (appelés à l'aide par un prétendant au trône) pour s'incruster en Asie Mineure encore plus. Petit à petit, et profitant des croisades, l'Empire Byzantin arrive à reprendre des territoires, et à la mort de Manuel Comnène en 1180, il a presque retrouvé son territoire d'antan, sauf l'Anatolie appartenant toujours aux turcs. En 1180 pourtant, Byzance est redevenue une puissance mondiale de premier plan. Cependant, rapidement, l'Empire va une nouvelle fois s'affaiblir pour diverses raisons (instabilitié politique dûe à la régence, coup d'Etat, nouvelle dynastie). Byzance perd la Bulgarie qui devient indépendante tandis que les turcs reprennent du terrain en Antaolie. C'est dans ce contexte chaotique qu'intervient la Quatrième Croisade de 1204, durant laquelle Alexis IV, fils de l'ex-empereur Isaac II, renversé, apporte son soutien aux croisés pour se venger et pour reprendre le trône. Il promet aux croisés de l'argent évidemment. Venise le soutient, mais une fois sur le trône, il faut augmenter les impôts, ce qui le rend impopulaire. Alexis V Dukas prend le rôle de chef de file des révoltés, chasse Alexis IV Ange du trône et décide de chasser les latins de la ville. Mais c'est un échec, et les latins prennent la ville et y fondent un Royaume Latin de Constantiople.

C'est à partir de ce moment que l'Empire va définitivement amorcer sa phase de déclin. C'est, plus que 1054, 1204 qui marque le réel schisme entre les Eglises latines et grecques, entre l'orthodoxie et le catholiscisme, bien que cela fait depuis très longtemps que les deux Eglises sont en désaccord. Vont se fonder trois Etats qui vont succéder à l'Empire : Epire (dirigé par les Doukas), Nicée (par les Lascaris) et Trébizonde (Conmènes). C'est finalement l'Empire de Nicée qui en 1261 réussira à refonder l'Empire Byzantin et c'est un Paléologue qui prendra le pouvoir (il l'a pris à Nicée plus tôt au détriment de la dynastie légitime). Michel VIII va réussir durant son règne à garder les frontières de l'Empire et à ne pas avoir de croisades contre lui (étant partisan d'une union des deux-églises), mais l'Empire n'est plus qu'important à l'échelle régionale. Il a par ailleurs perdu son influence en mer Egée au profit des italiens. Progressivement, et pour aller vite, l'Empire va perdre de plus en plus son influence, de plus en plus de territoires, et va même en 1329 suite à la défaite de Pélékanon face aux ottomans devenir un Empire uniquement européen.

En effet, Byzance doit faire face à une nouvelle menace, une nouvelle fois turque : l'Empire Ottoman. L'on retient officiellement 1299 pour la fondation de l'Empire Ottoman (c'est à dire la prise de la ville de Mocadène à l'Empire Byzantin). Il faut savoir qu'à la base, l'Empire Ottoman est issue d'une tribu, les Kayi, l'une des 24 tribus oghouzes qui avaient conquis l'Anatolie. Les ottomans, du nom d'Osman Ier, le premier

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