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La Conquête Mongole

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Par   •  9 Décembre 2012  •  Cours  •  2 703 Mots (11 Pages)  •  830 Vues

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En 1164 peut-être – les dates ne sont pas sûres – au nord du pays qui deviendra la Mongolie, un homme et un garçon de neuf ans, Temüdjin, séjournent chez un chef de tribu des Qonggirat. Ils sont bien accueillis, et, comme on se plaît, on décide de fiancer le fils du visiteur à la fille de l'hôte et de laisser le garçon en séjour dans la famille de sa future femme. Quand le père part, il dit : « Mon fils a peur des chiens. Ne le laisse pas effrayer par des chiens. » Cet enfant qui craint les molosses va devenir Gengis Khan, le plus grand conquérant de la terre, celui qui vivra, selon le mot du grand orientaliste Paul Pelliot, la plus prodigieuse aventure que le monde ait connue. Pour la découvrir, suivons Jean-Paul Roux, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels une Histoire de l'Empire mongol (Fayard-1995).

Un petit Mongol devenu empereur « océanique »

Temüdjin appartient à ce peuple venu depuis peu de sa Mandchourie ancestrale dans les steppes magnifiques de la Mongolie, au milieu des tribus turques qui depuis plus d'un millénaire en ont fait leur patrie. Turcs et Mongols sont cousins : ils relèvent de la même famille linguistique, celle des altaïques, ont la même religion, celle du Dieu-Ciel, et le chamanisme, mais parlent des langues différentes et n'ont pas atteint le même degré de civilisation. Les Mongols sont des barbares mal dégrossis, analphabètes, qui ne se savent pas encore « Mongols », bien qu'ils aient déjà une certaine conscience nationale et aient tenté au XIIe siècle de se fédérer.

Qui oserait miser sur Temüdjin ? Il n'a que peu d'atouts et les perd d'emblée. Son père est assassiné par les Tatars en quittant les Qonggirat. Sa mère, en charge d'enfants – cinq nés d'elle et deux d'une concubine de son mari – se fait expulser de son clan et doit mener avec eux une existence vagabonde, « se nourrir d'aulx et d'oignons sauvages », « se disputer les poissons » qu'ils pèchent ou les oiseaux qu'ils tirent avec leurs petits arcs. Ils survivent néanmoins, et Temüdjin peu à peu sort de la misère. Il se fait des relations chez les puissants, noue des amitiés fidèles, épouse la petite fille avec laquelle il a été fiancé, car on tient ses engagements chez les Mongols, ce qui lui donne enfin un statut social. Il retrouve son clan, s'y forge une place et finit par en prendre la tête. Il a déjà dépassé la quarantaine, mais les épreuves l'ont formé et l'avenir s'ouvre à lui. Il commence par se venger des Tatars qui ont tué son père, les détruit, dit-on. En réalité il les vassalise et se sert d'eux, car se sont des guerriers redoutables, comme d'avant-garde. Ils en acquerront une renommée durable et leur nom, sous la forme Tartare, finira par désigner tous les peuples turco-mongols qui ne relèveront pas de l'Empire ottoman. En même temps, il noue des liens étroits avec les Öngüt, turcophones chrétiens qui pâturent le long de la Grande Muraille, donnant aux chrétiens une position enviable, et il achève l'unification de la Mongolie. En 1206, une assemblée générale, un quriltaï, le proclame empereur « océanique », c'est-à-dire universel, Tchingis Qaghan, dont nous avons fait Gengis Khan. Un grand projet l'inspire : pour que règne enfin la paix, il ne doit y avoir qu'un seul souverain sur la terre comme il y a un seul Dieu dans le ciel, même s'il y faut le sacrifice d'une génération.

Un immense empire construit en quelques décennies

On a alors l'impression que l'histoire, qui a été si lente, s'accélère. Pourtant, si elle nous paraît rapide, elle ne l'est pas pour ceux qui la font. Tout est pesé, rien n'est laissé au hasard. Les Mongols commencent, en 1207, par s'assurer du sud de la Sibérie, réserve de tribus forestières toujours prêtes à déferler sur les steppes, et des Tangut qui dominent au sud du Gobi. Ils s'attirent le concours des Ouïghours (1209), Turcs qui ont développé la grande civilisation du Xinjiang et leur fourniront leur alphabet et les cadres de leur future administration – et un peu plus tard les mongolophones de Chine, les Khitan. Alors, tranquilles sur leurs frontières, les Mongols commencent la conquête du monde. Quinze ans après le quriltaï de 1206, ils se trouvent au Caucase, sur l'Indus, au sud du Hoang-ho. Au bout de quelque trente ans, ils sont à Ispahan, à Moscou, et, quatre ou cinq ans plus tard, à Cracovie, Budapest, Zagreb, en Anatolie, au Cachemire, au Tibet. Et ce n'est pas la fin. Quand Gengis Khan meurt en 1227, l'impulsion qu'il a donnée est telle que ses successeurs n'ont qu'à poursuivre son œuvre. Il est vrai que les quatre premiers, Ögödeï (1229-1241), Guyuk (1246-1249), Mongka (1251-1259) et Khubilaï (1260-1284) sont comme lui des génies, et que le régent Tului (1227-1229), comme les régentes, qui assurent les intérims, sauf l'une peut-être, ne déméritent pas.

Les conquêtes ne se racontent pas en quelques lignes. Tout au plus peut-on, région par région, donner leurs résultats. Ils laissent pantois. Dès 1207, le sud de la Sibérie est donc soumis. La Mandchourie l'est en 1214-1215. En 1209, avec les Ouïghours, le Turkestan oriental entre dans l'Empire, comme le fera, pacifiquement aussi, le Tibet en 1239.

La campagne de Chine, complétée par celles du Yun-nan (1253), qui n'est pas encore chinois, d'Indochine (1237-1258) et de Birmanie (1277-1278), demande un prodigieux effort : pour progresser dans les forêts et les rizières, les cavaliers doivent se faire fantassins et les Mongols, si j'ose dire, Chinois. Commencée en 1211, elle ne se terminera que soixante-huit ans plus tard, en 1279. On comprend que les Mongols ne puissent pas devenir en même temps Indiens en Indes, Bédouins en Égypte, Francs en Europe, et marins pour conquérir les îles : ils ne réussiront pas à débarquer au Japon en 1243, ni à Java en 1293.

Les opérations en Asie occidentale et en Europe orientale, n'étant pas si lointaines, sont plus vite menées. Après le raid fantastique des deux généraux Djébé et Sübötei qui contournent la Caspienne avec quarante mille hommes et vainquent au passage Iraniens, Géorgiens, Kiptchaks et Russes, le Turkestan occidental, l'Afghanistan, l'Iran sont annexés en 1230-1231 ; les Seldjoukides d'Asie Mineure, vaincus, se reconnaissent vassaux (1243) : ils le resteront jusqu'en 1334, et c'est sous leur loi que les Ottomans commenceront leur carrière (1299). L'Arménie se rallie d'enthousiasme en 1244. L'Irak

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