Sagrada Familia
Dissertations Gratuits : Sagrada Familia. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rpaye • 2 Avril 2014 • 382 Mots (2 Pages) • 806 Vues
Le premier martyr touristique de l'ère chrétienne
La résistance annoncée d'Antonia ne pèsera pas lourd face aux 3 millions de visiteurs que comptabilise la Sagrada Familia chaque année et les millions d'euros qu'elle rapporte en afflux de touristes fascinés, intrigués, impressionnés, épouvantés, fiers de l'avoir vue dans cet état. Elle ne pèsera pas lourd face au projet papal, qui se dessine à bas bruit, de faire de cet édifice unique non plus seulement un lieu touristique mais le fer de lance d'un catholicisme en pleine reconquête.
Si Benoît XVI et les catholiques du monde entier peuvent aujourd'hui en rêver, c'est qu'il s'est passé quelque chose en Espagne en 1975: Franco est mort. La même année, le film d'Antonioni Profession: reporter, tourné en partie au Palacio Güell de Gaudí, fut le signe d'un regain d'intérêt, les prémices d'une reconnaissance. Aux délires de la Movida s'ajoutait la prise de conscience générale en Europe de l'importance du patrimoine architectural. Qu'ils soient industriels, religieux, ruraux, qu'ils soient de béton, de fer ou de bois, qu'ils soient en ruine ou encore mieux inachevés, les édifices jusque-là méprisés par la doxa culturelle ont pris tout à coup une valeur morale, artistique, et puis commerciale. Ainsi, trente ans avant de se voir consacrée basilique, la Sagrada Familia était déjà devenue la sainte protectrice de la Movida. Et Gaudí, le premier martyr touristique de l'ère chrétienne. Le phénomène n'a fait que s'amplifier, aujourd'hui relayé par une sorte de réflexe inverse: un repli sur soi au nom d'une chrétienté menacée par l'islam.
Qui mieux que la Sagrada Familia peut incarner la gloire contrariée du catholicisme européen? A travers les guerres, les grèves, les dictatures et les républiques, les modes et les oublis, son histoire est celle de tous les schismes du vieux monde, de la séparation de l'Eglise et de l'Etat au divorce de Dieu d'avec les arts.
«Je suis allé voir la cathédrale (sic), écrivait George Orwell en 1937, une cathédrale moderne et un des édifices les plus horribles du monde. Quatre aiguilles crénelées en forme de bouteilles de vin du Rhin. A la différence de la plupart des églises de Barcelone, elle n'a pas souffert pendant la révolution. Grâce à sa "valeur artistique", dit-on. Je trouve que les anarchistes ont fait preuve de mauvais goût en ne la foutant pas en l'air quan
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