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Penser la Révolution Française, François Furet

Mémoire : Penser la Révolution Française, François Furet. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Avril 2014  •  1 858 Mots (8 Pages)  •  1 514 Vues

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FICHE DE LECTURE

Penser la Révolution Française, François Furet

Penser la Révolution Française est un ouvrage paru en 1978 aux éditions Gallimard. Son auteur, l'historien François Furet (1927-1997) s'est spécialisé dans l'historiographie de la révolution française après des travaux de recherches sur cette période au CNRS. Avant Penser la Révolution française, il avait rédigé avec Denis Richet La révolution sur le même sujet, paru en 1965.

Son œuvre ne traite pas des évènements de la Révolution en soi, mais constitue un essai d'historiographie mêlant notions philosophiques, critiques à l'égard des historiens et extraits d'analyses d'auteurs dont il apprécie la démarche (Tocqueville et Cochin).

Penser la révolution est considéré comme une rupture avec l'historiographie “traditionnelle” de la Révolution Française, compte tenu du style personnel et de l'approche originale de l'auteur: Furet est un pionner du courant de l'historiographie révolutionnaire dit “libéral”, par opposition à l'école classique dite marxiste ou jacobine qui était dominante lorsqu'il a rédigé son oeuvre. Une étude du contenu de l'essai et la comparaison avec les positions des historiens classiques de la révolution permettront de comprendre son intérêt et pourquoi sa parution a engendré de vifs débats et critiques.

Le plan de l'ouvrage, précisé par l'auteur dans un avertissement, permet au lecteur de comprendre le cheminement de sa réflexion, et illustre par là même l'aspect personnel de la démarche de François Furet.

La première partie de Penser la Révolution Française s'intitule La révolution Française est terminée, et doit présenter au lecteur une “tentative de synthèse” sur la question suivante : Comment penser la révolution française aujourd'hui? La seconde partie, Trois histoires possibles... est elle-même scindée en trois chapitres distincts : dans le premier, il aborde une polémique avec des historiens contemporains de la révolution françaises, dans le second chapitre, il évoque le travail de Alexis de Tocqueville, dans le troisième chapitre, il est question de l'oeuvre d'Augustin Cochin. Il considère ces deux derniers auteurs comme ceux ayant produit le travail le mieux conceptualisé sur la Révolution Française, bien qu'ils soient contradictoires dans ce qu'ils postulent et qu'il les critique.

Dans la révolution française est terminée, François Furet présente un ensemble d'élements qui servent l'idée que la révolution française doit être pensée le plus objectivement possible. Une telle formulation du titre illustre le constat de l'auteur qu'elle ne l'a jamais vraiment été ou trop peu. Ce titre peut donc également être lu comme une sorte d'injonction vis-à-vis des historiens voire du milieu politique; ceux-ci analysent l'objet subjectivement, encore “à chaud” dans la continuité de l'évènement et de ses héritages. Pour François Furet, l'élément nécéssaire à une approche constructive de la révolution est avant tout la distance: émotionelle, historique, politique. Ainsi, sans nier que la Révolution est infinie de conséquences, il prône un nécéssaire “refroidissement” de l'évènement avant toute chose.

Les causes de la subjectivité que l'on peut porter à l'évènement “Révolution française” sont abordées dans le désordre et sans typologie particulière. François Furet admet qu'il est difficile d'analyser un tel événement sans émotion, au vu de ses conséquences sur l'état français actuel et son identité. De cette difficulté découle une tendance à la commémoration plutôt qu'à l'analyse objective chez les auteurs et chercheurs en général. Un investissement personnel des historiens est également favorisé par la dimension politique de l'évènement: ainsi Furet reproche-t-il aux auteurs de voir la révolution à travers les yeux des protagonistes qu'ils défendent. Ainsi, le parallèle entre la révolution bolchévique de 1917 et la révolution de 1789 a beaucoup été basé sur une dynamique commune de ces périodes (renverser un ordre existant au nom d'un idéalisme fondé sur des valeurs humanistes notemment). C'est pourquoi l'historiographie de la révolution serait un monopole des milieux de recherche universitaire de gauche et l'approche traditionnelle de cet événement quasi-systématiquement marxiste.

A ce stade, il est nécéssaire de mentionner le passé politique de l'auteur: anciennement membre du parti communiste français, il estime que les évènements du XXè siècle constituent les preuves indéniables de la fragilité du socialisme et de son inviabilité. De même qu'il ne s'imagine plus militer pour une idéologie qui s'avère meutrière, il ne conçoit pas que l'on puisse continuer à étudier l'Histoire sous l'angle d'une pensée aussi idéaliste et factuellement décevante. Pour Furet donc, il “appartient à la gauche” de revenir sur la révolution française car elle est amenée à se questionner elle même sur l'expérience communiste au Xxème siècle.

François Furet reproche donc aux historiens classiques de la révolutions française (il cite Jules Michelet, Georges Lefebvre) de faire du concept de révolution bourgeoise le principal trait de cet événement, étudié sous l'angle des classes sociales et principalement des protagonistes du tiers état.

Selon Furet, une telle analyse pose plusieurs problèmes: déjà, la révolution est abordée comme une nécéssité, un rupture conduite par le peuple opprimé par la monarchie: en cela, elle est vue comme une rupture du temps, un nouveau commencement inévitable. Ensuite, ce point de vue classique favorise une analyse manichéenne qui opposerait la “noblesse égoïste” et une “monarchie stupide” à une bourgeoisie frustrée et au reste de la population. Seulement, Furet rejoint Toqueville dans l'idée que la Révolution a connu des prémisses sous l'Ancien Régime.

Enfin, un biais inévitable selon Furet repose sur la conscience des acteurs de la révolution française de ce qu'ils entreprenaient: conscience que le travail des historiens ne parvient pas à objectiviser.

Certe, l'analyse des conscience permet de comprendre les enjeux de l'évènement, mais un manque de recul sur celles-ci transforme la révolution en un univers moral. En effet, les protagonistes se

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